(Rome 12 janvier 2021). Le Hezbollah nie que les 14 tonnes de drogues Captagon trouvées et brûlées dans notre pays proviennent de son organisation. « Nous avons discuté avec des responsables italiens », a déclaré le leader Nasrallah. Ce qui laisse penser que les enquêtes italiennes allaient se retourner contre l’EI et la mafia
Début juillet, la Guardia di Finanza de Salerne avait saisi 840 millions de comprimés avec le logo «Captagon» stockés dans trois conteneurs : 14 tonnes de méthamphétamine – estimée à environ un milliard d’euros – en provenance de Syrie. La soi-disant «drogue du Djihad» semblait initialement être produite par l’État islamique, écrit Gabriele Carrer dans «Formiche.net».
Mais les doutes étaient différents. Comme expliqué par notre site, «le groupe ne dispose pas de capacités techniques (sites de production et de logistique) pour certaines quantités, et surtout sur le marché de la drogue au Moyen-Orient, il existe des réalités comme le Hezbollah qui est plus structuré depuis au moins une décennie dans ce secteur ». Et aussi dans ce cas, on a émis l’hypothèse d’un rôle de la ’Ndrangheta qui, comme l’écrit «il manifesto», est « l’organisation criminelle italienne qui a dépensé le plus dans le secteur, même dans la région de Campanie, car pour le moment, c’est à la Camorra de contrôler le marché de cocaïne ».
Il y a trois semaines, la BBC a documenté la destruction des tablettes, racontant également comment alors qu’au début, les enquêteurs auraient pointé du doigt l’État islamique, mais à la fin de l’enquête, on pense que l’origine de la drogue est liée au gouvernement syrien de Bashar Al Assad et ses alliés libanais du Hezbollah.
Comme le régime de Damas, la milice chiite a toujours nié tout lien, qualifiant les enquêtes du Washington Post et du Jérusalem Post de « fake news » et de « propagande » menés par les Etats-Unis et Israël.
Ces derniers jours, la BBC a rapporté les déclarations de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, qui a une fois de plus démenti les accusations qui tournent autour de l’origine de la drogue, à savoir un des ports syriens… qui sont souvent utilisés par le groupe chiite pro-iranien pour ces trafics. « Nous avons contacté des responsables en Italie pour retracer ses origines », a déclaré Nasrallah à propos de l’expédition. «Les allégations n’avaient aucun fondement dans la réalité. Au contraire, ils enquêtent sur l’État islamique (une formation qui a presque disparu aujourd’hui, ndlr), la mafia italienne et russe et d’autres réseaux criminels (sur lesquels le Hezbollah s’appuie aussi souvent, ndlr) ». Puis il a souligné l’opposition claire de l’organisation à l’usage de drogues, en essayant de renforcer la position de la non-conformité.
Les enquêteurs ne commentent pas les déclarations ou les enquêtes de Nasrallah, ajoute la BBC. Il nous reste une question, en plus de celle sur l’origine de la drogue, à laquelle les enquêtes répondront. Par quels canaux une organisation dont la branche militaire est sur la liste noire du terrorisme a-t-elle communiqué avec des responsables italiens (et les appels sont nombreux, même en Italie, pour mettre fin à une distinction entre les ailes politique et militaire de l’organisation non reconnue) ? Il n’est pas à exclure, explique un responsable italien sous anonymat, que l’organisation ne soit informée, et s’est plainte auprès des représentants de nos services au Liban. La deuxième piste, en revanche, mènerait au réseau du crime organisé, aux hommes d’affaires, aux entreprises et aux institutions bancaires que le Hezbollah (également via l’Amérique du Sud) utilise pour ses affaires en Italie, qui concernent souvent, comme déjà dit sur notre site, les drogues mais aussi les armes et les explosifs. Qu’il suffise de dire qu’en septembre, l’ambassadeur Nathan Sales, responsable de la lutte contre le terrorisme au département d’État américain, a révélé que depuis 2012 « le Hezbollah a déplacé d’importants stocks de nitrate d’ammonium, utilisé pour fabriquer des bombes, à travers la Belgique, vers la France, la Grèce, Italie, Espagne et Suisse ».