Israël-Iran : infowar et diplomatie pour éviter le pire entre les deux pays

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(Paris, Rome, 12 avril 2024). Entre des tactiques de dissuasion plus indirectes, des informations de renseignement et des communications diplomatiques incessantes, on tente d’éviter l’escalade. Mais l’Iran semble avoir décidé d’attaquer Israël

Deux responsables américains ont déclaré à CBS News qu’une attaque iranienne majeure contre Israël – en représailles au raid sur Damas – pourrait avoir lieu dès aujourd’hui, comprenant probablement plus de 100 drones et des dizaines de missiles visant des cibles militaires à l’intérieur du pays. Les responsables ont déclaré qu’il serait difficile pour les Israéliens de se défendre contre une attaque d’une telle ampleur (c’est ce qu’on appelle la «technique de saturation», remplissant le ciel de vecteurs d’attaque pour empêcher la défense aérienne d’être efficace contre chacun d’entre eux). Et, tout en soutenant la possibilité que les Iraniens optent pour une attaque de moindre envergure pour éviter une escalade dramatique, leurs représailles sont considérées comme imminentes, un succès iranien à court terme : créer un battage médiatique et susciter la peur chez les Israéliens, écrit Emanuele Rossi dans «Formiche.net».

Le sénateur de Floride Marco Rubio fait la lecture la plus lucide de toutes : «Téhéran veut lancer une attaque à grande échelle contre Israël à partir de son territoire. Israël répondra immédiatement par une contre-attaque encore plus écrasante à l’intérieur de l’Iran. Ce qui se passera ensuite sera le moment le plus dangereux au Moyen-Orient depuis 1973». Il s’agit d’une déclaration importante car Rubio est vice-président de la commission spéciale du Sénat américain sur le renseignement et, à ce titre, est membre du «Gang of Eight/ la bande des huit», les huit leaders du Congrès qui sont constamment au fait des informations les plus sensibles des services de renseignement américains.

« Ces derniers jours, nous avons surveillé les mouvements militaires iraniens liés à une éventuelle attaque contre Israël », a déclaré à la chaine «Al-Jazeera» un responsable américain, ajoutant que « les indicateurs montrent que l’Iran se prépare à attaquer prochainement ». C’est ce flux d’informations qui s’ajoute à l’inquiétude. Mais aussi de l’espoir. La fuite d’informations de renseignement par des responsables américains sert à empêcher, influencer ou modifier le cours des plans de représailles. Cela s’était déjà produit en 2022, alors que Téhéran était censé attaquer le royaume « dans les 48 heures », mais cette attaque n’a jamais eu lieu.

Les fuites stratégiques font partie des outils utilisés dans la guerre de l’information. Elles servent à montrer à Téhéran que les États-Unis surveillent, observent les communications et sont prêts à faire face à toutes les circonstances. Ils sont donc prêts à réagir, comme le montrent les deux appels téléphoniques entre les ministres de la Défense et la visite du chef du CentCom, Eric Kurilla, en Israël pour coordonner la situation avec son allié (qui devient de plus en plus compliquée), même si elle pourrait être limitée, c’est que le Qatar et le Koweït pourraient ne pas laisser leurs bases être utilisées pour d’éventuelles contre-attaques (comme cela s’est déjà produit lors de la réaction à l’attaque de la Tour 22). De nombreuses informations des services de renseignement avaient également été révélées concernant le regroupement des forces russes à la frontière ukrainienne entre janvier et février 2022. Là encore, elles étaient censées servir de dissuasion, mais Vladimir Poutine n’a pas été dissuadé.

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À cette communication sophistiquée s’ajoute celle menée par la diplomatie. En l’espace de quelques heures, le jeudi 11 avril, le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est entretenu avec l’Arabie saoudite, la Chine et la Turquie. Le même jour, le ministère iranien des Affaires étrangères a lancé des appels à l’Arabie saoudite, au Royaume-Uni, à l’Allemagne et à la Turquie. Nous veillons à ce que l’action soit limitée, tout comme la réaction.

Premiers résultats : selon les informations d’Al Monitor, le cabinet de guerre israélien a choisi de réagir à toute attaque qu’il subit (au nom) de l’Iran, mais si elle devait être menée par l’intermédiaire de mandataires régionaux, la réaction serait plus contenue. Des sources locales (absolument invérifiables) évoquent la possibilité que l’attaque soit lancée depuis le Golan, par l’intermédiaire des milices syriennes et irakiennes, avec le Hezbollah et les Pasdaran qui pourraient jouer un rôle de coordination mais non direct. Ceci, dans la pragmatique du conflit, permettrait d’éviter une escalade architecturale et pourrait être l’un des effets de la pression diplomatique et de renseignement autour de ce dossier.

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Au moment de la rédaction de cet article, la Farnesina (le Ministère italien des Affaires étrangères) confirme l’existence d’un «long appel téléphonique» entre le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani et son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian (rouvrant ainsi des contacts jusqu’alors plus froids). Au cours de la discussion, la position du gouvernement en faveur de la paix et de la désescalade et pour éviter la régionalisation (du conflit) a été réitérée, Tajani soulignant dans la déclaration à l’issue de la réunion qu’il avait personnellement « exhorté Téhéran à la retenue », soulignant la nécessité de « garantir la sécurité des forces militaires au Liban et de nos navires marchands en mer Rouge ».

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« J’ai appelé mon collègue iranien à la modération. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’une escalade dans une phase extrêmement volatile comme celle que nous traversons actuellement. Tous les acteurs régionaux doivent faire preuve de responsabilité. L’Italie reste en première ligne, notamment en tant que présidente du G7, pour éviter une extension du conflit au Moyen-Orient, pour faire baisser la tension et faciliter le dialogue. La période que nous vivons est un moment décisif pour revenir à une dynamique de paix dans la région », explique la note de la Farnesina.