Accord au Soudan entre l’armée et le premier ministre. Hamdok retrouve son poste

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(Rome, 21 novembre 2021). Un accord conclu entre les militaires putschistes et le gouvernement pour reprendre ensemble le processus de transition. La pression internationale a eu un effet positif.
Le chef de l’armée et le Premier ministre soudanais, selon Ferruccio Michelin du quotidien italien «Formiche», sont parvenus à un accord pour la réintégration du Premier ministre et la libération des détenus politiques après que l’armée a renversé le gouvernement lors d’un coup d’État le mois dernier. Le Premier ministre déchu, Abdalla Hamdok, a rencontré le chef militaire soudanais et président du Conseil souverain au pouvoir, le général Abdel Fattah Al-Burhan, plus tôt dans la journée, dimanche 21 novembre. Les deux hommes ont conclu un accord politique qui verra Hamdok réintégrer le poste de Premier ministre du gouvernement de transition soudanais, qui a été établi après l’éviction de l’ancien homme fort et président Omar al-Bashir en 2019 et qui devra conduire le pays à des élections en 2023. L’accord, ajoute Ferruccio Michelin, comprend également la libération des détenus politiques qui ont été emprisonnés après le coup d’État du 25 octobre, selon Moudawi Ibrahim, un haut responsable de l’Initiative des forces nationales qui a contribué aux pourparlers. Ils ont également convenu de revoir le précédent accord de partage du pouvoir par le biais d’un processus politique qui impliquera toujours un partage du pouvoir par les dirigeants civils et militaires, mais comprendra une restructuration non encore spécifiée, selon Ibrahim. Les pressions internationales (notamment celles des Etats-Unis, sur les partenaires régionaux ayant de l’influence sur les militaires soudanais) se sont concentrées sur Khartoum pour la recomposition du cadre de transition.
Selon «Radio France Internationale», à peine sorti de sa résidence surveillée, Abdallah Hamdok s’est rendu au palais présidentiel pour une cérémonie de signature avec le général Abdel Fattah al-Burhan, auteur du coup d’État du 25 octobre. Cet accord le réinstalle dans ses fonctions dont il avait été déchu dans la foulée du putsch. La cérémonie officielle a été retransmise en direct à la télévision, indique la correspondante régionale de FRI, Florence Morice. Les deux hommes se sont exprimés l’un après l’autre. Ils se sont engagés à remettre le Soudan sur les rails de la transition démocratique, c’est-à-dire à revenir au partage de pouvoirs entre civils et militaires prévu par l’accord de transition de 2019. Cet accord prévoit également la libération des personnalités politiques arrêtées depuis le putsch. Abdallah Hamdok accepte donc ce qu’il refusait depuis près d’un mois. Dans une courte allocution, il a tenté de justifier sa décision : « Nous devons mettre un terme à l’effusion de sang. Je sais que notre peuple est capable de sacrifices, cependant chaque goutte de sang est précieuse. Mettons fin au bain de sang. » « Nous allons continuer à travailler pour préserver la transition, jusqu’à ce que les rêves de démocratie de paix et de justice des Soudanais soient exaucés », a quant à lui promis le général Abdel Fattah al-Burhan. Pendant que se déroulait la cérémonie, selon RFI, des manifestants anti-putsch se sont massés en nombre devant le palais présidentiel pour exprimer leur rejet de l’accord. Avec toujours le même slogan : « Pas de négociation avec les putschistes ». Pour eux, un retour à une transition civilo-militaire n’est envisageable qu’à condition que les généraux Abdel Fattah al-Burhan et Hemeti quittent leur fonction. En début d’après-midi, la mobilisation s’annonçait massive à Khartoum, mais aussi dans le reste du pays. La répression des manifestations a fait au moins un mort : un adolescent a été tué par balle dans la banlieue de Khartoum, selon des médecins qui évoquent de « nombreux blessés par balles », ajoute la radio française.