(Rome, Paris, 20 janvier 2025). Il s’agit d’un signal politique sans équivoque. Outre les absences très remarquées du président ukrainien Volodymyr Zelensky et du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, à la cérémonie d’investiture du 47e président des États-Unis, Donald J. Trump, les représentants de l’Union européenne ne sont pas non plus présents : ni la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ni la vice-présidente, l’estonienne Kaja Kallas, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Cela souligne non seulement, pour la énième fois, l’insignifiance de l’Union européenne sur l’échiquier international, mais présage de ce que seront les relations transatlantiques (déjà controversées) des années à venir, déjà symbolisées par les escarmouches entre Elon Musk et la Commission européenne au sujet de la plateforme X. Si l’UE devait imposer des mesures ou des amendes à la plateforme du patron de Tesla, la réaction de l’administration américaine serait des plus sévères, selon l’analyse de Roberto Vivaldelli dans «Inside Over».
Giorgia Meloni, seule leader présente à la cérémonie
Le 10 janvier, Paula Pinho, porte-parole d’Ursula von der Leyen, a confirmé, embarrassée, que le président de la Commission européenne n’avait pas reçu d’invitation à la cérémonie d’investiture de Trump. Ce dernier, rompant avec la tradition, a convié certains dirigeants étrangers à la cérémonie, alors qu’historiquement ces événements ne voient pas la présence de chefs d’État pour des raisons de sécurité, avec la préférence d’envoyer des diplomates à leur place. Et en sélectionnant les participants (comme la Première ministre Giorgia Meloni) et en excluant d’autres (comme von der Leyen et Kallas), le magnat adresse un signal politique fort. Avec la crise de l’axe franco-allemand, la présence de la Première ministre italienne pourrait représenter une opportunité pour l’Italie de devenir un interlocuteur clé en Europe pour l’administration Trump. Une circonstance favorable qui, toutefois, n’est pas exempte de risques et d’embûches.
Pourquoi Trump ne fait-il pas confiance à l’UE
«Qui dois-je appeler si je veux parler à l’Europe ?» s’interrogeait Henry Kissinger dans une célèbre formule, reflétant le scepticisme américain quant à la capacité de l’Europe à parler d’une seule voix. Donald Trump, de manière résolument plus directe et moins diplomatique que l’ancien secrétaire d’État, un pragmatique qui privilégie des relations bilatérales directes de personne à personne et accorde peu de confiance aux grandes organisations internationales et aux institutions supranationales telles que l’Union européenne, qu’il perçoit comme des structures bureaucratiques et inefficaces.
Sa préférence a toujours été pour les relations bilatérales, dans le cadre desquelles les États-Unis négocient directement avec chaque pays, plutôt qu’avec des entités telles que l’UE. Cet alignement reflète sa philosophie «America First», qui donne la priorité aux intérêts nationaux des États-Unis plutôt qu’aux accords multilatéraux. Sans oublier que Trump, lors de son premier mandat, a accusé l’UE de pratiques commerciales déloyales, dénonçant un déséquilibre important dans la balance commerciale en faveur de l’Europe, notamment en ce qui concerne les exportations de voitures et d’autres produits. En termes de commerce, selon le magnat, l’UE est un adversaire au même titre que la Chine et la Russie.
Trump a également accusé les pays européens de ne pas respecter leurs engagements financiers en matière de dépenses militaire, estimant que nombre d’entre eux avaient profité du soutien des Etats-Unis pour assurer leur propre sécurité. Comme annoncé ces dernières semaines, il entend exhorter les alliés européens à augmenter considérablement leurs dépenses militaires, en fixant un objectif minimal de 2% du PIB, avec la perspective d’une augmentation pouvant aller jusqu’à 5%.
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Une mise en garde pour l’Europe ?
Comme l’a souligné Walter Russel Mead, «les dirigeants des anciennes grandes puissances européennes tremblent à chaque tweet en provenance de Mar-a-Lago», soulignant à quel point le second mandat du magnat à la Maison Blanche constitue un défi colossal pour l’Europe. Le retour de Trump, avec ses exigences pressantes et sa vision pragmatique des alliances, va non seulement ébranler les fondements des relations transatlantiques, mais aussi forcer l’UE à repenser son rôle sur la scène internationale, entre autonomie stratégique et dépendance vis-à-vis des États-Unis.
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La classe dirigeante actuelle incarnée par Ursula von der Leyen, Kaja Kallas et l’ancien commissaire Thierry Breton est-elle prête à relever un tel défi ?