Rome: une conversation d’une heure et demie entre le pape François et Biden

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(Cité du Vatican, 29 octobre 2021). Joe Biden, deuxième président catholique dans l’histoire des États-Unis, s’est entretenu vendredi au Vatican avec le pape, le premier d’une série de rendez-vous internationaux pour celui qui veut redorer l’image de l’Amérique dans le monde.

Le tête-à-tête, auquel la presse n’a eu aucun accès, a duré plus d’une heure selon le Vatican et la Maison-Blanche. Soit plus longtemps que de précédents entretiens entre un pape et un président américain, selon les décomptes de la presse américaine.

« C’est bon d’être de retour », a dit plusieurs fois Joe Biden, souriant, en serrant les mains des officiels qui l’ont accueilli, autour de midi au Vatican.

Il s’agit de la quatrième rencontre entre les deux hommes, leur première depuis l’élection du très pieux président démocrate. Il était accompagné à son arrivée de la Première dame Jill Biden, aux cheveux partiellement couverts d’une mantille noire.

Le président a fait cadeau au pape d’une chasuble brodée à la main datant de 1930, tandis que le souverain pontife lui a remis une peinture sur céramique, ainsi que certains de ses écrits, a fait savoir le Vatican.

Cette visite intervient avant des réunions avec le chef du gouvernement italien Mario Draghi puis le président français Emmanuel Macron, et à la veille du sommet du G20, samedi et dimanche dans la capitale italienne.

Le président et le pape voulaient discuter de leurs préoccupations communes : la pauvreté, le changement climatique et la pandémie.

Mais ils ont aussi un sujet de discorde, et non des moindres : le droit à l’avortement, dont Joe Biden est un ferme partisan tandis que le pape n’a pas de mots assez virulents pour condamner les interruptions volontaires de grossesse.

C’est aussi un sujet de crispation politique particulièrement fort aux États-Unis.

Le pape a aussi reçu vendredi le président sud-coréen Moon Jae-in, qui lui a fait un cadeau très politique : une croix confectionnée avec du fil barbelé servant à sécuriser la frontière entre les deux Corées.

Joe Biden devra s’entretenir à 15 h 15 locales avec Mario Draghi.

« Super Mario », son surnom quand il dirigeait la Banque centrale européenne suscite bien de l’intérêt, aux États-Unis et ailleurs, avec ses projets de réforme à marche forcée.

Certains commentateurs peignent le chef du gouvernement italien en nouvelle star de la scène politique européenne.

Raviver la flamme

Alors que Joe Biden, lui, a perdu de son aura. Au G20 puis à la COP26, le grand sommet sur le climat qui se déroule à Glasgow la semaine prochaine, le président américain devra montrer qu’il n’a pas seulement rompu avec les outrances verbales de Donald Trump, mais aussi avec les tentations de repli et d’unilatéralisme.

Le retrait chaotique d’Afghanistan en août a perturbé les alliés des États-Unis. Et Joe Biden arrive d’une certaine manière les mains vides en Europe.

Il a certes présenté avant de quitter Washington un programme d’investissements vertigineux : 500 milliards de dollars pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, 1750 milliards de dépenses sociales (éducation, santé…), sans compter les ponts, routes, réseaux électriques que la Maison-Blanche veut rénover ou construire.

Mais malgré des semaines déjà de tortueuses négociations, et bien qu’il ait nettement revu en baisse l’envergure de son programme, Joe Biden n’arrive pas à Rome, comme il l’espérait, avec un texte ratifié par le Congrès, faute d’accord au sien de son propre parti.

C’est un revers indéniable pour le démocrate. Il veut faire des États-Unis un modèle de prospérité et d’efficacité démocratique, face aux régimes autoritaires tels que la Chine et la Russie, dont les présidents ne feront le déplacement ni à Rome ni à Glasgow.

En leur absence, le président américain veut rallumer la flamme avec ses alliés. À commencer par le président français Emmanuel Macron, qui le recevra à 16 h 15 à la Villa Bonaparte.

Les deux présidents espèrent sceller leur réconciliation, après une grave crise diplomatique en septembre autour d’un contrat de sous-marins australiens, que les États-Unis ont soufflé à la France.

Samedi, Joe Biden et Emmanuel Macron se reverront en petit comité en marge du G20, avec la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre britannique Boris Johnson, cette fois pour montrer leur harmonie en ce qui concerne une reprise des négociations avec l’Iran.

(Le journal de Montréal)