(Rome, Paris, 02 mai 2022). Selon le média italien «Notizie Geopolitiche», le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a convoqué aujourd’hui l’ambassadeur de Russie, Anatoly Viktorov, pour lui faire part de ses griefs face aux propos (délirants et dangereux, ndlr) du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Ce dernier a tenté d’expliquer au cours d’un entretien d’une quarantaine de minutes à la chaine «Rete 4, émission Zona Bianca», dans un dérapage dont il est désormais coutumier.
« La nazification de l’Ukraine est un fait bien établi », a-t-il dit, prenant pour exemple les combattants du bataillon Azov coincés dans l’usine Azovstal de Marioupol et constitué, selon lui, de militants nazis avérés. « Ils portent sur leurs corps et sur leurs uniformes des tatouages ou symboles comme la Svastika… ils lisent et soutiennent ouvertement Mein Kampf », poursuit Sergueï Lavrov avant d’ajouter : « quand on dit qu’il ne peut pas y avoir de nazification en Ukraine parce qu’on est juif (une allusion au président Zelensky), je peux me tromper mais même Hitler avait des origines juives ; donc ça ne veut rien dire, et, selon le ministre russe, cela ne représenterait pas une contradiction ». « Cela fait longtemps qu’on entend les plus sages des Juifs nous dire que les pires des antisémites sont Juifs » eux-mêmes, a-t-il martelé.
Pour le ministre Yair Lapid, il s’agit d’«une erreur historique impardonnable et scandaleuse», et affirmer que « Hitler était juif, c’est comme dire que les juifs se sont entretués ». Le grand-père de Lapid lui-même est mort dans le camp de la mort de Mauthausen, et l’affirmation de Lavrov selon laquelle « les plus grands antisémites sont les juifs » menace désormais d’anéantir la position neutre d’Israël sur la guerre en Ukraine.
Rappelons que Moscou a répété à maintes reprises vouloir « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine, une ancienne république soviétique ayant désormais à sa tête des dirigeants pro-occidentaux.
Le Premier ministre israélien, Naftali Bennett, a, de son côté, dénoncé l’utilisation de la Shoah comme « outil politique ». « Aucune guerre n’est comparable à la Shoah… l’utilisation du génocide juif comme outil politique doit cesser immédiatement », a-t-il indiqué, selon un communiqué de son bureau. Le président de Yad Vachem, le mémorial israélien de la Shoah, Dani Dayan, a lui aussi condamné la remarque de Sergueï Lavrov, estimant qu’il s’agissait de « propos sans fondement, délirants et dangereux ».
Ces affirmations ont également été condamnées par l’Italie, l’Allemagne et les États-Unis. Pour le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, cette déclaration est « absurde » et « la propagande russe diffusée par Sergueï Lavrov n’a pas besoin d’être commentée ».
Le Premier ministre Mario Draghi a, de son côté, jugé « aberrants » les propos de Sergueï Lavrov. « Et pour ce qui concerne la partie en référence à Hitler, elle est vraiment obscène », a-t-il commenté lors d’une conférence de presse lundi soir.