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48 heures après le séisme, la Syrie demande l’aide de l’UE. Bruxelles: «nous ne sommes pas responsables du retard des secours»

(Roma, Paris, 08.02.2023). Certaines organisations humanitaires avaient tiré la sonnette d’alarme : les sanctions européennes imposées à Damas pourraient entraver l’aide aux victimes du séisme

48 heures après le tremblement de terre qui a dévasté le nord-ouest du pays, la Syrie a officiellement demandé à l’Union européenne d’activer son mécanisme de protection civile et d’envoyer des équipes de secours dans les zones touchées par le séisme. « Ce matin, nous avons reçu une demande d’assistance du gouvernement syrien » pour une aide « via le mécanisme de protection de l’UE ». Nous partageons cette demande avec nos États membres et les encourageons à apporter une aide en nature comme demandé », a annoncé Janez Lenarcic, Commissaire européen chargé de la Gestion des crises lors d’une conférence de presse, comme rapporté par le quotidien italien «Europa Today».

Cette annonce met fin à une controverse qui a éclaté hier, après que certaines organisations humanitaires, telle que l’italienne Sant’Egidio, aient tiré la sonnette d’alarme sur l’impossibilité pour les États de l’UE d’envoyer de l’aide à la Syrie à la suite des sanctions imposées il y a plus d’une décennie à Damas lors de la guerre civile. La réponse de Bruxelles aux rumeurs a été immédiate : si l’aide européenne est allée à la Turquie et non à la Syrie, c’est parce que Damas ne l’a pas formellement demandée. La demande, évidemment, a mis deux jours à être envoyée.

Aujourd’hui, l’UE a également démenti « catégoriquement » l’accusation selon laquelle les sanctions pourraient avoir un impact sur l’aide aux populations affectées par le séisme. Pour le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic, « ces sanctions, rappelons-le, ont été imposées depuis 2011 en réponse à la violente répression du régime syrien contre sa propre population civile, y compris l’usage d’armes chimiques ». Mais malgré cela, « l’Union européenne finance et soutient depuis plus de 10 ans en Syrie les organisations humanitaires qui collaborent avec nous. Le fait est que la situation humanitaire en Syrie est sombre depuis plus d’une décennie et le dernier tremblement de terre n’a fait qu’exacerber cette situation humanitaire déjà dramatique. Nous intensifions nos efforts à travers les organisations humanitaires avec lesquelles nous coopérons, que nous finançons et qui ont déjà réorienté une partie des activités en réponse au tremblement de terre », a également expliqué M. Lenaercic.

« Nous travaillons à accroître notre soutien financier aux zones touchées en Syrie à travers nos programmes d’assistance », a ajouté le commissaire, rassurant que Bruxelles sera vigilante pour empêcher une utilisation « détournée » de l’aide humanitaire par le régime de Bachar al Assad. Plusieurs militants critiques à l’égard du dirigeant syrien ont averti que toute aide humanitaire à Damas n’irait pas aux victimes du tremblement de terre, mais au renforcement militaire du régime. Par ailleurs, la zone touchée par le tremblement de terre comprend également la région d’Idlib, l’une des rares zones qui échappe au contrôle de Damas. Hier, Zein, la fille d’Assad, aurait utilisé les réseaux sociaux pour exhorter ses concitoyens à ne pas envoyer d’argent aux « terroristes » de cette région.

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