(Rome, 16 octobre 2024). Adhésion à l’OTAN, pactes économiques, dissuasion, contribution au parapluie sécuritaire, renforcement des capacités de défense. Tels sont les points du «Plan de paix» présenté aujourd’hui par le Président ukrainien
Devant la Verkhovna Rada réunie, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé publiquement aujourd’hui, mercredi 16 octobre, les points angulaires sur lesquels est structuré son «plan de paix» visant à mettre fin au conflit en cours d’ici la fin de l’année prochaine. En septembre dernier, Zelensky avait déjà présenté son plan au président américain Joe Biden et aux candidats à la présidentielle Kamala Harris et Donald Trump, ainsi qu’à des pays alliés comme la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et l’Allemagne. Aujourd’hui, après des semaines de discussions, certains éléments clés sont connus. Le dirigeant ukrainien a en effet présenté cinq points, tandis que trois autres ont été délibérément gardés secrets, écrit Lorenzo Piccioli dans «Formiche.net».
Le premier point du plan de Zelensky concerne l’invitation inconditionnelle et immédiate à l’OTAN, qui se concrétisera plus tard, mais qui enverrait un signal important. «Nous sommes conscients que l’adhésion à l’OTAN est une question d’avenir et non de présent. Mais le président russe Vladimir Poutine voit bien que ses calculs géopolitiques sont voués à l’échec», a déclaré Zelensky à cet égard.
Il a ensuite évoqué le deuxième point, en déclarant que la capacité de défense de l’Ukraine doit être «renforcée de manière irréversible», en décrivant un certain nombre de moyens pour y parvenir, notamment la livraison continue de systèmes d’armes à Kiev par les pays partenaires, et le renforcement de l’industrie de la défense, le renforcement des capacités de défense aérienne, la suppression des restrictions sur l’utilisation des armes et la poursuite des opérations militaires ukrainiennes sur le territoire russe.
Le troisième point évoqué par Zelensky, qui a toutefois précisé qu’il existe aussi un plan «annexe» secret à cette partie du point, dit que «l’Ukraine propose de placer sur son territoire un ensemble complet de moyens de dissuasion stratégique non nucléaire qui sera suffisant pour protéger le pays de toute menace militaire de la Russie». Il convient de rappeler que les Occidentaux refusent d’autoriser Kiev à utiliser librement sur le sol russe les missiles qu’ils livrent, craignant une escalade, alors que Poutine a plusieurs fois menacé de recourir à l’arme nucléaire.
En quatrième point, le Président Zelensky a proposé la signature d’un accord entre l’Ukraine, les États-Unis, l’Union européenne et d’autres alliés non nommés. Cet accord permettrait d’investir et d’utiliser conjointement des ressources naturelles de l’Ukraine, qui «comprennent notamment l’uranium, le titane, le lithium, le graphite et d’autres ressources stratégiquement précieuses qui renforceront, soit la Russie et ses alliés, ou l’Ukraine et le monde démocratique dans la compétition mondiale», a déclaré Zelensky, précisant également que leur valeur s’élève à plusieurs milliards de dollars.
Le dernier point abordé par Zelensky concerne la période qui suivra la fin de la guerre et concerne le remplacement de certaines troupes américaines stationnées en Europe par des troupes ukrainiennes. Sur ce plan, il rejette l’idée de céder des territoires à Moscou en échange de la paix, malgré le manque d’hommes et de ressources, susmentionné, pour l’armée ukrainienne. «La Russie doit perdre la guerre contre l’Ukraine. Il ne peut y avoir de « gel » du front. Il ne peut y avoir d’échange concernant le territoire de l’Ukraine ou sa souveraineté», a-t-il déclaré.
Zelensky a reconnu la lassitude croissante de son pays, dont le moral s’est progressivement effondré sous le poids d’un nombre croissant de morts, d’une loi de mobilisation controversée et des assauts incessants des Russes sur le territoire ukrainien. Mais le dirigeant ukrainien n’a fait aucune allusion à un compromis qui permettrait de rapprocher la fin de la guerre. Au contraire, il a réitéré qu’il souhaitait forcer la Russie à négocier et à ne pas céder le territoire ukrainien, en renforçant ses forces armées. Il a également déclaré que son vaste plan pourrait être mis en œuvre avec l’accord de ses alliés et non de la Russie.
Immédiatement après le discours de Zelensky, le Kremlin a qualifié le plan du président ukrainien de «plan de paix éphémère», affirmant que Kiev devait «se dégriser». Autant de chiffons rouges pour Moscou, qui a rejeté les propositions du Président ukrainien. «Le seul plan de paix qui puisse être, c’est la compréhension par le régime de Kiev que sa politique est sans perspective et qu’il est nécessaire de se réveiller», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que la seule manière de mettre fin à la guerre était que l’Ukraine «prenne conscience de la futilité de la politique qu’elle mène».