Israël mène la diplomatie des B52 américains au Moyen-Orient

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(Rome, 08 mars 2021). Les Américains ont de nouveau envoyé des bombardiers stratégiques au Moyen-Orient: pour rassurer les alliés, pour manifester leur intérêt à distance et pour ne pas perdre du terrain face à leurs rivaux

Quatre chasseurs F-15 israéliens ont escorté deux B-52 américains envoyés par le Pentagone pour une nouvelle mission au Moyen-Orient. L’une des différentes opérations, équivalente à celle d’il y a trois mois, avec laquelle la Défense américaine démontre la posture stratégique qu’elle entend garder dans la zone, à savoir le contrôle à distance, stratégie dite «d’emploi dynamique des forces», qui est la capacité d’engager une dissuasion sur certains théâtres. C’est une méthode de Washington qui consiste à rassurer ses alliés comme Tel Aviv, mais aussi les pays du Golfe – tous intéressés à rester en tête de la liste des valeurs régionales pour les Américains pendant que les contacts avec l’Iran se poursuivent, alors que les Américains eux-mêmes ont l’intention de ne pas perdre le propre lien stratégique au profit de puissances rivales telles que la Russie et la Chine. Ce type d’engagement militaire américain, a diverses implications politiques et diplomatiques, au-delà de la dimension technique.

Tout d’abord, l’exercice de ces B-52 sert précisément à démontrer la capacité à garder les espaces occupées face aux tentatives russes et chinoises (de plus en plus réussies et stratégiques) de s’infiltrer à travers les lignes ennemies. Dans le même temps, la diplomatie militaire renforce un processus en cours de rétablissement des relations entre Israël et le monde arabe. En fait, l’armée de l’air israélienne (Israël jouant de plus en plus le rôle de vice-roi américain) a été rejointe par celles de l’Arabie saoudite et du Qatar. Les deux pays – qui ont récemment re-normalisé leurs relations mutuelles – ne font pour l’instant pas partie des accords abrahamiques organisés par les États-Unis. Et ils ne le seront probablement pas dans un proche avenir, mais le dialogue militaire est un élément d’engagement qui, d’une part, maintient certaines des questions en suspens au Moyen-Orient, de l’autre, vise à démontrer la capacité d’action et d’implication, mais aussi de dissuasion contre Téhéran, ou Moscou et Pékin.

Emanuele Rossi. (Formiche)