Macron d’Arabie signe des super-contrats et fait trébucher Biden

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(Rome, Paris, 25 janvier 2022). Alors qu’en France le match pour l’Elysée devient de plus en plus houleux, Emmanuel Macron vient de marquer un point important, qui est en plus, à l’extérieur (du pays). Il s’agit du méga contrat de 17 milliards d’euros conclu le mois dernier avec le gouvernement des Émirats arabes unis.
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Il s’agit d’un succès total et décidément nécessaire après l’annulation en septembre dernier de la commande australienne des 12 sous-marins Barracuda, une « torpille » meurtrière tirée depuis Washington et Londres aux dépens des Gaulois.

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Dès 2026, rapporte le média italien «Inside Over», Paris fournira aux cheikhs 80 avions Rafale et 12 hélicoptères Caracal. Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a confirmé que les chasseurs-bombardiers seront fournis dans la très moderne version F4 – en cours d’adoption par le ministère français de la Défense – faisant d’Abou Dhabi le premier (important) client étranger. Rappelons que le Rafale devrait rester en service et évoluer jusqu’en 2070, en s’intégrant aux futurs avions SCAF de sixième génération en phase de conception et de développement. Bref, une bonne nouvelle pour Dassault et ses partenaires Safran et Thales, une bouffée d’air frais pour les 400 PME transalpines impliquées dans le projet et une garantie pour des milliers de travailleurs (et d’électeurs…).

La ratification du contrat, confirme la vitalité de l’industrie aéronautique transalpine ; (outre les Emirats Arabes Unis, les Rafale ont également été acquis par l’Inde, le Qatar, l’Egypte, la Grèce et la Croatie) mais, surtout, elle marque un rôle stratégique renouvelé dans un quadrant régional où la France est présente avec trois bases militaires, de forts investissements culturels (dont le Louvre à Abou Dhabi, chef-d’œuvre du soft power) et un important maillage économique. Mais la donnée la plus flatteuse pour Macron reste sans doute le fait qu’il a pu rendre aux Américains la claque reçue par les Australiens et (pourquoi pas ?) par les Suisses, eux aussi convaincus par Joe Biden de renoncer à l’avion français en faveur du plus cher, le F-35 américain.

La décision des Emirats a certes été affectée par les excellentes relations personnelles entre le président Macron et Mohammed ben Zayed Al Nahyane, prince héritier d’Abou Dhabi et commandant adjoint des forces armées, mais aussi par les politiques arabes contradictoires de l’actuel locataire de la Maison Blanche. Les cheikhs n’ont pas apprécié le renversement par Biden de la ligne tracée entre les modérés du Golfe et Donald Trump lors de la rédaction des accords abrahamiques qui prévoyaient la normalisation des relations diplomatiques avec Israël en échange d’une technologie militaire de pointe dont un approvisionnement en F-35. L’attention bienveillante du président démocrate envers le détesté axe Qatar-Turquie (sponsor des frères musulmans encore plus détestés), les indécisions sur le dossier iranien et le retrait catastrophique d’Afghanistan (négocié, comme par hasard, à Doha…) ont convaincu les Emiratis de se tourner vers la France, déjà engagée aux côtés de l’Egypte sur le front libyen et avec la Grèce en Méditerranée, contre la Turquie d’Erdogan.

Un exercice de realpolitik qui conforte sans doute la position de Macron aux yeux du complexe industriel transalpin (historiquement très généreux en temps électoral) et confirme le «repli» des Américains en Méditerranée élargie et au Levant.