«Ils savaient tout sur lui, même l’après-rasage qu’il utilisait». C’est ainsi qu’Israël a tué le chef du programme nucléaire iranien

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(Rome le 13 février 2021). Ces derniers jours, le Jewish Chronicle, le plus ancien journal juif publié en anglais à Londres fondé en 1841, a proposé une longue reconstitution de l’assassinat de Mohsen Fakhrizadeh. Le scientifique nucléaire iranien a été touché lors d’une attaque le 27 novembre 2020: l’homme a été surnommé par les Israéliens « le père » du programme nucléaire iranien, il s’agissait d’une opération très complexe mise en place par le Mossad et ses agents de nationalité iranienne après des mois de traque, tel que rapporté par Vincenzo Nigro dans le quotidien «La Repubblica».

La reconstruction de la Chronique confirme certains éléments se sont déroulés en décembre:

Premier élément: l’utilisation d’une mitrailleuse automatique télécommandée, pesant une tonne. L’arme a été introduite secrètement en Iran en pièces détachées afin d’eviter que les éléments délicats ne tombent aux mains des iraniens. Ils ont fait exploser l’arme ainsi que  le véhicule qui servait de support.

Deuxième élément: le rôle de Fakhrizadeh dans le programme nucléaire iranien a été identifié par Israël en 2018 avec le vol à Téhéran d’une importante archive sur le programme nucléaire iranien. De l’archive a émergé le rôle du scientifique, qui a supervisé les différents aspects de la recherche.

L’opération a été lancée en mars 2020, dans les premières semaines du Coronavirus. Une équipe du 007 Israéliens a été introduite en Iran où ils ont rencontré les autres agents locaux du groupe: en tout plus de 20 personnes, un assez grand nombre. A partir de ce moment, le contrôle de Fakhrizadeh a commencé: « Pendant huit mois, l’équipe a respiré avec lui, s’est réveillée avec lui, a couché avec lui, a voyagé avec lui: ils savaient aussi quel après-rasage il utilisait ».

Les bombardiers israéliens ont décidé de frapper Fakhrizadeh sur le chemin de la villa familiale d’Absard, juste à l’extérieur de Téhéran. Le professeur était escorté par au moins 12 gardes du corps, le convoi voyageait avec 4 véhicules. Des agents israéliens ont placé un SUV Nissan avec une mitrailleuse au bord d’une route que l’homme empruntait régulièrement.

L’attaque a eu lieu le 27 novembre, alors que l’homme se trouvait dans la voiture en compagnie de sa femme et de ses gardes du corps: l’arme a tiré un total de 13 coups de feu, aucun membre de la famille ou des gardes (selon la Chronique) n’a été touché. La Nissan qui portait la mitrailleuse a explosé juste après les tirs.

A ce stade, le journal anglais rapporte les propos de l’une de ses sources: «Dieu merci, tous nos agents ont réussi à sortir du pays, personne n’a été attrapé, sans accros: la sécurité iranienne est très efficace mais le Mossad encore plus. Le régime (iranien) a été humilié et dévasté, même le Mossad a été surpris par le fort impact de l’attaque ». L’évaluation faite par le Mossad, est qu’il faudra six ans à l’Iran pour trouver un remplaçant à Fakhrizadeh.

La Chronique ajoute un détail crucial: l’administration de Donald Trump (déjà vaincue aux élections de novembre) n’avait pas été prévenue. « Les Américains n’étaient pas impliqués, c’était absolument une opération israélienne. Ce n’était pas une question politique mais une question de sécurité, cela n’avait rien à voir avec Trump ou les élections américaines ».

Le gouvernement israélien ne voulait en aucun cas commenter l’histoire de la Jewish Chronicle, mais d’une certaine manière l’autorité du magazine et le silence d’Israël lui-même confirment la version des faits, devenant ainsi un nouvel episode dans la bataille politique ainsi que la stratégie mise en place par Israël pour mettre fin au programme nucléaire iranien.