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La présence américaine en Irak sous la menace: des paroles aux actes

(Rome, 06 juillet 2021). La base irakienne d’Ain al-Assad, qui abrite également des troupes américaines, a fait l’objet d’une nouvelle attaque aux missiles lundi 5 juillet. L’attaque a eu lieu après que des milices pro-iraniennes aient mis en garde Washington d’«attaques surprises».

Comme le rapporte l’analyste Piera Laurenza dans «Sicurezza Internazionale», la base, située dans le gouvernorat occidental d’al-Anbar, dans l’ouest de l’Irak, a été touchée par « plus d’un missile » Katyusha, qui, selon le correspondant d’al-Arabiya, s’est écrasé loin des positions des troupes américaines stationnées dans la base. Un porte-parole de la coalition internationale anti-EI, Wayne Marotto, a ensuite précisé que trois missiles lancés contre Ain al-Assad, vers 14h45 heure locale, s’étaient écrasés le long du périmètre de la base. Jusqu’à présent, aucune victime n’a été signalée, alors que des enquêtes sont en cours pour évaluer l’étendue des dégâts.

Il ne s’agit pas de la première attaque que cet endroit soit pris pour cible, vraisemblablement par des groupes armés pro-iraniens. L’une des dernières attaques contre l’installation remonte au 20 juin, tandis que le 6 juin, l’armée irakienne a signalé avoir abattu des drones survolant la même base. Le mois précédent, cependant, Ain al-Assad avait été touché à deux reprises, les 8 et 24 mai.

L’épisode du 5 juillet est survenu quelques heures après l’annonce des Kata’éb Hezbollah, ou les Brigades du Hezbollah, qui menaçaient de représailles suite aux raids américains des 27 et 28 juin contre les positions de groupes pro-iraniens à la frontière entre la Syrie et l’Irak, appartenant, entre autres, au Kata’éb Sayyid al-Shuhada. Les brigades du Hezbollah ont menacé d’une riposte surprise, sans toutefois en préciser la nature. Le porte-parole du groupe, Mohamad Mohi, a alors évoqué un « axe de résistance », dont la mission est de se préparer en permanence à faire face à toute menace, de la présence américaine à celles posées par Israël et l’Etat islamique. « La présence des forces américaines en Irak est illégale, car elle contredit la décision du parlement irakien », a déclaré le porte-parole, ajoutant que Washington pourrait être surpris par les capacités et les armes de la « résistance » s’il ose défier la volonté irakienne et continuer à garder ses troupes dans le pays.

Depuis le début de l’année 2021, quelque 43 attaques visant des cibles américaines ont eu lieu en territoire irakien. La plupart des raids sont effectués au moyen de bombes frappant des convois logistiques, tandis que d’autres attaques sont menées par des tirs de missiles, dont certaines ont été revendiquées par des factions pro-iraniennes. En effet, c’est à partir d’octobre 2019 que les installations américaines en Irak font l’objet d’attaques, qui ont conduit Washington à menacer de représailles contre les milices irakiennes pro-iraniennes, en référence également aux Brigades du Hezbollah, soupçonnées d’être responsables de plusieurs attaques. Une autre cible irakienne visée à plusieurs reprises est la zone verte, une zone fortifiée située dans la capitale Bagdad, qui abrite des institutions gouvernementales et des ambassades, dont celle des États-Unis.

Les tensions entre Washington et Téhéran sur le sol irakien, ajoute Piera Laurenza, ont souvent fait craindre que l’Irak ne devienne un champ de bataille entre les deux rivaux. Au cours de l’année écoulée, les États-Unis ont amorcé une réduction progressive du nombre de leurs troupes en Irak, qui s’élèvent actuellement à 2.500. C’est dans ce contexte que l’Irak et les États-Unis ont décidé le 7 avril, lors du dernier cycle de dialogue stratégique, que les troupes de combat américaines engagées dans la lutte contre l’État islamique quitteront l’Irak, tandis que les forces américaines continueront à fournir conseils et formation.

Selon des responsables et des experts occidentaux, poursuit Piera Laurenza, les attaques contre des cibles américaines par des groupes soutenus par l’Iran pourraient compromettre le rôle de Washington en Irak et ses efforts pour contrer la menace terroriste encore perceptible. A cet égard, le 4 juillet, un soldat irakien a été tué et quatre autres blessés, lors d’attaques perpétrées par l’Etat islamique dans le sud de Mossoul et dans le gouvernorat occidental d’al-Anbar, tandis qu’un convoi de soutien logistique, appartenant à la coalition internationale, était visé par une bombe. Une autre cible visée à plusieurs reprises par les militants djihadistes est représentée par les réseaux électriques, indispensables pour un pays confronté à une crise de l’électricité. L’un des derniers épisodes s’est produit le 5 juillet, à Karkh, à l’ouest de Bagdad, où une ligne destinée à alimenter un « projet hydraulique », destiné à fournir de l’eau potable à la population, a été touchée.

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