L’OTAN met en garde Moscou et envoie de nouvelles armes à Kiev

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(Paris, 16 juin 2022). « Nous sommes prêts pour un long conflit, nous sommes prêts à continuer à apporter un soutien substantiel sans précédent à Kiev ». Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a laissé entendre que la guerre en Ukraine sera encore assez longue, mais aussi que le bloc occidental est prêt à soutenir Volodymyr Zelensky jusqu’à la fin des hostilités, comme le rapporte Federico Giuliani dans le quotidien italien «Il Giornale/Inside Over».

 Le « soutien sans précédent » évoqué par l’Alliance atlantique est contenu, en premier lieu, dans les 5,6 milliards de dollars que les Etats-Unis ont jusqu’à présent versés au gouvernement ukrainien. A cette somme, il faudra encore ajouter 40 milliards de dollars prévus par une loi ad hoc votée par le Congrès américain. Dans le dernier paquet d’aide made in USA, comme l’a expliqué Joe Biden à Zelensky, on trouve des systèmes de défense côtière, des batteries de missiles, de l’artillerie lourde et des munitions. Le tout emballé et expédié dans la plus grande urgence en direction de l’Ukraine, où les combats dans le Donbass, le quadrant oriental du pays, se font de plus en plus violents.

Malgré les efforts massifs de l’Occident, Kiev continue de réclamer davantage d’armes. Ces derniers jours, le chef adjoint du renseignement militaire ukrainien, Vadym Skibitsky, avait lancé une alerte péremptoire : « L’Ukraine dispose d’une pièce d’artillerie contre les 10-15 pièces que possède l’artillerie russe. Nos partenaires occidentaux nous ont fourni environ 10 % de ce qu’ils possèdent. Nous avons presque épuisé toutes nos munitions et utilisons maintenant des munitions standard OTAN de calibre 155 ». En bref, les Ukrainiens ont besoin encore plus d’armes.

Les revendications de Kiev, le soutien de l’Occident

Le ministère ukrainien de la Défense a en revanche précisé qu’une soixantaine de MLRS, systèmes de roquettes à lancement multiple, seraient nécessaires, et que ceux reçus, « une poignée », ne suffisent pas à contrecarrer l’avancée russe dans le Donbass. Ensuite, il y a ceux qui, comme le conseiller de Zelensky, Mykhaylo Podoliak, ont dressé une liste de souhaits : 1.000 canons Howitzers, calibre 155 mm ; 300 MLRS ; 500 chars ; 2.000 véhicules blindés ; 1.000 drones, le tout mis noir sur blanc sur Twitter et jugé excessif par le bloc occidental.

Les États-Unis et le Royaume-Uni continuent d’envoyer des armes, et Stoltenberg a également expliqué que « tous les alliés envoient les moyens militaires nécessaires, y compris des missiles à longue portée ». Parlant du secrétaire de l’Alliance atlantique, Stoltenberg a déclaré que « l’OTAN est prête à apporter un soutien substantiel et précieux à l’Ukraine ». « Nous sommes préparés pour le long terme. Nous saluons le message du président Biden, qui a déclaré vouloir accroître le soutien apporté à l’Ukraine », a-t-il ajouté. Entrant dans les détails, comme l’a expliqué le secrétaire américain à la Défense Lloyd J. Austin, l’Allemagne enverra trois systèmes de lance-roquettes multiples à Kiev, la Slovaquie enverra des hélicoptères tandis que la Hollande, la Pologne et le Canada enverront des pièces d’artillerie.

« Le prochain rendez-vous à Madrid sera « transformateur », un moment crucial pour notre sécurité. Nous prendrons des décisions importantes sur la manière d’accroître notre dissuasion et notre défense dans un monde de plus en plus dangereux. Nous sommes d’accord sur un nouveau paquet de soutien à l’Ukraine et sur la manière de moderniser davantage notre Alliance, à travers l’accord sur des concepts stratégiques, reflétant la nouvelle réalité de la sécurité mondiale et incluant tous les États alliés », a conclu M. Stoltenberg.

Les prochaines étapes

Mais à quoi servent toutes ces armes ? Dans les intentions de l’Occident, les approvisionnements militaires devraient permettre à Kiev de renverser le cours de la guerre, d’arrêter les assauts russes et, si possible, de regagner certains des territoires perdus. Plus précisément, le bloc occidental croit toujours que l’Ukraine peut, sinon gagner la guerre, du moins forcer Moscou à remporter une victoire considérablement réduite, presque dérisoire.

A cet égard, les propos d’Emmanuel Macron sont emblématiques : « A un certain moment, quand on aura atteint le maximum d’aide, quand l’Ukraine aura gagné et, surtout, quand il y aura un cessez-le-feu, il faudra négocier ». Le président ukrainien devra négocier avec la Russie et nous, Européens, serons autour de cette table ». En d’autres termes, les armes sont utilisées pour permettre à l’Ukraine de négocier (le moment venu) à partir d’une position privilégiée.

A lire. Emmanuel Macron : «On veut construire la paix, à un moment donné il faudra négocier». (Vidéo)

Dans le même temps, les médias américains soulignent que la guerre est dans une impasse. Le New York Times résume la situation en cinq phrases : « Les Russes manquent d’armes de précision, les Ukrainiens sont à court de munitions de l’ère soviétique, le monde est à court de patience et l’administration Biden est à court d’idées sur la façon de gérer la guerre. Dans tout cela, la Chine regarde ». Bloomberg, quant à lui, a écrit que les États-Unis seraient en train de se rendre compte que les sanctions contre la Russie sont un boomerang qui nuit également à l’Occident. En attendant, l’hypothèse de l’OTAN pourrait se résumer ainsi : plus la guerre durera, plus la Russie en sortira, dans tous les cas et quelle qu’en soit l’issue, affaiblie. Une course à la dévastation, celle-ci, qui pourrait toutefois s’avérer être un pari très dangereux.