(Paris, Rome, 06 janvier 2024). Les États-Unis préparent des plans militaires en vue d’une probable extension du conflit à l’ensemble du Moyen-Orient. La campagne de réélection de Joe Biden est également menacée
La Maison Blanche se prépare au pire face à une éventuelle escalade de la crise au Moyen-Orient, qui a commencé avec les attentats du Hamas le 7 octobre. Certains responsables de l’administration Biden, comme le rapporte le site Politico, préparent des plans de réponse à des scénarios de plus en plus probables qui impliqueraient une intervention directe des États-Unis dans la région, écrit Valerio Chiapparino dans «Il Giornale».
Les raisons de s’alarmer sont nombreuses. Parallèlement à la guerre entre Israël et les islamistes dans la bande de Gaza, les mandataires pro-iraniens au Yémen, en Syrie et en Irak ont en effet multiplié les attaques contre les troupes américaines présentes dans la zone, et le trafic commercial vers et depuis le canal de Suez a été largement détournée en raison des assauts des Houthis. La «frappe chirurgicale», attribuée aux Israéliens, qui a neutralisé le numéro deux de l’organisation islamiste Hamas à Beyrouth et l’attaque en Iran, revendiquée par l’EI, ont ensuite contribué à accroître encore plus la tension ces derniers jours. Il convient de rappeler que le ministère iranien de l’Information a annoncé le 5 janvier, que deux kamikazes responsables de la double explosion ont été identifiés, dont un était de nationalité tadjike.
L’une des situations les plus préoccupantes concerne les provocations des Houthis en mer Rouge. Les États-Unis et leurs alliés ont lancé un ultimatum aux miliciens yéménites les invitant à cesser les frappes de drones et les attaques, au nombre de 25 depuis fin novembre, contre les navires marchands, menaçant de «graves conséquences» dans le cas contraire. Politico indique que l’armée américaine a déjà préparé un plan visant à frapper des cibles liées aux Houthis au Yémen, déplaçant à cet effet le porte-avions Dwight D. Eisenhower du golfe Persique au golfe d’Aden. La CIA serait en train d’intensifier ses opérations de renseignement afin de déjouer les nouvelles actions ciblées, menées ces dernières semaines contre les troupes américaines en Irak et en Syrie.
Jusqu’à présent, Washington a modéré sa réponse militaire contre les mandataires de Téhéran afin de ne pas provoquer de réaction iranienne et a agi en coulisses pour convaincre le régime des ayatollahs de tenir à distance ses alliés dans la région. Toutefois, la Maison Blanche serait parvenue à la conclusion que les efforts déployés n’ont pas abouti au résultat escompté et les hommes du Président s’attendent à une multiplication des activités hostiles de «l’axe de la résistance» au Moyen-Orient dans les jours à venir.
Ainsi, le point de rupture qui conduirait à l’explosion d’un conflit régional et prolongé au cours d’une année cruciale pour les Etats-Unis appelés à voter pour les élections présidentielles de novembre prochain, semble approcher.
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Le scénario que beaucoup redoutent au «1600 Pennsylvania Avenue» est une crise de politique étrangère paralysante, qui, à l’instar de ce qui est arrivé au président Jimmy Carter en 1980, empêcherait le candidat démocrate de remporter un second mandat, ouvrant ainsi la voie au retour de Donald Trump, actuellement indiqué dans les sondages comme le favori à l’investiture républicaine.
«Bien que les États-Unis tentent d’empêcher l’extension de la guerre de Gaza, tout ne dépend pas de nous» déclare Mick Mulroy, ancien sous-secrétaire à la Défense sous l’administration Trump, ajoutant que «toutes les alarmes sonnent pour le déclenchement d’un conflit régional». Justin Logan, expert au «Cato Institute» (un centre de recherches en politiques publiques, dédié aux principes de liberté individuelle), affirme que «les présidents sortants sont toujours blâmés pour les événements négatifs, qu’ils en soient responsables ou non». Les enjeux pour Joe Biden n’ont jamais été aussi importants. Le président en est conscient et d’ici novembre, ce sera à lui de tenter de sauver non seulement le Moyen-Orient mais aussi sa présidence.