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La chasse aux promoteurs est ouverte en Turquie

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis une tolérance zéro pour les pillards et les entrepreneurs négligents. Le gouvernement n’a pas l’intention de laisser les responsables en liberté, même avec la création d’une unité spéciale d’enquête sur les crimes liés au tremblement de terre

Le bilan du tremblement de terre qui a frappé le sud de la Turquie a maintenant atteint des proportions catastrophiques, où les victimes confirmées sont désormais au nombre de 29.605 dans les 11 provinces touchées. Un bilan qui demain devrait dépasser largement la barre des 30.000 victimes (l’agence ANSA parle de 33.000 morts), avec des dizaines de milliers de blessés et la recherche des disparus se poursuit, souligne Andrea Nobili Tartaglia de l’agence italienne «AGI».

Des chiffres qui font du tremblement de terre de lundi dernier le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie, qui n’a connu une tragédie aux proportions similaires qu’en 1939 avec le tremblement de terre d’Erzincan, faisant 35.000 morts. Pendant ce temps, les répliques sismiques, désormais plus de 2.400, ne s’arrêtent pas.

Et des chiffres impressionnants concernent les forces sur le terrain : 233.000 personnes sont engagées ces jours-ci entre protection civile, police, gendarmerie, armée, personnels de soutien médical et psychologique, volontaires, personnels de sécurité locaux et 122.000 véhicules lourds pour déblayer les décombres d’un scénario de conflit nucléaire. Parmi eux figurent également 32.000 hommes d’équipes de secours, dont plus de 9.000 venant de l’étranger.

La bonne nouvelle concerne les personnes sorties des hôpitaux et des dizaines d’hôpitaux de campagne, soit près de 148.000. Aujourd’hui encore, des miracles ont eu lieu, une fillette de 10 ans a été tirée vivante des décombres d’une maison à Antakya après avoir passé 159 heures suspendue entre la vie et la mort. Une femme de 64 ans a été secourue et sa vie n’est plus en danger après 150 heures sous les décombres.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis une tolérance zéro pour les pillards et les constructeurs négligents. Dix personnes ont été arrêtées pour vol et pillage dans la région de Hatay et deux autres à Adiyaman. Cependant, Erdogan, qui avait admis que son pays n’était pas préparé à une catastrophe de cette ampleur, est conscient que la recherche des responsables des effondrements est une question fondamentale, également en vue des élections du 24 mai.

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Au total, selon les rapports de l’agence de presse Anadolu, 122.152 bâtiments effondrés ou dangereux ont été inspectés (29.000 ont été renversés par le tremblement de terre, d’autres ont été démolis ou déclarés inutilisables et en attente de démolition, ndlr) dont au moins 6.400 parmi eux, des irrégularités manifestes ont été constatées.

Des inspections à partir desquelles 130 mandats d’arrêt ont alors été émis contre des promoteurs immobiliers négligents, accusés d’avoir utilisé du ciment de mauvaise qualité ou d’avoir rembourré les murs avec du polystyrène dans des proportions bien au-delà de celles requises pour l’isolation. Des mandats d’arrêt ont été émis dans 10 des provinces touchées par le tremblement de terre.

Le gouvernement n’a pas l’intention de laisser les coupables en liberté et la chasse est ouverte, avec notamment la création d’une unité spéciale d’enquête sur les crimes liés au tremblement de terre. Entrepreneurs, entreprises de construction, cimentiers, architectes, ingénieurs, géologues et surintendants sont désormais dans le collimateur de la justice turque. La police a arrêté samedi soir, à l’aéroport d’Istanbul, deux personnes responsables de la construction de plusieurs bâtiments effondrés à Adiyaman. Les deux hommes ont tenté de fuir en Géorgie.

Deux autres ingénieurs se sont retrouvés menottés à Gaziantep pour avoir signé un projet qui, par la suppression des colonnes porteuses, a créé un nouvel espace habitable dans un grand bâtiment effondré. Le parquet d’Adana a ordonné la détention de 62 autres personnes, toutes impliquées dans la construction de bâtiments effondrés. Même chose à Diyarbakir, où 33 mandats d’arrêt ont été délivrés, 8 autres personnes ont été arrêtées à Urfa et 4 autres à Osmaniye pour négligence dans la construction.

Vendredi dernier, un promoteur a été arrêté pour avoir prétendument construit un grand complexe résidentiel avec du béton de mauvaise qualité à Antakya, de nouveaux bâtiments où il y a eu des dizaines de morts. L’entrepreneur a été arrêté à l’aéroport d’Istanbul alors qu’il tentait de fuir vers le Monténégro.

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