Ukraine : les réactions aux propos du Pape François sur le drapeau blanc

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(Rome, Paris, 12 mars 2024). Inévitablement, les déclarations de Bergoglio sur la possibilité pour l’Ukraine de se rendre sont devenues une affaire. À l’embarras international s’ajoute celui du Saint-Siège

« Au Secrétariat d’État, on ne sait pas pour quel saint voter », c’est le seul commentaire embarrassant qui fuit du Vatican à propos de la déclaration retentissante du Pape François qui, dans une interview à la télévision suisse, à propos de l’Ukraine, a déclaré textuellement : « Quand on voit qu’on est vaincu, que ça ne va pas, il faut avoir le courage de négocier ».

Le Bureau de Presse du Vatican, a précisé que « le Pape a repris l’image du drapeau blanc proposée par l’intervieweur, pour indiquer la cessation des hostilités, la trêve conclue avec le courage de la négociation. Son souhait est une solution diplomatique pour une paix juste et durable », a en outre donné l’impression que les déclarations du Pape représentaient un objectif diplomatique international colossal, écrit Gianfranco D’Anna dans «Formiche.net».

«C’est comme si le Pape disait qu’il faut négocier avec le diable qui veut vous entraîner en enfer», telle est en substance l’évaluation qui circule dans les capitales occidentales. Une évaluation renforcée par la position immédiate de Moscou qui applaudit les propos du Souverain Pontife et souligne qu’ils faisaient référence aux pays occidentaux qui soutiennent l’Ukraine dans la guerre contre la Russie. Sans dire qu’il s’agit d’une guerre d’agression déclenchée par la Russie et que l’Ukraine se défend.

« Plutôt que le pape, on dirait que c’était le patriarche russe Cyrille qui parlait, plus dévoué à Poutine qu’à Dieu », est l’une des critiques les plus sévères qui circulent à l’encontre des propos du Pape François.

L’ambassade d’Ukraine auprès du Saint-Siège écrit dans une note : « Personne n’a demandé de négocier avec Hitler ». Et le chef de l’Église gréco-catholique de Kiev d’ajouter : « Personne ne veut se rendre. L’Ukraine n’a aucune possibilité de se rendre. L’Ukraine est blessée mais invaincue, elle est épuisée, certes, mais toujours debout ».

A lire : Ukraine. La réponse de l’UE au Pape : «drapeau blanc ? Nous sommes pour une paix juste»

La représentation diplomatique de Kiev au Vatican ajoute : « Quand on parle de la Troisième Guerre mondiale, il est nécessaire de tirer les leçons de la dernière guerre : quelqu’un a-t-il alors parlé de négociations de négociations de paix avec Hitler et d’un drapeau blanc pour le satisfaire ? La leçon est donc unique : si nous voulons mettre fin à la guerre, nous devons tout faire pour la gagner ».

Pour le président de la Lettonie Edgars Rinkevics : « Nous ne devons pas capituler face au mal, nous devons le combattre et le vaincre ».

Plus explicites encore sont les déclarations du président de l’Association chrétienne des Ukrainiens d’Italie, Oles Horodetsky : « Les paroles du Pape Bergoglio sur le ‘courage de hisser le drapeau blanc’, sur le fait de ‘négocier quand on se voit vaincu’ sont choquantes, embarrassantes et profondément offensantes envers un peuple qui tente de survivre depuis plus de deux ans à la terrible et criminelle agression russe ».

« Nous répondons à la demande de capitulation du bourreau du Kremlin par la résistance », déclare Horodetsky. Et d’ajouter : « Jamais nous n’aurions imaginé recevoir la même demande de la part de notre Pape, chef de l’Église catholique et prédicateur de l’Évangile. Il est inacceptable pour un chrétien de se rendre au mal et au péché que représente aujourd’hui la Russie de Vladimir Poutine. Défendre sa vie et son foyer est un devoir sacro-saint de tout citoyen. C’est précisément en ce temps difficile, poursuit-il, qu’entendre ces appels malheureux de la part du Pape est très décevant. L’Ukraine n’a pas été vaincue et nous n’avons constaté aucune volonté de capitulation de la part de notre peuple. Nous attendons du Pape une condamnation ferme des péchés russes d’agression, de meurtres de masse, de violence et de destruction. Nous espérons que le Pape fera appel à Poutine pour qu’il mette fin à l’agression et quitte l’Ukraine. Nous attendons du Pape qu’il soit le promoteur d’une paix juste et certainement pas un allié moral de l’agresseur ». La parole, ajoute-t-il, « a une grande importance surtout lorsqu’il s’agit de la parole du Pontife, et elle doit être utilisée avec beaucoup de prudence et de responsabilité pour ne pas nuire à l’Église du Christ et à la foi de ses fidèles ».

Des déclarations auxquelles, dans un silence surréaliste, personne n’a jusqu’ici répondu. Ni par le Secrétariat d’État ni par la Conférence épiscopale italienne, alors que le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin et le président de la CEI et le cardinal Matteo Zuppi, ont été les protagonistes des differantes initiatives et missions de paix internationales lancées par le Pape François à l’égard de Kiev et de Moscou. Un silence raisonnable vaut mieux que des paroles dénuées de sens.