Erdogan frappe à la porte des BRICS, qu’advient-il des relations avec l’OTAN ?

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(Rome, Paris, 04 septembre 2024). Selon certaines sources, la Turquie, frustrée par l’absence de progrès dans son adhésion à l’Union européenne, se tournerait vers l’alliance des BRICS pour construire et créer de nouveaux liens allant au-delà des relations avec l’Occident

Il est bien connu que Recep Tayyip Erdoğan recherche depuis un certain temps, avec un intérêt stratégique, un nouveau centre de gravité géopolitique : les nouvelles économies développées appartiennent à un quadrant situé sur le continent asiatique. Mais à partir de là, jusqu’à l’adhésion officielle à la cause de l’alliance BRICS, si, d’une part, le pas pouvait être court, de l’autre, il déclencherait une série de réactions concernant la bivalence géopolitique d’Ankara, écrit Francesco De Palo dans «Formiche.net».

Entre l’Est et l’Ouest

Après les premières rumeurs remontant à juin dernier, selon certaines sources, la Turquie, frustrée de son échec à adhérer à l’Union européenne, se tournerait vers l’alliance des BRICS pour construire de nouveaux liens allant au-delà des relations avec l’Occident.

Dans un récent rapport, la chaîne de télévision «Haberturk», citant des sources au sein de l’administration présidentielle turque, a indiqué que le président Erdogan a été invité au prochain sommet des BRICS et qu’il allait y participer.

Bloomberg rapporte que la Turquie a officiellement demandé son adhésion, en partie à cause d’une série de différences avec les autres membres de l’OTAN. Une démarche qui, dans une certaine mesure, est confirmée par les déclarations d’Erdogan selon lesquelles la Turquie peut devenir «un pays fort, prospère, prestigieux et efficace si elle améliore simultanément ses relations avec l’Est et l’Ouest et que toute autre méthode ne profitera pas à la Turquie, mais lui nuira». Si cela devait se concrétiser, la Turquie serait le premier pays de l’OTAN à rejoindre les BRICS.

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Vers les BRICS

Les liens d’Ankara avec Moscou font débat au sein de l’alliance atlantique, même si en réalité l’alliance des BRICS n’est qu’un conclave économique, contrairement à l’OTAN : mais comme les trajectoires géopolitiques ont également changé en raison de l’inclusion de l’économie dans le panier des questions les plus stratégiques, les relations globales avec l’Occident pourraient avoir des conséquences. Il ne faut pas oublier que le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, était le responsable turc le plus enclin aux relations avec la Chine.

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Les BRICS comprennent la Chine, le Brésil, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud. Depuis cette année, ils comptent quatre nouveaux membres : l’Iran, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Égypte. L’Arabie saoudite a été invitée à y adhérer. Ils se considèrent comme une alternative au G7, c’est pourquoi la demande turque a été un sujet de discussion lors du dernier sommet des BRICS à Nijni Novgorod.

Les scénarios

En parcourant les déclarations officielles du Kremlin au printemps dernier, la Russie avait salué l’intention de la Turquie de rejoindre le groupe des nations, comme l’a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon lequel il existe un fort intérêt pour les BRICS de la part de divers États.

Par ailleurs, les relations politiques et économiques de la Turquie avec la Chine et la Russie sont très solides. Ankara et Pékin partagent un travail intensif dans des domaines clés tels que l’énergie, le commerce et la coopération militaire. En 2022, les investissements directs étrangers chinois en Turquie ont atteint 1,7 milliard de dollars, ce qui est indispensable pour atténuer l’impact de la dévaluation de la monnaie turque, la livre, qui a atteint un niveau historiquement bas de 33 pour un dollar, il y a deux ans. Parmi les nouvelles initiatives, il faut souligner la décision du constructeur chinois de voitures électriques BYD d’investir 1 milliard de dollars dans une nouvelle usine en Turquie pour la production de 150.000 véhicules électriques et hybrides par an. L’usine ouvrira ses portes d’ici 2026. Sans oublier qu’Erdogan a été parmi les premiers à rejoindre l’initiative «la Ceinture et la Route» de Pékin en 2015.

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Au chapitre de l’énergie, il faut mentionner le nouveau projet de centrale nucléaire (la troisième) dans la région turque de Thrace orientale, à Kirklareli, qui entraînera physiologiquement de nouvelles tensions avec les Etats-Unis qui sanctionnent les entreprises (y compris turques) qui aident la Russie.

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En outre, la centrale nucléaire est déjà en construction en Turquie par la société russe Rosatom, avec des effets annexes conséquents tant sur l’accord sur le blé (ostracisé par Moscou) que sur le dossier énergétique, étant donné que la Russie construit une base navale en Libye, là où Erdogan est le nouveau meneur.

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