(Paris, Rome, 04 mars 2024). Ce qui représentait jusqu’à présent l’un des trois fronts de la guerre d’Israël contre le Hamas et ce que l’on appelle « l’Axe de la résistance » risque désormais de se transformer en un nouveau conflit entre « l’État hébreu » et le Liban, après celui de 2006. C’est la première fois depuis l’attaque du 7 octobre contre les kibboutz israéliens, après des mois d’échanges de tirs de part et d’autre de la frontière nord entre Tsahal et les miliciens du Hezbollah, que les forces armées israéliennes ont tenté deux incursions terrestres sur le territoire libanais, selon un récit du «Parti de Dieu», comme le rapporte «Il Fatto Quotidiano».
Des incursions qui, selon la narration des milices chiites libanaises, ont été repoussées mais qui, si elles se confirmaient, sont particulièrement préoccupantes en raison du changement de posture décidé par Tel-Aviv. Une invasion terrestre après celle de 2006 signifierait que le gouvernement de Beyrouth devrait préparer un pays dévasté, en proie à une crise économique et politique, à une nouvelle et douloureuse guerre. Une éventualité qu’on tente d’éviter au Pays du Cèdre depuis le 7 octobre dernier, lorsque les affrontements entre Israël et le Hezbollah ont commencé le lendemain, mais qui deviendrait inévitable si Tsahal mettait les pieds sur le territoire libanais.
Selon deux communiqués diffusés par les miliciens chiites, leurs combattants ont réussi à déjouer la première tentative d’infiltration à travers la ligne de démarcation près de Rmeish, tandis qu’une autre tentative a été stoppée quelques kilomètres plus à l’ouest, toujours le long de la ligne de démarcation, près de Ramiyé, non loin de la caserne israélienne de Zarit (en Galilée occidentale).
Cette nouvelle intervient à un moment crucial, puisque le négociateur américain entre le Hezbollah et Israël, Amos Hochstein, est attendu dans le pays ce lundi 4 mars, pour une nouvelle série de négociations visant à « geler le front sud » du Liban où opère le mouvement armé libanais pro-iranien. Hochstein rencontrera le président du Parlement Nabih Berri, allié du Hezbollah et chef du parti chiite Amal.
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Il doit également rencontrer le Premier ministre sortant Najib Miqati, à la tête d’un gouvernement comprenant des ministres du Hezbollah, ainsi que le commandant en chef des forces armées libanaises, le général Joseph Aoun, qui revient tout juste d’une visite institutionnelle en Italie.
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Selon les médias libanais, « Hochstein vise à séparer le conflit entre le Hezbollah et Israël de celui de Gaza » et proposera aux interlocuteurs institutionnels libanais, proches du Hezbollah, un plan de désescalade composé de trois phases : l’arrêt des opérations militaires et le retour consécutif des personnes déplacées, le déploiement de l’armée libanaise dans le sud du pays où opère actuellement le Hezbollah, et l’ouverture des négociations pour la démarcation de la frontière terrestre entre le Liban et Israël. Selon certains analystes libanais, la demande de présence de l’armée régulière libanaise dans le Sud représente une tentative de Tel-Aviv d’atténuer la pression du Hezbollah. Ces incursions contribuent cependant à accroître les tensions entre les parties.
Le Hezbollah a envoyé un message clair à Israël. Le parti armé s’est déclaré prêt à tout scénario de guerre avec « l’État hébreu », comme l’a déclaré Nabil Kawouk, membre du conseil central : « La résistance s’est préparée à toutes les possibilités d’escalade afin de remporter une victoire supérieure à celle de juillet 2006. Au Liban, nous poursuivons nos opérations sur le terrain pour soutenir Gaza et protéger notre peuple et notre pays. Nos réponses (aux attaques israéliennes, ndlr) seront plus sévères qu’auparavant ». Pendant ce temps, le Parti de Dieu a tiré une nouvelle roquette qui a touché le village de Margaliot, en Haute Galilée.