(Rome, 10.10.2023). Quatre jours après l’attaque terroriste de grande ampleur lancée par le mouvement palestinien Hamas sur Israël, l’ambassadrice d’Israël en Suisse Ifat Reshef a dénoncé dans l’émission Tout un monde « l’ampleur des tueries ». « Nous sommes choqués et nous sommes très en colère », a-t-elle fait savoir.
Israël est partagé entre le choc, la souffrance et la colère, a expliqué dans l’émission Tout un monde l’ambassadrice d’Israël en Suisse Ifat Reshef.
« L’ampleur des tueries, le massacre sauvage de familles entières, des parents tués devant leurs petits enfants qui sont emmenés à Gaza, c’est inimaginable. Je ne pense pas que depuis l’Holocauste, autant de juifs aient été assassinés en une seule journée. C’est de la barbarie. Cela nous rappelle les images de Daesh tuant des gens dans tout le Moyen-Orient », a-t-elle déclaré.
« Nous sommes accablés et nous souffrons tous. Nous sommes choqués et nous sommes très très en colère. Mais nous sommes aussi occupés à essayer de rétablir la sécurité pour nos citoyens. (…) Nous sommes en pleine guerre ».
Sans compter les otages. Plus d’une centaine d’Israéliens et d’Israéliennes ont été emmenés à Gaza. Le Hamas menace de les exécuter en cas de bombardement sans avertissement.
« Nous avons des dizaines d’hommes, de femmes, de personnes âgées, d’enfants et de bébés kidnappés. Des crimes de guerre horribles ont été commis. Ces personnes sont détenues à Gaza. Nous ne connaissons pas leur situation. Le Hamas ne permet à aucune organisation humanitaire d’avoir accès à ces personnes. Or, nous les voulons et nous exigeons qu’ils retournent en Israël sains et saufs. Cette campagne militaire durera donc aussi longtemps qu’il le faut pour rétablir la sécurité en Israël et s’assurer que tous nos citoyens sont de retour sains et saufs ».
Echec des services de renseignement ?
En décrétant un blocus total de la bande de Gaza, le gouvernement israélien veut neutraliser les capacités militaires du Hamas, selon l’ambassadrice.
« Il est certain que nous ne pouvons pas tolérer qu’une organisation terroriste sauvage et barbare qui massacre des familles, des bébés et des enfants soit autorisée à posséder des capacités militaires qui mettent en danger les citoyens israéliens et palestiniens ».
Les Israéliens sont également choqués par l’échec apparent des services de renseignements, d’autant qu’ils sont considérés comme parmi les plus efficaces au monde. Ils n’ont pas anticipé une attaque d’une telle ampleur qui a forcément dû être longuement préparée. Mais pour l’ambassadrice Ifat Reshef, ce n’est pas le moment de prendre position.
« Il faudra donner des réponses à ces questions importantes. Nous devrons faire cet examen. Mais le moment n’est pas venu d’examiner ces questions, parce que nous sommes au milieu de combats acharnés ».
De plus, les fortes divisions politiques au sein d’Israël auraient pu encourager le Hamas à mener son opération en pensant que l’Etat hébreu était affaibli. L’ambassadrice n’exclut pas cette hypothèse. Mais c’est un très mauvais calcul du Hamas, selon elle.
Rapprochement avec les voisins arabes
Une autre raison qui pourrait expliquer en partie le timing de ces attaques est que le Hamas a constaté le rapprochement spectaculaire et historique entre Israël et certains de ses voisins arabes.
« Ce rapprochement entre le monde arabe et Israël a toujours servi de prétexte aux terroristes et aux extrémistes pour tenter de saboter la paix », a encore constaté l’ambassadrice.
Israël n’attend pas d’aide militaire de la communauté internationale après cette attaque. « Nous n’avons jamais demandé à personne de mener ces combats à notre place. » Mais elle attend une condamnation unanime des actions du Hamas.
« Nous attendons une dénonciation inconditionnelle de ces terribles attaques, des actes de terrorisme, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre du Hamas et des autres organisations terroristes palestiniennes. Je pense que tous les pays, y compris la Suisse, doivent prendre dès maintenant toutes les mesures juridiques possibles contre le Hamas. S’il ne s’agit pas d’une vicieuse organisation terroriste qui doit être interdite dans le monde entier, alors je ne sais pas qui le serait ».
L’ambassadrice fait ainsi une allusion très claire à la Suisse qui, contrairement à l’Union européenne, ne reconnaît pas le Hamas comme une organisation terroriste. Mais la pression politique monte désormais sur le Conseil fédéral pour que le groupe ne soit plus considéré comme un interlocuteur légitime.
Par Patrick Chaboudez. (RTS)