Incendie dans le principal centre aérospatial russe

0
618

(Paris, 21 mai 2022). Nouvel incendie déclaré dans l’une des installations les plus importantes dédiées à la sécurité et aux programmes aérospatiaux à Moscou

Un incendie a touché un secteur de la zone aéroportuaire de Joukovski, au sud de Moscou, pendant plusieurs heures. Il ne s’agit pas d’une zone secondaire, tant du point de vue de la sécurité que du point de vue industriel : à l’intérieur se trouve, en effet, le principal centre aérospatial russe. Une structure délicate, donc, d’où naissent certains des projets les plus importants du programme spatial russe, une branche à laquelle la présidence Poutine s’intéresse particulièrement. Les flammes, ont rapporté les médias russes, auraient déjà été éteintes et n’auraient pas fait de blessés. Mais les dégâts seraient importants, comme le rapporte Mauro Indelicato dans le journal italien «Il Giornale».

L’incendie du centre aérospatial

Tout a commencé au petit matin moscovite, lorsque les habitants de la région ont observé une colonne de fumée épaisse s’élevant de la zone de Joukovski. Puis, les sirènes des pompiers et des véhicules de police ont fait entrevoir la dangerosité de l’incident.

Comme l’a expliqué une source russe à l’agence Interfax, les flammes seraient parties d’une sous-station électrique. « Un poste de transformation est en feu dans une zone de 30 kilomètres carrés au numéro 1 de la rue Joukovski », lit-on dans les déclarations de la source à l’agence Interfax.

La même source a précisé peu après, que l’incendie avait été éteint et qu’aucun des résidents de la zone ou des employés du centre aérospatial n’avait été blessé. Cependant, la zone serait également fermée aux employés eux-mêmes, ce qui aurait un impact considérable sur le travail effectué au sein de la structure.

Il convient de mentionner que certains des projets les plus importants, souhaités par Moscou dans ce secteur stratégique, sont actuellement développés dans le centre aérospatial de Joukovski. A commencer par ceux relatifs au vecteur énergétique et à la navette spatiale Bourane. Deux points clés pour la relance des programmes aérospatiaux du Kremlin.

Incendies suspects en Russie

Ce qui s’est passé à l’intérieur du centre Joukovski n’est que le dernier d’une série d’épisodes de ce genre qui ont touché, dès le début des opérations militaires en Ukraine, des structures sensibles de l’industrie aérospatiale russe et au-delà. Le 21 avril, par exemple, les flammes ont menacé de dévorer le siège de l’Institut central de recherche des forces de défense aérospatiale de la ville de Tver, à 150 kilomètres au nord-ouest de Moscou.

Une autre structure sensible donc, considérée comme un véritable Cap Canaveral russe. Dans ce cas également, il n’y a eu officiellement aucun blessé, mais l’incident n’a pas manquer d’inquiéter, puisque les systèmes de lancement et de défense des missiles sont également développés dans cette structure. Le 23 avril, les flammes se sont déclarées dans le pôle aérospatial de Korolev.

Dans les jours qui ont suivi, un incendie de grande ampleur a touché la plus grande usine chimique de solvants de Russie, située dans la ville de Kineshma, à 400 kilomètres de Moscou. Le 1er mai, c’était au tour de l’usine de Perm où l’on produit également de la poudre à canon pour les systèmes de lance-missiles Grad et Smerch, d’être la proie des flammes.

Plus récemment, le 4 mai, un autre incendie a touché la zone industrielle de Nizhni Novgorod, l’une des plus importantes de l’ouest de la Russie. Les flammes se sont développées dans un dépôt de solvant.

Que se passe-t-il ?

La particularité de ces incendies est qu’ils visent précisément des structures délicates, sinon sensibles. Même un seul de ces épisodes en temps de paix serait anormal. Toutes les usines où les incendies se sont déclarés, doivent présenter des normes élevées de garantie et de sécurité.

Le fait que les incendies aient en commun d’avoir eu lieu après le début de la guerre a conduit à des spéculations sur des cyberattaques du côté de l’Ukraine. Un sabotage qui s’opère grâce à des manipulations effectuées par des hackers experts. Cependant, Moscou l’a toujours nié. Pour les services de sécurité russes, Kiev ne serait pas impliquée dans de telles attaques.

L’autre hypothèse concerne la possibilité d’accidents « simples », mais indirectement causés par l’effort de guerre en cours. Autrement dit, la guerre en Ukraine détournerait des moyens et des fonds normalement destinés à l’entretien des ouvrages et structures les plus délicats. Dans un cas comme dans l’autre, cependant, pour la Russie, il s’agirait d’un problème qui commence à devenir très sérieux.