L’axe Iran-Venezuela qui inquiète Trump

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(Roma 28 août 2020). Les liens entre Caracas et Téhéran continuent de susciter des inquiétudes aux États-Unis. De nouveaux indices confirment les négociations en cours entre l’Iran et le Venezuela pour l’achat de missiles par l’exécutif de Nicolas Maduro. Le gouvernement iranien a nié mais le gouvernement vénézuélien avait déjà exprimé, dans le passé, son intérêt pour l’acquisition. Johan Obdola, analyste et expert en sécurité internationale (dont les propos sont rapportés par Formiche.net), a déclaré au journal colombien El Tiempo qu’un contingent iranien serait déjà présent au Venezuela pour inspecter les zones militaires où des missiles pourraient être construits. Le président colombien Ivan Duque, qui pense que Nicolas Maduro est un dictateur, avait accusé le Venezuela de vouloir acheter des missiles iraniens et de fournir aux groupes armés colombiens des armes de la Biélorussie et de la Russie. Le scénario semble destiné à enflammer l’Amérique latine, déjà aux prises avec les conséquences de la pandémie de Covid-19. La région, autrefois dominée par des cadres progressistes, est de plus en plus orientée vers la droite.

Intérêts de longue date

L’Iran et le Venezuela sont tous deux membres fondateurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et entretiennent des relations diplomatiques depuis avant la révolution islamique iranienne de 1979. Au départ, les relations entre les parties se limitaient au secteur pétrolier mais se sont ensuite intensifiées quand Hugo Chavez est devenu président. Entre 2001 et 2013, les deux États ont signé plus de 300 accords d’importance variable, et ont même fondé une banque commune. En 2012, les investissements et les prêts iraniens au Venezuela valaient environ 15 milliards de dollars. La mort de Chavez a conduit à un affaiblissement des liens, et l’effondrement des prix du pétrole avait poussé le président Rohani à ne plus donner la priorité au Venezuela. L’isolement diplomatique a alors poussé les deux nations à se reconnecter.

Le rôle des États-Unis

Les relations de plus en plus étroites entre l’Iran et le Venezuela risquent de modifier le scénario régional et de compliquer la vie de Washington. Le président Nicolas Maduro a fait savoir comment il entendait renforcer la coopération énergétique avec Téhéran et a défini les relations entre les parties comme « profondes, fraternelles et indestructibles ». Mahmoud Vaezi, chef du cabinet présidentiel iranien, a plutôt fait savoir que les deux nations doivent s’unir pour se défendre des États-Unis, l’ennemi commun par excellence. Le fruit de cette coopération s’était déjà manifesté ces derniers mois, lorsque l’Iran avait décidé d’envoyer des pétroliers au Venezuela pour approvisionner le pays d’Amérique latine en grave crise de production. Les États-Unis ont d’abord réagi en exprimant leur désapprobation, étant donné que le transport était en violation des sanctions américaines, et plus tard en confisquant la cargaison.

Voici ce qui pourrait arriver

Le Venezuela pourrait utiliser la présence de missiles iraniens pour tenter d’intimider la Maison Blanche. Il faut aussi dire, cependant, que Washington, s’il se sent vraiment menacé, pourrait utiliser l’épisode pour lancer une lourde attaque sur Caracas. Une provocation excessive de la part du Venezuela peut se retourner contre Nicolas Maduro, bien conscient de devoir marcher sur une corde raide et très serrée avec le risque, toujours présent, de tomber. Les organisations de coopération régionale pourraient essayer de jouer un rôle de médiateur entre les parties mais il n’est pas certain que cela réussisse. En 2020, les États-Unis et le Venezuela voteront, et les chefs d’État en sont conscients.

(Andrea Walton – Inside Over).  (L’article en version italienne)