Tremblement de terre politique en Israël : Benny Gantz quitte le gouvernement et Ben-Gvir demande à «rejoindre le cabinet de guerre»

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(Rome, Paris, 09 juin 2024). Le chef du parti centriste Unité nationale a décidé de se retirer de l’exécutif en raison de l’absence de plan pour mettre fin à la guerre avec le Hamas et pour l’avenir de la bande de Gaza

Benny Gantz a quitté le cabinet de guerre israélien. Le chef du parti centriste Unité nationale a décidé de se retirer de l’exécutif faute d’un plan visant à mettre fin à la guerre avec le Hamas et pour l’avenir de la bande de Gaza. Sa démission était attendue dès le samedi 8 juin, mais le succès de l’opération de libération de quatre otages l’avait conduit à la reporter au lendemain. Gadi Eisenkot, un député du parti de Gantz qui occupait le rôle d’observateur au sein du cabinet, a également démissionné. «Malgré les efforts de nombreuses personnes, notamment ceux de mon collègue, le cabinet que vous dirigez a, pendant longtemps, été empêché de prendre des décisions décisives, nécessaires pour réaliser les objectifs de la guerre et améliorer la position stratégique d’Israël», a-t-il écrit dans une lettre envoyée au Premier ministre Benyamin Netanyahu, comme le rapporte Filippo Jacopo dans «Il Giornale».

«Nous avons établi un gouvernement d’urgence grâce à un partenariat de destin, et non à un partenariat politique», a déclaré Benny Gantz lors d’une conférence de presse. «Des mois après la catastrophe, la situation dans le pays et dans la salle de décision a changé, et Netanyahu et ses partenaires ont transformé l’unité en un appel enthousiaste. En réalité, les décisions stratégiques se heurtent à des hésitations et sont tergiversées par des considérations politiques. Gantz a ajouté que le Premier ministre empêche Israël d’avancer «vers la victoire», c’est-à-dire la libération des otages, le remplacement du Hamas par un nouveau gouvernement à Gaza et la création d’une alliance régionale contre l’Iran. «Il est opportun qu’à l’automne nous organisions des élections qui établiront enfin un gouvernement qui gagnera la confiance du peuple. J’appelle Netanyahu à convenir d’une date pour les élections et à ne pas laisser notre peuple se déchirer», a-t-il déclaré.

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Le leader d’Unité nationale a exhorté tous les membres de la Knesset «qui ont compris la direction dans laquelle nous allons» à suivre leur conscience. Il s’est notamment adressé au ministre de la Défense Yoav Gallant, reconnaissant ses compétences, son courage et son patriotisme démontrés depuis le début de la guerre et en l’appelant à «faire ce qui est juste». Gantz a ensuite présenté ses excuses aux familles des otages pour ne pas avoir pu ramener leurs proches à la maison et a assumé une part de responsabilité dans l’échec du sauvetage de nombreux citoyens israéliens toujours retenus captifs à Gaza. Il a également exprimé son soutien à un accord avec les terroristes sur la base de la proposition présentée par le président américain Joe Biden.

Alors que Gantz faisait son annonce, le Premier ministre Benyamin Netanyahu s’est adressé à lui sur X. «Israël est engagé dans une guerre existentielle sur plusieurs fronts», a-t-il écrit sur la plateforme d’Elon Musk. «Benny, ce n’est pas le moment d’abandonner la campagne, c’est le moment d’unir nos forces». Le Premier ministre a également promis de continuer jusqu’à la victoire et la réalisation de tous les objectifs de la guerre, en premier lieu la libération des otages et l’élimination du Hamas. «Ma porte restera ouverte à tout parti sioniste disposé à assumer le fardeau et à contribuer à la victoire sur nos ennemis et à assurer la sécurité de nos citoyens», a-t-il conclu. De plus, après l’annonce de Gantz, le ministre de la Sécurité nationale et leader d’extrême droite Itmar Ben-Gvir a demandé à rejoindre le cabinet de guerre. «En tant que ministre, chef de parti et principal allié de la coalition, je demande à être inclus dans ce cabinet afin d’être associé à la politique de sécurité d’Israël», a-t-il déclaré.

L’ancien chef d’état-major de Tsahal avait rejoint le gouvernement présidé par Benyamin Netanyahu après les attentats du 7 octobre dernier, pour renforcer l’unité du pays. Sa présence a également aidé l’État hébreu à maintenir de bonnes relations et à une certaine crédibilité auprès de ses alliés, compte tenu des relations entre Gantz et les responsables à Washington.

Sa démission ne constitue pas une menace immédiate pour la stabilité du gouvernement puisque la coalition de Netanyahu conserve toujours la majorité, mais elle rendra le Premier ministre plus dépendant du soutien des partis d’extrême droite, opposés à un accord avec le Hamas et partisans d’une opération de grande envergure contre le Hezbollah au Liban. Au cours de la dernière période, ces deux points ont provoqué des frictions entre les dirigeants ultra-orthodoxes et le Premier ministre, qui pourrait à l’avenir être contraint de se plier à leurs exigences pour rester au pouvoir.