(Rome, Paris, 14.11.2023). Dans l’avenir de la bande de Gaza, il pourrait y avoir la création d’une mission de maintien de la paix qui serait déployée dans l’enclave palestinienne, dirigée par l’Égypte, partenaire naturel, sous la supervision des États-Unis et de certains pays européens. C’est ce qu’a déclaré à l’agence «Nova» Emmanuel Navon, expert en politique étrangère, professeur à l’université de Tel Aviv et directeur d’Elnet, une organisation à but non lucratif dédiée au renforcement des relations entre l’Europe et Israël. L’analyste a exclu l’implication du Qatar « parce qu’il est un ennemi d’Israël et qu’il a jusqu’à présent financé le Hamas ». Après l’attaque perpétrée en Israël par le groupe palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, les forces israéliennes ont lancé le 7 octobre une opération aérienne puis terrestre afin d’éliminer le Hamas et ses infrastructures militaires. « Israël ne veut pas réoccuper Gaza, mais simplement maintenir une supervision en termes de sécurité pour éviter que ce qui s’est passé le 7 octobre ne se reproduise », a-t-il poursuivi.
L’attaque du Hamas en Israël, qui a coûté la vie à 1.200 personnes, a déclenché une série de critiques à l’encontre du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et de l’ensemble de l’exécutif, jugé incapable de l’avoir prévue et de gérer la phase suivante.
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Une fois la guerre à Gaza terminée, il n’y a plus d’avenir politique en vue pour le leader du Likoud. Dans l’interview accordée à «Nova», Emmanuel Navon a déclaré : « Netanyahu est un homme (politiquement, Ndlr) mort. Lorsque la guerre sera terminée, il n’y aura plus de place pour lui. Il y aura un tremblement de terre politique qui conduira à des élections. L’actuel chef de l’opposition, Benny Gantz, pourrait devenir Premier ministre et une nouvelle classe politique émergerait ». L’expert, auteur du livre «L’étoile et le sceptre», (un livre qui fournit une analyse détaillée de la politique étrangère d’Israël et de l’histoire diplomatique du peuple juif, Ndlr), récemment publiée en italien, soulignait que le Likoud, le parti de Netanyahu, « payera un lourd tribut » pour ce qui s’est passé le 7 octobre en Israël, « en raison de son incompétence ». « Le Likoud et le Premier ministre sont responsables de ce qui s’est passé le 7 octobre », a-t-il dit.
L’attaque du Hamas contre Israël ne laisse même pas présager une place en politique pour le dirigeant de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), Mahmoud Abbas, âgé de quatre-vingt-sept ans, dont la popularité était déjà compromise en Cisjordanie. L’expert Emmanuel Navon s’est dit sceptique quant au rôle de l’ANP dans l’avenir de Gaza. « Elle ne contrôle même pas la Cisjordanie. Comme Netanyahu, Abbas est aussi un homme (politiquement) mort. Il n’est pas réaliste de penser qu’il puisse arriver à Gaza à bord d’un char d’assaut ». Pour Navon, « l’ANP doit être complètement restructurée et Mohammad Dahlan (un responsable du Fatah ‘en exil’ aux Emirats Arabes Unis) pourrait avoir un rôle à jouer, mais quelle légitimité aurait-il à Gaza ? ». « Pour le moment, il est nécessaire de nettoyer Gaza du Hamas », a-t-il souligné.
Au cours de l’entretien accordé à «Nova», alors que l’opération militaire israélienne à Gaza se déroule depuis 39 jours, Navon a expliqué qu’«Israël se bat pour sa survie, mais aussi pour celle de l’Europe, car « pour l’Islam politique, après la prise de Jérusalem, c’est la prise de Rome qui est attendue ».
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« L’Occident doit être reconnaissant pour ce que fait Israël. Il ne devrait y avoir aucun appel à un cessez-le-feu tant que le Hamas n’est pas éradiqué », a-t-il déclaré. Rappelant les opérations militaires de l’OTAN contre l’État islamique en Irak, Navon a déclaré : « Personne n’a demandé un cessez-le-feu », tout en admettant que les guerres font des victimes, malgré l’engagement des forces israéliennes d’éviter de frapper les civils.