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Macron et Poutine, les retrouvailles au téléphone: ce qu’ils se sont dit ce vendredi

(Rome, 19 août 2022). Leur dernier entretien téléphonique remontait au 28 mai.

Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ne s’étaient plus parlé depuis le 28 mai. Les présidents russe et français ont eu un entretien téléphonique ce vendredi 19 août dans l’après-midi. Auparavant, le locataire de l’Elysée avait eu des échanges avec Vladimir Poutine début mai, début mars et à cinq reprises en février en pleine montée des tensions jusqu’à l’offensive du Kremlin en Ukraine, le 24 février. Il s’était aussi rendu en personne à Moscou, le 7 février, pour rencontrer Vladimir Poutine. De multiples contacts qui lui avaient valu des critiques, certains lui reprochant d’avoir maintenu des échanges réguliers avec le chef du Kremlin sans parvenir à empêcher le lancement d’une offensive contre l’Ukraine. Que se sont-ils dit et qu’ont-ils convenu, durant leur échange de ce vendredi ?

Poutine accepte une mission internationale à la centrale nucléaire de Zaporijia

Première avancée, Vladimir Poutine a accepté qu’une mission de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia, sous contrôle russe dans le sud de l’Ukraine et cible de bombardements récurrents, passe par l’Ukraine et non la Russie, a annoncé l’Elysée. Le président Poutine a accepté de « revoir l’exigence » initiale de Moscou qu’une telle mission passe par la Russie, a indiqué la présidence française. « Il a accepté qu’elle (s’y) rende dans le respect de la souveraineté ukrainienne et donc en passant par l’Ukraine sous contrôle gouvernemental », a ajouté l’Elysée, en soulignant que c’était une exigence de Kiev comme de Paris.

« C’est tout à fait nécessaire, légitime, indispensable pour des raisons de souveraineté ukrainienne », a martelé la présidence française. « Il est hors de question qu’à travers le fait accompli de l’occupation russe d’un certain nombre de territoires ukrainiens (…) la communauté internationale ou l’AIEA apportent la moindre forme de légitimité à cette occupation en passant par la Russie », a insisté un conseiller du président Macron.

Les présidents russe et français ont appelé, à l’issue de cet entretien, à organiser « dans les plus brefs délais » une inspection de la centrale de Zaporijia par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin d’évaluer la situation sur place. Occupée depuis début mars, cette centrale est la cible depuis fin juillet de bombardements dont Moscou et Kiev s’accusent mutuellement.

L’envoi d’experts de l’AIEA va nécessiter aussi un « cessez-le-feu », « au moins le temps de la mission », a relevé l’Elysée. Un diplomate a néanmoins déclaré le même jour à l’AFP que les Occidentaux s’inquiétaient surtout du maintien du refroidissement par eau des réacteurs nucléaires, plus que de l’impact d’un tir sur cette centrale « construite pour résister » aux pires impacts, « même au crash d’un avion de ligne ».

Poutine craint une « catastrophe d’envergure » à la centrale de Zaporijia

Lors de cet entretien, Vladimir Poutine a en outre « souligné que le bombardement systématique (…) du territoire de la centrale nucléaire de Zaporijia crée un danger de catastrophe de grande envergure qui pourrait conduire à la contamination radioactive de vastes territoires », d’après le Kremlin.

De son côté, Emmanuel Macron a dit « une nouvelle fois sa préoccupation face aux risques que fait peser la situation à la centrale de Zaporijia pour la sûreté et la sécurité nucléaire », a indiqué l’Elysée.

Macron ne voit aucun « obstacle » aux exportations agricoles russes

Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont aussi discuté d’un accord signé à Istanbul le mois dernier pour débloquer les exportations de céréales ukrainiennes.

Moscou réclame en échange la levée des restrictions sur ses exportations de produits agricoles et d’engrais, touchées par les sanctions occidentales visant la Russie depuis le lancement de son offensive contre l’Ukraine, et déplore « les obstacles qui demeurent » – pour reprendre les termes qu’a utilisés Vladimir Poutine vendredi – dans ce domaine.

Des allégations que la France a d’ailleurs aussitôt rejetées, jugeant qu’il y a de la part de Moscou « une volonté d’instrumentaliser politiquement cette question ». « De notre point de vue, il n’y a aucun obstacle juridique lié aux sanctions (occidentales contre la Russie, NDLR), aucun obstacle opérationnel à l’exportation du grain russe », a déclaré la présidence française à l’issue de l’entretien entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine.

(L’Express)

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