Les réactions internationales sur les raids au Yémen

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(Rome, Paris, 12 janvier 2024). L’action menée par les Anglo-Américains contre les cibles Houthis qui a eu lieu la nuit dernière a déclenché différentes réactions. Alors que Riyad tente de calmer le jeu, Ankara utilise des tons violents. Pendant ce temps, une mission européenne se dessine à l’horizon

Les tensions en mer Rouge se sont rapidement intensifiées ces dernières heures, qui ont culminé avec les attaques lancées la nuit dernière par des unités militaires anglo-américaines (soutenues par d’autres pays alliés) contre des positions anti-aériennes et des systèmes radar houthis situés au Yémen. La réaction du groupe rebelle yéménite, qui a qualifié de « barbare » l’action de Londres et de Washington et qui a rendu publique son intention de poursuivre les attaques contre les « navires à destination d’Israël », a été immédiate, tel que rapporté par «Formiche.net».

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« Ces attaques ont lieu dans le but d’étendre le plein soutien des États-Unis et du Royaume-Uni, enregistré au cours des 100 derniers jours, aux crimes de guerre du régime sioniste contre le peuple palestinien et les citoyens assiégés à Gaza », a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué publié quelques heures après l’annonce des attaques, tandis que le porte-parole du ministère, Nasser Kanaani, a qualifié ces attaques de «violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen et une violation du droit international».

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Peu auparavant, le groupe libanais Hezbollah (mandataire de Téhéran) avait également condamné « l’agression anglo-américaine flagrante » contre le Yémen.

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« L’agression américaine confirme une fois de plus que les États-Unis sont un partenaire à part entière dans les tragédies et les massacres commis par l’ennemi sioniste à Gaza et dans la région. Ils sont les seuls à continuer de soutenir la machine à tuer, à détruire et à couvrir son agression, ses crimes et ses attaques contre tous ceux qui se tiennent aux côtés du peuple palestinien opprimé dans toute la région ».

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Tout aussi sévère a été le commentaire du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan, qui a condamné les attaques, affirmant que les États-Unis et la Grande-Bretagne « tentent de transformer la mer Rouge en une mer de sang ».

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Le Sultan (Erdogan) a qualifié la réponse des deux pays occidentaux de « disproportionnée », avertissant que les Houthis « mettent en œuvre une défense efficace en réponse aux actions américaines ».

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La réaction saoudienne a été d’un ton différent. Le ministère des Affaires étrangères de Riyad a appelé à la retenue et à « éviter l’escalade » après les attaques, affirmant qu’il surveillait la situation avec « une grande préoccupation » : « Le Royaume d’Arabie souligne l’importance de maintenir la sécurité et la stabilité de la région de la mer Rouge, car la liberté de la navigation y est une exigence internationale ».

Entre-temps, l’Union européenne a présenté (bien avant les attaques anglo-américaines) une proposition à différents États membres pour le déploiement d’«au moins trois destroyers ou frégates anti-aériennes dotés de capacités multi-missions» pendant environ «un an», afin de protéger le trafic commercial en mer Rouge. Les réactions ont été diverses : alors que le gouvernement allemand, par l’intermédiaire du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Sebastian Fischer, a réitéré sa volonté de participer à la mission, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a fait savoir que son pays ne participerait pas à cette initiative, précisant que Madrid ne recevait aucune « pression » de qui que ce soit pour prendre ses décisions.

Quant à la position de l’Italie sur l’initiative européenne, l’agence de presse Reuters a rapporté une source gouvernementale, selon laquelle Rome a décliné l’invitation à se joindre à l’action militaire de la nuit dernière, préférant poursuivre une politique de « pacification » en mer Rouge. Peu de temps après, une correction est arrivée du Palazzo Chigi (le siège de la Présidence du Conseil des ministres), selon laquelle l’Italie «a été prévenue par les alliés plusieurs heures à l’avance, mais n’a pas été invitée à participer à l’opération militaire».

« Nous ne pouvons pas mettre en œuvre des actions de guerre sans débat au Parlement », a commenté le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, soulignant « le soutien politique de notre pays à cette action qui vise à défendre le trafic maritime international ». Tajani a ensuite rappelé que Rome avait signé un document en faveur de la liberté de navigation afin de lutter politiquement pour la libre circulation maritime.