Frontières maritimes entre le Liban et Israël. La médiation américaine et l’opposition du Hezbollah

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(Paris, 04 août 2022). Le Liban et Israël négocient sur les frontières maritimes grâce à la médiation des États-Unis. Mais à Beyrouth, le Hezbollah a tout intérêt à éviter l’accord et à continuer d’insister sur sa position agressive

Les discussions entre Israël et le Liban sur les différends maritimes risquent d’aboutir à un état de tension en raison de l’opposition que le Hezbollah, un groupe politique armé chiite, est en train de créer au sein du gouvernement de Beyrouth. Un comportement qui marque, comme depuis des décennies, les ambiguïtés du Pays du Cèdre, comme rapporté par Emanuele Rossi dans les colonnes du quotidien italien «Formiche».

Si, d’un côté, les responsables israéliens, libanais et de l’administration Biden restent optimistes après les pourparlers de cette semaine sur la possibilité de parvenir à un accord sur le différend sur les frontières maritimes entre Israël et le Liban, de l’autre, il existe une puissance qui bloque et conduit le pays vers un affrontement avec l’État hébreu (motivé par des intérêts internes et des liens avec les Pasdaran).

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Le différend porte sur une zone d’un peu moins de 500 kilomètres carrés à l’est de la Méditerranée. La zone est potentiellement riche en gaz et ferait partie d’un projet israélien qui devrait entrer en service à l’automne et pourrait résoudre certains des problèmes du Liban. Mais le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a menacé de déclencher la guerre si les droits du Liban ne sont pas préservés, ce pays qui n’a jamais été pacifiée depuis 2006.

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L’émissaire américain pour les questions énergétiques, Amos Hochstein, est chargé des médiations. Il s’est rendu à Beyrouth en début de semaine pour rencontrer les dirigeants libanais : il s’est entretenu avec le président, Michel Aoun, le premier ministre, Najib Mikati, et le président du parlement, Nabih Berri, et d’autres responsables – il ne verra guère d’émissaires directs du parti de Dieu, du moins officiellement, étant donné que l’organisation est considérée comme un groupe terroriste par Washington.

Les trois dirigeants libanais ont pour l’heure rejeté la demande d’Israël d’obtenir l’un des champs gaziers potentiels dans la zone contestée en échange d’un compromis sur un autre champ gazier potentiel. Aoun, Mikati et Berri ont également rejeté la proposition de partager les revenus potentiels avec Israël ou d’organiser un effort conjoint visant à produire du gaz dans une partie de la zone contestée, arguant que cela équivaudrait à une normalisation (des relations, ndlr) avec l’État hébreu.

Dans ce cadre, Hochstein joue le rôle de médiateur, après avoir rencontré le Premier ministre israélien par intérim, Yair Lapid, et son équipe de négociation. L’aspect positif, est que certaines lectures optimistes de la situation sont venues d’hommes proches de Nabih Berri, qui interprètent les positions chiites dont le Hezbollah fait partie depuis des années. Le Liban parviendra-t-il à sortir du schéma qui le voit victime, depuis des années, d’un système politique qui ravage le pays (également en raison de positions idéologiques souvent utilisées pour défendre les intérêts de certains partis et personnalités) ?