Ramzan Kadyrov démissionne ? Le dirigeant tchétchène et bras droit de Poutine: «je suis prêt à me retirer avant qu’ils ne me virent»

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(Rome, Paris, 03 septembre 2022). Dans une vidéo publiée sur Telegram, l’homme à la tête de la République russe de Tchétchénie avoue vouloir faire une pause «indéfinie et longue» dans ses fonctions

Le protagoniste incontesté de l’histoire politique de la Tchétchénie depuis plus de 15 ans, le dirigeant Ramzan Kadyrov, s’est dit prêt à prendre une pause « longue et indéfinie » dans ses fonctions. Dans une vidéo postée sur Telegram, Kadyrov, 45 ans, fidèle soldat de Vladimir Poutine, a déclaré avoir « réalisé qu’il était resté longtemps assis» à son poste de pouvoir, et que maintenant « le moment est venu » pour partir. Des déclarations tout à fait inattendues et relayées par les principaux médias internationaux, à commencer par l’agence russe «Tass», selon lesquelles Kadyrov réfléchirait à sa démission. « Aujourd’hui, j’ai découvert que j’étais en fait le chef en exercice le plus ancien au sein de la Fédération de Russie ». Je dirige la république depuis 15 ans, a-t-il dit dans sa déclaration vidéo. Je pense que mon heure est venue avant que d’autres ne me mettent dehors. Enfin, une demande : « J’espère que vous me soutiendrez et me comprendrez », comme rapporté par le quotidien italien «Il Messaggero».

La nouvelle a également eu une large couverture par les agences ukrainiennes : le site UNIAN a écrit que le dirigeant tchétchène est prêt pour des « vacances indéfinies et longues », tandis que parmi les médias occidentaux, le Guardian s’est demandé si ce qui prononcé dans la vidéo correspondait à la vérité, ou qu’il s’agissait d’une éventuelle démarche ou d’une demande politique du dirigeant tchétchène.

La carrière de Kadyrov

« Promu » en 2007 par le Tsar Poutine à la tête de la République autonome tchétchène, de Russie, la carrière politique de Kadyrov a été fortement critiquée par la communauté internationale et les organisations humanitaires, qui ne lui ont pas pardonné son attitude antidémocratique, ses violations des droits de l’Homme, mais aussi le recours fréquent aux arrestations illégales et, ces dernières années, les accusations de persécution contre la communauté LGBT. Ces actes ont été commis par la célèbre « kadyrovtsy », la milice paramilitaire opérant à ses côtés. Surnommé « le boucher de Grozny », Kadyrov est également lié (selon le journal Novaya Gazeta) à l’affaire de l’assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, qui avait concentré l’essentiel de son travail sur la Tchétchénie, déchirée ces années-là par les massacres des séparatistes d’une part, et les violations chroniques des droits de l’Homme de l’autre. Ces derniers mois, enfin, sa participation active au conflit de guerre en Ukraine a suscité l’inquiétude, évidemment aux côtés de son puissant protecteur, le chef du Kremlin, et notamment ses actions sur le terrain comme le siège de Kiev, les raids contre l’usine chimique Azovstal, l’aciérie de Marioupol, la ville martyre occupée par les Russes après des semaines d’offensive.

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Ces exploits de guerre ne sont nullement exempts de critiques de la part de la presse occidentale, qui a redouté à plusieurs reprises le risque de nouveaux massacres ou cruautés comme ceux commis dans son pays contre la population à majorité musulmane ou contre des activistes et des journalistes gênants.