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France: scolaire et social, une «résistance» surgit contre l’interdiction de l’abaya

(Rome, 06.09.2023). La tunique islamique portée par 300 étudiants. Des conseils et suggestions de «désobéissance» en ligne

Avec la cloche du premier jour de la rentrée scolaire, l’heure de la bataille juridique, de la désobéissance et des campagnes sur les réseaux sociaux en faveur de l’abaya a commencé en France. Interdite depuis le 27 août dans les écoles publiques de l’Hexagone, au nom de la laïcité, la tunique traditionnelle qui couvre du cou aux pieds, portée par un nombre croissant de fidèles musulmans dans les pays à majorité islamique et en Occident, est devenue le dernier champ de discorde avec un petit noyau dur d’étudiantes ne voulant tout simplement pas céder à l’interdiction. Selon le ministre français de l’Education Gabriel Attal, lors de la rentrée (partielle) lundi, au total 298 jeunes musulmanes se sont présentées portant la tenue interdite, pour la plupart des lycéennes («moins d’une centaine d’établissement») et vivant dans les grandes villes, tel que rapporté par le quotidien «Il Giornale».

Parmi elles, 231 ont finalement accepté de se conformer à la nouvelle règle, inspirée du principe qui, depuis 2004, interdit également le voile islamique en classe, comme tous les autres symboles évidents d’appartenance religieuse. Mais 67 d’entre elles ont refusé de retirer l’abaya et sont rentrées chez elles. Et ce nombre pourrait devenir plus important ces jours-ci, étant donné que le 4 septembre, seules les classes de seconde ont repris le chemin des lycées, tandis que les élèves de première et de terminale étaient répartis sur les jours suivants.

«Je suis pour le dialogue, une règle doit être expliquée», commente doucement le ministre Attal, après avoir dévoilé les chiffres sur la chaine BFMTV et précisé que même avec les étudiantes rebelles, la voie d’une communication constructive sera avant tout tentée, comme cela a déjà été fait avec les jeunes, qui ont ensuite été persuadées d’abandonner l’abaya. Mais entre-temps, l’affaire s’est retrouvée entre les mains du Conseil d’État, après que l’association «Action droits des musulmans» (ADM) a déposé un recours contre la mesure introduite vendredi dernier en un temps record par l’exécutif. Selon l’ONG, l’interdiction « viole les droits des mineurs, car elle vise principalement les enfants présumés musulmans, créant un risque de profilage ethnique à l’école ». C’est également pour cette raison que l’organisation a saisi le Défenseur des droits, la médiatrice Claire Hèdon, en lui demandant « d’intervenir dans la procédure » ou de « prendre position sur l’interdiction ». Le Conseil d’Etat a commencé hier à examiner la requête et statuera 48 heures après avoir rendu ses conclusions.

Le Président Emmanuel Macron s’est également exprimé sur la question lundi, conscient d’être à la tête d’une nation dans laquelle les musulmans représentent 10 % de la population. Le chef de l’Etat a dénoncé : « Il y a des atteintes à la laïcité. Nous ne les laisserons pas passer. L’école dans notre pays est laïque, gratuite et obligatoire ». Le président a également donné son feu vert à l’expérimentation de l’uniforme scolaire, déjà annoncée par le ministre Attal, et s’est dit encore plus favorable à des vêtements uniques pour les élèves, comme « un jean, un t-shirt et une veste », que M. Macron considère « plus acceptable » et « peut être considéré comme un peu moins rigide d’un point de vue disciplinaire ».

Pendant ce temps, sur le net, alors que le débat sur la nature de l’abaya (symbole religieux ou simple tenue traditionnelle) fait rage à la télévision, à la radio et dans les journaux, des jeunes femmes musulmanes s’organisent pour contourner l’interdiction et lancent des appels à la « désobéissance de masse ». Sur Instagram et TikTok (une enquête révélée par la chaine LCI) prolifèrent les conseils pour contourner la règle, tout en portant des vêtements longs et très amples, y compris des costumes. Une manière d’interpeller, d’embarrasser et de défier les autorités françaises.

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