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Le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à une aide humanitaire à Gaza, mais pas de répit

(Rome, Paris, 22.12.2023). Antonio Guterres, déçu, déclare que « le seul moyen est un cessez-le-feu humanitaire ». Les États-Unis et la Russie s’abstiennent. L’appel à un arrêt immédiat des combats est absent du texte

Après d’âpres négociations, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à l’acheminement « à grande échelle » d’une aide humanitaire à Gaza, sans appeler à un cessez-le-feu immédiat, auquel les États-Unis s’étaient opposés.

La résolution adoptée par 13 voix pour, aucune voix contre et deux abstentions (États-Unis et Russie) « appelle toutes les parties à autoriser et faciliter l’acheminement immédiat, sûr et sans entrave, d’une aide humanitaire de grande ampleur » à Gaza et appelle « à adopter d’urgence » des mesures à cet égard et à « créer les conditions d’une cessation durable des hostilités », rapporte l’agence «AGI».

Le texte prévoit également l’utilisation de « toutes les voies d’accès et de circulation disponibles dans l’ensemble de la bande de Gaza » pour l’acheminement de carburant, de nourriture et de matériel médical sur tout le territoire de l’enclave palestinienne.

« Nous savons que ce n’est pas un texte parfait et que seul un cessez-le-feu mettra fin aux souffrances », a commenté l’ambassadrice des Emirats Lana Zaki Nousseibeh, à l’origine de la résolution. « Si nous ne prenons pas des mesures drastiques, il y aura la famine à Gaza », et ce texte « répond par des faits à la situation humanitaire désespérée du peuple palestinien », a ajouté la diplomate, avant le vote au siège de l’ONU à New York.

La résolution, fruit de longues discussions sous la menace d’un nouveau veto américain, a été édulcorée par rapport à la version plus ambitieuse proposée dimanche par les Emirats. La référence à une « cessation urgente et durable des hostilités », présente dans le texte de dimanche, a disparu, tout comme la demande moins directe, dans une version ultérieure, d’une « suspension urgente des hostilités ». Des sources ont par ailleurs indiqué qu’aucune date butoir n’est imposée à l’offensive de Tsahal, mais les signes de l’exaspération américaine se multiplient. Rappelons que depuis le début de la guerre le 7 octobre, le Conseil de sécurité n’était parvenu à sortir de son silence qu’une fois, adoptant le 15 novembre une résolution qui appelait à des pauses humanitaires.

Un amendement russe visant à relancer l’appel à une « cessation urgente des hostilités » a été bloqué par les Etats-Unis, qui y ont opposé leur veto. Les membres du Conseil de sécurité voulaient éviter un nouveau veto américain, alors que les habitants de la bande de Gaza, bombardés par les forces israéliennes en représailles à l’attaque sanglante et sans précédent du Hamas le 7 octobre, risquent désormais la famine. Le Conseil de sécurité a été largement critiqué pour son inaction depuis le début de la guerre.

Les négociations sur cette nouvelle résolution ont également été intenses concernant les modalités de la création d’un mécanisme de suivi pour garantir le caractère « humanitaire » de l’aide. Israël, qui souhaite garder le contrôle des convois humanitaires, s’est opposé à ce que l’ONU soit seule responsable de ce mécanisme.

La version adoptée propose un système sous l’égide d’un « coordinateur » onusien chargé d’«accélérer» le processus d’acheminement en « consultation » avec les parties. Un autre point délicat est l’absence, là encore dans le texte, d’une condamnation (et même du nom) du Hamas, désapprouvé par Israël et les Etats-Unis. Le texte déplore « tous les actes de terrorisme » ainsi que « toutes les attaques contre des civils » et appelle à la libération « sans condition » de tous les otages.

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