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Le site web de Charlie Hebdo piraté. Un dessinateur italien également menacé

(Rome, 05.01.2023). Une enquête a été ouverte sur une cyberattaque contre le site du journal français Charlie Hebdo. Des menaces contre un dessinateur italien auteur d’une des images publiées dans le dernier numéro

Une attaque de pirates informatiques a frappé le site Web de Charlie Hebdo. Près de huit ans après l’attentat contre la rédaction du journal satirique, le 7 janvier 2015 en plein cœur de Paris, et en pleine polémique avec Téhéran sur les dernières caricatures concernant le guide suprême Ali Khamenei, la justice française a ouvert une enquête sur une cyberattaque visant le site du magazine, rapporte le quotidien «Il Giornale».

L’attaque pirate contre Charlie Hebdo

La plainte a été déposée auprès de la justice française par la direction de Charlie Hebdo. Dans l’après-midi, le site internet du journal était accessible mais pas sa boutique en ligne. L’enquête a été ouverte pour accès frauduleux à un système informatique automatisé, mais aussi pour entretien frauduleux, saisie frauduleuse de données, modification frauduleuse de données, extraction frauduleuse de celles-ci et entrave au fonctionnement du système informatique.

Ces dernières heures, interrogé par France Inter, Riss, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire parmi les rares rescapés de l’attentat djihadiste de 2015, avait rapporté avoir déjà subi des « cyberattaques venues du Pakistan ». « Mais c’est un peu classique pour Charlie, nous devons nous y attendre. Si c’est tout ce qu’il y a maintenant, ce n’est pas si mal », a-t-il ajouté. L’enquête a été confiée aux officiers de police du renseignement intérieur (DGSI) et à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication.

Menaces à l’encontre d’un caricaturiste italien

Entre-temps, un dessinateur italien de la province d’Arezzo, auteur de l’une des images publiées dans le dernier numéro de Charlie Hebdo, a reçu diverses menaces qui ont incité les autorités à relever le niveau de vigilance autour de lui. L’homme, âgé de 59 ans, fait partie des 35 lauréats du concours annoncé par la publication française et une de ses caricatures a été publiée dans le numéro consacré au gouvernement iranien, ce qui a suscité de vives réactions à Téhéran. Selon ce qui a été appris, la police aurait pris des mesures pour protéger la sécurité personnelle de l’homme.

Ancien ouvrier, aujourd’hui à la retraite, Paolo Lombardi est l’auteur d’une caricature représentant une femme en train d’uriner sur l’image de l’ayatollah Khamenei. Son dessin a fait la une du numéro spécial commémorant l’anniversaire de l’attentat de 2015 contre la rédaction et visant la répression du régime de Téhéran.

Après avoir reçu les premières menaces, l’artiste d’Arezzo fait l’objet d’une attention particulière de la part des forces de l’ordre en raison du risque plausible d’actes imprudents. Dans les prochains jours, toujours selon des informations, la préfecture d’Arezzo décidera d’adopter ou non des mesures encore plus ciblées.

Enquêtes et controverses

Selon une source proche du dossier, citée par différents médias français, il y aurait eu une « attaque contre le site commercial », ainsi qu’une tentative de dégradation de la page d’accueil, mais sans « aucune revendication significative » à ce stade. Les investigations permettront de faire la lumière sur la question. À l’heure actuelle, certaines données auraient été piratées. Europe 1 affirme qu’il s’agit d’informations personnelles relatives à plusieurs milliers d’abonnés, et pourraient avoir été mises en ligne selon «Il Giornale».

Le journal satirique français est revenu pour mettre en colère les fondamentalistes islamistes avec un numéro spécial, consacré à la révolution en cours en Iran. « Le leader, contrairement à Mahomet, n’est pas un prophète, nous pouvons donc le dessiner autant que nous le voulons », a expliqué le rédacteur en chef, Riss. Téhéran a menacé de réactions sévères et a convoqué l’ambassadeur de France.

L’Iran, quant à lui, a annoncé la fermeture de l’Institut français de recherche en Iran (IFRI). « Le ministère met fin aux activités de l’Institut français de recherche en Iran (IFRI) dans un premier temps » dans la réponse iranienne aux caricatures, a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dans son communiqué, le ministère iranien accuse les autorités françaises « d’inaction continue face aux expressions d’anti-islamisme et à la propagation de la haine raciste dans les publications françaises ». Il demande au gouvernement français de réclamer des comptes aux « auteurs (de la propagation) d’une telle haine », soulignant que le « peuple iranien » suivrait « avec sérieux » la réponse qu’apporterait la France. Le ministère appelle aussi Paris à mener « une lutte sérieuse contre l’islamophobie », rapporte le quotidien «Le Point». Le ministère français des Affaires étrangères n’a reçu « aucune information officielle » sur ces annonces qui « seraient regrettables si elles se confirmaient », a réagi la porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, dans une déclaration écrite, ajoute «Le Point».

Avant l’annonce de la fermeture de l’IFRI, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait souligné qu’en France, « la liberté de la presse existe contrairement à ce qu’il se passe en Iran », rappelant que le délit de blasphème n’existe pas en droit français. « La mauvaise politique est celle qui est suivie par l’Iran qui pratique des violences à l’encontre de sa propre population », avait-elle ajouté jeudi, interrogée sur la chaîne de télévision française LCI.

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