L’émissaire de l’ONU au Soudan, l’Allemand Volker Perthes, a annoncé mercredi avoir remis sa démission devant le Conseil de sécurité
Le gouvernement du Soudan a déclaré jeudi 8 juin Volker Perthes persona non grata, qu’il accuse depuis plusieurs semaines d’être responsable de la guerre en cours.
« Je remercie le secrétaire général pour cette opportunité et pour la confiance qu’il m’a accordée, mais je lui ai demandé de me relever de cette fonction », a déclaré Volker Perthes après avoir livré un rapport accablant au Conseil renvoyant dos à dos les deux parties au conflit, l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
« Ce qui a commencé comme un conflit entre deux formations militaires pourrait se transformer en une véritable guerre civile », a-t-il dit, en soulignant que « les combats ne montrent aucun signe d’apaisement et aucune des deux parties ne semble proche d’une victoire militaire décisive ».
Le chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah Al-Bourhan, avait, dans une lettre, réclamé son limogeage, l’accusant d’être responsable de la guerre qui a éclaté le 15 avril entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo (Hamidati).
Dans sa lettre adressée à l’ONU, Al-Bourhan avait accusé Volker Perthes d’avoir « dissimulé » dans ses rapports la situation explosive à Khartoum avant le déclenchement des hostilités. Sans ces « mensonges », le général Daglo « n’aurait pas lancé ses opérations militaires », a-t-il indiqué.
Volker Perthes se trouvait à New York lorsque le général Al-Bourhan a envoyé sa lettre accusatrice, et les autorités n’ont pas délivré de visas aux ressortissants étrangers depuis le début de la guerre.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait affirmé la semaine dernière « son entière confiance » à l’égard de son émissaire. Mais le Conseil de sécurité n’avait prolongé que pour six mois la Mission des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (Minuats), dont M. Perthes était le chef. Créée en juin 2020 pour soutenir la transition démocratique au Soudan après la chute l’année précédente d’Omar Al-Bachir, la Minuats avait depuis été renouvelée chaque année pour un an.