Le régime iranien soupçonné de terrasser les étudiantes

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(Paris, Rome, 08.03.2023). Les cas d’empoisonnement chez les étudiantes iraniennes se multiplient, tout comme les soupçons que le gouvernement veut punir ceux qui ont été le moteur de la vague de protestations qui secoue la République islamique depuis l’automne dernier. Le rapport de l’Institut pour les études de politique internationale (ISPI)

Ces derniers mois, plus d’un millier de jeunes femmes iraniennes sont tombées malades après avoir inhalé des gaz toxiques. Le soupçon est qu’il s’agit d’attaques préméditées, voire orchestrées par le régime comme une forme de vengeance pour les troubles qui se sont produits en Iran ces derniers temps. Un rapport de l’ISPI fait le point sur la situation, nous explique Matteo Turato dans les colonnes du quotidien italien «Formiche».

Les manifestations ont éclaté à la mi-septembre lorsque le peuple iranien a appris que l’étudiante de 22 ans Mahsa Amini était morte alors qu’elle était détenue dans un poste de police.

Aujourd’hui, de nombreux élèves et parents affirment que les cas d’empoisonnement dont ils sont témoins, sont une tentative délibérée de punir les femmes ayant participé, inspiré et dirigé les émeutes. Des vidéos vérifiées par BBC Persian montrent des images d’écolières fuyant leurs dortoirs en proie à des crises respiratoires. Il y aurait au moins 52 écoles concernées par le phénomène. Le régime a d’abord fait profil bas, mais a dû prendre la parole lorsque le phénomène a pris d’importantes proportions. Le Guide suprême Khamenei a déclaré que les coupables devaient être punis.

Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle vague de manifestations et de protestations. Contre cette curieuse épidémie et, surtout, contre un gouvernement qui, selon les manifestants, ne veut pas mener d’enquêtes de manière approfondie sur les épisodes qui touchent directement la frange la plus critique de la population iranienne.

Shahriar Heydari, membre de la Commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère, a appelé le conseil de sécurité du pays à intensifier les enquêtes sur ce qu’il a décrit comme « un mouvement organisé », tandis que certains hommes politiques soupçonnent des groupes religieux extrémistes opposés à l’éducation des femmes.

Par ailleurs, certains médias rapportent que des agents des forces de sécurité iraniennes patrouilleraient dans les hôpitaux dans un objectif d’intimider les étudiantes. Des cas de familles menacées pour avoir demandé des examens afin de vérifier la nature des intoxications circulent. Le premier journaliste à avoir rapporté le phénomène a d’ailleurs été arrêté dimanche dernier.