La rencontre entre le chancelier autrichienne et Poutine est un échec: «Je suis pessimiste»

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(Paris, 12 avril 2022). Les entretiens à Moscou avec le président russe n’ont pas permis de se rapprocher de la fin de la crise. Le Kremlin « se méfie de la communauté et du droit international », a déclaré le dirigeant de Vienne

La rencontre entre le chancelier autrichien Karl Nehammer et Vladimir Poutine s’est avérée être « un trou dans l’eau » et n’a apporté aucune avancée dans les pourparlers visant à mettre fin à l’invasion de l’Ukraine. La confrontation a été « très directe, ouverte et dure », et « le message le plus important » transmis au président russe était que « la guerre en Ukraine doit cesser, car dans une guerre il n’y a que des perdants des deux côtés », a déclaré le Chancelier à l’issue de la rencontre, qui a duré 75 minutes en présence des seuls deux interprètes, comme le rapporte Francesco Bortoletto dans le quotidien italien «Europa Today».

Le chef du gouvernement de Vienne a précisé que sa visite « n’était pas une visite d’amitié », mais qu’elle était dictée par le « devoir de rencontrer Poutine afin de ne ménager aucun effort ». L’entretien a eu lieu dans le domaine présidentiel de Novo-Ogaryovo, à l’ouest de Moscou. Il s’agissait de la première rencontre entre un dirigeant de l’UE (mais non de l’OTAN) et le président russe, depuis le lancement de l’agression contre l’Ukraine. Et, à la demande de l’Autriche, la poignée de main n’a pas eu lieu, pas de photos des deux dirigeants, pas de rencontre conjointe avec des journalistes également.

« Je n’ai pas non plus d’impressions positives parce que Poutine est entré de manière massive dans la logique de la guerre et agit en conséquence », a ajouté M. Nehammer, qui s’est dit « plutôt pessimiste » quant au succès des négociations malgré le fait que, selon lui, son interlocuteur a « toujours confiance dans le processus d’Istanbul, dans les efforts diplomatiques et dans les pourparlers en Turquie ».

Et pourtant, selon le chancelier, Poutine « se méfie de la communauté internationale et du droit international ». Cela a également été confirmé par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lorsqu’il a réaffirmé que pour Moscou, le choc avec l’Occident a une dimension géopolitique qui va au-delà de la guerre en Ukraine et vise à « mettre fin à l’expansion illimitée des États-Unis et d’autres pays occidentaux » vers la domination totale du monde.

Le Chancelier Nehammer a accusé le Kremlin de préparer « une attaque brutale et massive » dans l’est de l’Ukraine, tout en affirmant que les sanctions « resteront en place et seront encore plus renforcées tant que des personnes en Ukraine continueront de mourir ». Pour le Chancelier autrichien, qui a accusé Poutine de crimes de guerre en Ukraine, la réaction du président russe est apparue « peu coopérative ». Selon sa reconstruction, Poutine a toujours qualifié l’attaque en Ukraine d’«opération militaire spéciale» et n’a prononcé qu’une seule fois le mot «guerre».

Il ne ressort toutefois pas de rapports officiels (ou plutôt de rapport autrichien, étant donné que le Kremlin n’a publié aucun communiqué de presse), si les sujets abordés incluaient le gaz, un point sensible pour Vienne qui, avec l’Allemagne et l’Italie, est fortement dépendante de la Russie pour son approvisionnement énergétique.