Libye: affrontement à Tripoli entre Bashaga et Dabaiba

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(Rome, 22 juillet 2022). Affrontements en cours à Tripoli. Trois morts dans la capitale alors que les combats enflamment à nouveau la Libye (toujours sans gouvernement)

Après s’être regroupées ces derniers jours dans la puissante cité-Etat de Misrata, les forces de la milice affiliées à Fathi Bachaga ont, dans la nuit, avancé sur Tripoli. Les affrontements se poursuivent dans la capitale libyenne, alors que les milices fidèles au Premier ministre contesté Abdelhamid Dabaiba se sont engagées dans une opposition à leurs rivaux, rapporte Ferruccio Michelin du quotidien italien «Formiche».

Bachaga, ancien ministre de l’Intérieur du précédent gouvernement formé par l’ONU, a reçu la confiance du Parlement pour former un nouvel exécutif il y a plusieurs mois, mais il n’a jamais mis en œuvre ce soutien politique car Dabaiba n’abandonne pas Tripoli.

Le Premier ministre sortant conteste la régularité du vote obtenu par son rival et s’arroge le pouvoir exécutif, justifiant de s’être vu confier, l’an dernier, par l’ONU le procès du forum de dialogue politique libyen. Sa mission consistait à organiser des élections, mais après avoir été reportées deux fois pour des divisions internes, elles ont été reportées sine die.
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Cette situation a débouché sur une impasse institutionnelle qui s’est traduite par une détérioration des conditions de vie des citoyens (des blocages dans les champs de puits de pétrole ayant entraîné une augmentation des coupures de courant). En outre, un climat de tension interne s’est enclenché, qui peut facilement conduire à de nouveaux affrontements plus violents.

La bataille qui a éclaté aujourd’hui à Aïn Zara a fait au moins 13 morts, selon un porte-parole des services d’urgence de Tripoli. Des appels au calme avaient été lancés après que les violences aient éclaté la nuit précédente, mais ils n’ont pas été entendus.

Il s’agissait de la dernière escalade à menacer une paix relative après près d’une décennie de guerre civile en Libye, où deux groupes d’autorité rivaux sont enfermés dans une impasse politique. Les divisions ont déclenché plusieurs épisodes de violence à Tripoli ces derniers mois, mais la plupart ont pris fin en quelques heures.

Selon Oussama Ali, porte-parole des services de secours, parmi les personnes tuées depuis le début des affrontements jeudi dernier, figurent trois civils et un enfant de 12 ans. Il a également déclaré que 30 personnes avaient été blessées.

Le Conseil présidentiel libyen basé à Tripoli a déclaré que toutes les forces impliquées dans les affrontements devraient retourner immédiatement dans leurs bases. Malek Merset, un autre porte-parole des services d’urgence, a déclaré que 200 personnes ont déjà fui la zone, dont certaines assistaient à un mariage. Il a exigé que les tirs cessent pour permettre à davantage de personnes de partir.

Les affrontements se sont propagés à d’autres quartiers de la ville. L’aéroport de Mitiga, le seul aéroport opérationnel de Tripoli, a annoncé sa fermeture pour des raisons de sécurité des passagers. La mission des Nations Unies dans le pays a également appelé toutes les parties concernées à faire preuve de retenue.