(Montréal, Beyrouth, 14 avril 2023). Les Libanais se sont souvenus, hier, du 13 avril 1975, date du début de la guerre. Mais ils ont persisté à commettre des erreurs graves concernant ces malheureux événements. Pis encore, ils ont travesti l’Histoire qu’il convient de corriger pour ne pas retomber dans les mêmes erreurs et ne pas recommencer cette guerre, ni une autre !
Dans leur grande majorité, les médias arabes et occidentaux sont restés fidèles à leur tradition héritée des années 1960 et 1970. Depuis ces années-là en effet, ils travestissent la réalité et présentent les Palestiniens en général, et l’OLP en particulier, comme les victimes des Libanais qui, pour rappel, étaient chez eux et avaient ouvert leur pays pour héberger leurs «frères» palestiniens chassés par Israël. D’ailleurs, ces mêmes médias, tout comme des gouvernements occidentaux, persistent à plaider aujourd’hui la cause des «réfugiés syriens au Liban» qui, pourtant, s’autorisent tout et n’importe quoi dans le pays d’accueil, le pillent et le colonisent, avec bien entendu la complicité de certains Libanais aux calculs politiciens plus que douteux.
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Comme les Palestiniens d’hier, les Syriens d’aujourd’hui menacent le Liban. Outre leur violence et leur délinquance, les Syriens du Liban doivent, dans leur écrasante majorité, perdre le statut de réfugiés ainsi que les avantages financiers qui vont avec. Car, après avoir fui leur bourreau, ils ont massivement participé à la mascarade des élections présidentielles syriennes depuis le Liban et y ont bruyamment fêté la réélection de Bachar Al-Assad. Depuis, ils rentrent régulièrement dans leur pays d’origine où ils ne sont plus en danger et deviennent, de ce fait, une source de revenus en devises pour le régime au détriment du Liban et des Libanais, sucés jusqu’à la moelle.
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Pour les médias occidentaux, il est donc essentiel de corriger leurs erreurs et de cesser de présenter la colonisation syrienne du Liban sous le seul prisme humanitaire pour éviter de recommencer la guerre qui avait débuté le 13 avril 1975 à cause des mêmes erreurs d’appréciation. Il est temps de reconnaitre l’évidente colonisation du Liban où les Syriens constituent le tiers de la population. Avec leur croissance démographique galopante, financée par les agences humanitaires onusiennes, ils seront majoritaires dans quelques années, avec plus de 70.000 naissances par an…
Il est affligeant de constater que les médias continuent de dire, 48 ans après, que la guerre a commencé par le mitraillage d’un bus de civils palestiniens par des miliciens chrétiens à Aïn el-Remaneh. Ils oublient que le même jour, plus tôt dans la journée, une « Fiat 1500 » avait mitraillé la foule devant une église du même quartier, à la fin de la messe inaugurale de l’édifice, tuant plusieurs responsables du parti Kataëb. Le passage du bus palestinien dans le même quartier quelques heures plus tard et malgré les mises en garde, était une ultime provocation, après une série d’accrochages entamée en 1973. Les médias persistent dans l’erreur en disant que des enfants et des femmes étaient à bord du bus, alors qu’il est historiquement établi que tous les passagers étaient des hommes armés du «Kifah», une branche radicale de l’OLP, qui rentraient d’une parade militaire à Sabra pour se rendre au camp de Tal-Zaatar.
Il est aussi affligeant de constater que les erreurs des médias s’inspirent des erreurs des officiels. A titre d’exemple, une ambassadrice européenne à Beyrouth n’hésite pas à justifier la politique injustifiable de son pays en évoquant, devant ses interlocuteurs souverainistes, les massacres de Sabra et Chatila.
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Cette diplomate est pourtant censée connaitre le contexte de ces massacres : ils sont survenus sous l’occupation israélienne de Beyrouth en 1982 ; ils ont été commis par Elie Hobeika, un agent syrien ; ils ont été présentés comme une réaction à l’assassinat trois jours plus tôt du président élu Béchir Gemayel, pulvérisé par un autre agent syrien, Habib Chartouni ; le tout pour retourner la défaite syrienne en victoire, et la victoire israélienne en défaite. Ces massacres ont pleinement profité à la Syrie : élimination de l’OLP et affaiblissement de Yasser Arafat, ennemis jurés de Hafez Al-Assad ; renversement du gouvernement israélien et retrait du Liban ; retour de l’influence syrienne au pays du Cèdre…
Extraire le bus de Aïn-Remaneh de son contexte pour parler du déclenchement de la guerre, ou évoquer Sabra et Chatila sans discernement, suscitent le dégoût et entretiennent un climat malsain et nourrissent une fausse culpabilité collective. Le même sentiment se ressent en France quand, plus de 60 ans après l’indépendance de l’Algérie, certains évoquent les massacres de Sétif du 8 mai 1945, ou les exactions de l’armée coloniale entre 1830 et 1962, ou encore la noyade de centaines d’Algériens dans la Seine, le 17 octobre 1961. Le même dégoût est ressenti aux Etats-Unis avec le souvenir des exactions américaines au Vietnam ou en Irak, et dans d’autres capitales occidentales impliquées, à un moment ou à un autre, dans des exactions ou des laisser-faire en Bosnie, au Rwanda ou ailleurs… Mais malgré ce dégoût, ni les Américains, ni les Français, ni les Belges, entre autres, ne doivent subir en 2023 les conséquences de la politique de leurs aïeux du milieu du siècle dernier.
Il est temps que les diplomates occidentaux et la presse internationale regardent avec les deux yeux pour éviter les «deux poids, deux mesures». Il est surtout temps que ceux qui n’ont aucun scrupule cessent de donner des leçons de morale à ceux qui n’ont rien à se reprocher, et qui ont d’ores et déjà fait leur mea culpa, et qui ont été les seuls à avoir payé pour tous.
Sana T.
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