Reprise des négociations à Vienne sur le programme nucléaire iranien

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(Rome, 29 novembre 2021). Après cinq mois de pause, les États-Unis de Joe Biden reprennent lundi à Vienne les négociations indirectes avec l’Iran au sujet de l’accord sur le nucléaire iranien. Les observateurs demeurent pessimistes sur la possibilité de sauver l’accord passé en 2015.

L’atmosphère est tendue à Vienne. Après cinq mois de pause, les négociateurs sur le nucléaire iranien se retrouvent, lundi 29 novembre dans la capitale autrichienne, pour tenter de ressusciter rapidement l’accord international de 2015. Mais les analystes restent peu optimistes sur les chances de succès.

Pourtant, ils s’étaient quittés en juin sur une note positive, se disant « proches d’un accord », mais l’arrivée au pouvoir en Iran du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi a changé la donne.

Pendant des mois, l’Iran a ignoré l’appel des Occidentaux à revenir autour de la table, tout en poursuivant la montée en puissance de son programme nucléaire. Et si les discussions reprennent enfin, ce n’est pas sous les meilleurs auspices.

Avant sa venue en Autriche, l’émissaire américain Rob Malley a jugé que les récents actes iraniens n’étaient « pas de bon augure ». Et d’ajouter : « S’ils traînent des pieds tout en accélérant le rythme avec leur programme nucléaire (…) alors, bien entendu, nous ne serions pas prêts à rester les bras croisés ».

Depuis le début de l’année, l’Iran a franchi plusieurs lignes, portant le taux d’enrichissement d’uranium à des niveaux inédits et restreignant l’accès aux inspecteurs de l’AIEA.

Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, chargée de contrôler le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, a déploré la semaine dernière, à l’issue d’une brève visite à Téhéran, l’absence d’avancées sur plusieurs questions en suspens.

Pour ne pas mettre en péril la reprise des négociations, les Occidentaux se sont abstenus de toute résolution critique à la réunion du Conseil des gouverneurs qui s’est achevée vendredi, mais les États-Unis ont menacé de convoquer une session extraordinaire en décembre si l’impasse devait perdurer.

« Le refus de l’Iran de trouver un compromis avec l’AIEA jette une ombre sur les pourparlers à venir », estime dans une note Henry Rome, spécialiste de l’Iran chez Eurasia Group.

« Si l’ancien président américain Donald Trump est à l’origine de la crise, les actions iraniennes la prolongent », a-t-elle lancé. « Ils agissent comme si Washington allait flancher en premier, mais cette pression est une arme à double tranchant » qui pourrait anéantir tout espoir de sauver l’accord de 2015.

Ce texte, connu sous son acronyme anglais JCPOA, offrait à Téhéran la levée d’une partie des sanctions étouffant son économie en échange d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l’ONU. Mais les États-Unis ont quitté unilatéralement le pacte en 2018 sous la présidence de Donald Trump et rétabli les mesures punitives. En retour, la République islamique a progressivement abandonné ses engagements.

Le complexe de Karaj, près de Téhéran, qui abrite un atelier de fabrication de composants de centrifugeuses, inquiète particulièrement l’AIEA qui n’y a plus eu accès depuis une attaque du site en juin, attribuée à Israël.

Israël « très préoccupé »

Les « lacunes dans la surveillance sont de nature à nourrir les spéculations sur l’existence d’un programme secret de Téhéran » pour concevoir l’arme atomique, « preuves ou pas », et à saper la confiance, prévient Mme Davenport.

Les négociations se dérouleront désormais au palais Coburg, là même où avait été conclu l’accord sur le nucléaire de juillet 2015.

Le coup d’envoi est prévu aux alentours de 14 h heure locale (13 h GMT), selon une source diplomatique.

Face à l’importante délégation iranienne, prendront place les diplomates des autres États encore parties à l’accord – Grande-Bretagne, France, Allemagne, Russie et Chine –, tandis que les États-Unis de Joe Biden participent aux pourparlers de manière indirecte. Il faudra aussi compter avec Israël, qui n’est pas convié aux discussions, mais dont le chef de la diplomatie Yaïr Lapid est attendu lundi en Europe dans l’espoir d’infléchir les positions de Londres et Paris.

Ennemi numéro un de l’Iran, l’État hébreu se dit « très préoccupé par la volonté de lever des sanctions en échange de restrictions insuffisantes sur le programme nucléaire ».

(France24)