France: les véhicules blindés n’empêchent pas les pillages et les violences, un millier d’arrestations

0
367

(Paris, Rome, 01.07.2023). 1.311 personnes ont été interpellées au cours de la quatrième nuit de violences et de troubles en France. Des tirs et des pillages dans différentes villes. Un jeune de vingt ans est mort

Quatrième nuit d’émeutes en France, avec 1.311 interpellations (406 à Paris et dans sa proche banlieue), 79 officiers blessés et un mort, dans ce qui semble désormais être devenu un rapport de guerre. Le ministère de l’Intérieur parle de violences «moins intenses» par rapport aux jours précédents, mais les chiffres restent élevés et les faits très graves. «C’est la République qui gagnera, pas les émeutiers», a déclaré le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui s’est rendu à Mantes-la-Jolie, en région Ile-de-France, où il a voulu rencontrer les forces de police et de gendarmerie pour les saluer et les remercier pour leur travail, rapporte le quotidien «Il Giornale».

La France submergée par la violence

Affrontements, incendies et pillages s’en sont suivis dans toute la France, en raison des violences désormais habituelles qui ont éclaté en réponse à la mort de Nahel, le jeune âgé de 17 ans d’origine maghrébine, tuée mardi dernier lors d’une altercation avec un agent lors d’un contrôle à Nanterre, une ville de la banlieue parisienne. La nuit de vendredi à samedi a, une fois de plus, été lourde et tendue à Marseille, à Lyon, à Grenoble et à Saint-Etienne, mais globalement un peu plus calme ailleurs que la veille, notamment en région parisienne, où plusieurs villes avaient décrété un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés.

Pour le quotidien français «Le Monde», le « mouvement de protestation » violent a déjà changé de nature et hier, était la journée du pillage. En fait, les violences ont commencé très tôt, en début d’après-midi, pour la première fois en plein jour. Vers 14 heures, une centaine de jeunes masqués ont fait irruption dans le grand centre commercial Rosny 2 à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis-93), qui a rapidement été évacué et fermé. Des très jeunes, âgés entre 12 et 15 ans selon des témoins, ont pris le contrôle du parking de McDonald’s. Ils ont ensuite attaqué une FNAC et un Quick, mais n’ont pas réussi à réintégrer le centre, bloqué par les forces de l’ordre.

 Quelques heures plus tard, des pillards ont tenté la même chose au centre commercial «Créteil Soleil» à Créteil (Val-de-Marne-94). Des magasins ont également été attaqués dans le centre de Strasbourg et un Monoprix pris d’assaut à Lyon. En région parisienne, certains grands supermarchés ont, par précaution, été fermés. A Grenoble, des centaines de jeunes cagoulés ont saccagé plusieurs commerces du centre-ville, notamment des magasins de vêtements et de commerces de détail.

Des tirs et des actes de pillage

Dans le quartier «La Duchère» à Lyon (un éco-quartier de la ville et une zone d’aménagement concerté d’environ 120 hectares situé dans le 9ᵉ arrondissement, Ndlr), plusieurs individus ont été vus en train de tirer au fusil d’assaut. Il y a ceux qui parlent même sur les réseaux sociaux de l’utilisation d’une Kalachnikov par les émeutiers, mais, pour l’heure, aucune certitude à ce sujet. A Nîmes, en revanche, des fusils de chasse ont été utilisés pour détruire les caméras de surveillance. Une armurerie a été pillée à Marseille et 7 fusils ont été volés. Selon les informations du journal «Le Figaro», un homme a été interpellé en possession d’un de ces fusils. Des dizaines, voire des centaines, d’incidents de ce type se sont produits dans une grande partie de la France.

Pour des faits de violence, la police a procédé à des centaines d’arrestations à Paris. Parmi les personnes interpellées figurent trois jeunes ayant tenté de pénétrer dans un magasin d’électroménager du XVe arrondissement, sept personnes ayant fait irruption dans un magasin de meubles à Bondy et neuf personnes transportant des bidons d’essence et des bouteilles incendiaires à Nanterre.

Un jeune de vingt ans décédé

Pour rappel, le gouvernement français avait déployé 40.000 agents appuyés par des véhicules blindés légers pour faire face à la quatrième nuit consécutive de violentes manifestations. Des unités de police et d’autres forces de sécurité se sont déployées à travers le pays pour faire face aux troubles, sans toujours y parvenir. Entre-temps, un décès à signaler ; à Rouen, dans le nord de la France, un jeune homme de 20 ans est mort après être tombé du toit d’un magasin (…) du Petit-Quevilly (Seine-Maritime). Selon de sources françaises, le jeune homme a fait une chute de 5 mètres, après être monté sur le toit d’un magasin de la chaine «Lidl», dans une opération dont l’objectif reste, pour de nombreux observateurs, inconnu. Il avait été ensuite pris en charge par les secours et transporté à l’hôpital en état de mort cérébrale. Le procureur de Rouen a confirmé à la radio «RTL» qu’il est décédé quelques heures plus tard.

A lire : La France dans le chaos. Emmanuel Macron aux parents: «gardez vos enfants à la maison»

Le maire de Marseille, Benoit Payan, a demandé «l’envoi immédiat d’autres forces de maintien de l’ordre» afin d’endiguer la violence des pillages et des dégradations. Une compagnie de policiers a été dépêchée en urgence à Marseille et sera sur place dans la nuit, selon certaines informations. Le ministère de l’Intérieur avait déjà annoncé l’arrivée d’un avion de reconnaissance des forces spéciales du Raid au-dessus de la ville. Pendant ce temps, des affrontements ont commencé à Nanterre peu après minuit.