L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

France: élections législatives. Mélenchon légèrement devant Macron au premier tour

(Rome, Paris, 12 juin 2022). Le leader de la gauche a recueilli entre 25 et 26,2% des voix selon les instituts de sondage, mais la coalition du président réélu a encore une chance d’arracher la majorité absolue des sièges. Le match se décidera au second tour, prévu dimanche prochain

Un match serré à l’issue d’une campagne atone. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) devance de peu la majorité présidentielle, Ensemble !, au premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin, selon l’estimation Ipsos-Sopra Steria. Si les projections en nombre de sièges à l’Assemblée nationale ne permettent pas à l’alliance de gauche de s’imposer face à la coalition d’Emmanuel Macron, cette dernière n’est pas assurée non plus de disposer de la majorité absolue.
Une abstention record
Au niveau national, l’abstention s’établit à 52,3% au premier tour des élections législatives, selon une estimation Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions. Il s’agit d’un nouveau record, cinq ans après les élections de 2017 qui avaient vu 51,3% des électeurs bouder les urnes.
Le chiffre de ce dimanche confirme ainsi une tendance déjà largement esquissée depuis le début de la Ve République, en 1958, celle d’une abstention croissante aux législatives. Lors du premier tour de l’élection présidentielle d’avril dernier, 26,31% des électeurs avaient décidé de ne pas se déplacer.
Mélenchon : « Macron a été vaincu »
« Ce soir j’en appelle au peuple, nous serons présents dans plus de 500 circonscriptions au second tour, il faut « déferler » dans les urnes dimanche prochain avec vos bulletins de vote en main » : c’est ainsi qu’un Jean-Luc Mélenchon visiblement ému a salué les résultats du premier tour. « Le parti présidentiel a été battu, c’est la première fois qu’un président gagne et il n’est pas en mesure de confirmer la victoire après 2 mois aux législatives », a déclaré le chef de Nupes, la coalition de gauche française.
La Nupes juste devant le parti de la majorité présidentielle
La nouvelle union de la gauche inaugurée à l’occasion de ces élections législatives, la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), arrive juste devant la coalition présidentielle qui avait redistribué les cartes dans l’hémicycle en 2017. La coalition, qui rassemble des LFI, PCF, PS et EELV, et Ensemble !, qui réunit LREM/Renaissance !, MoDem et Horizons, sont au coude-à-coude, respectivement à 25,6% et 25,2% des voix, selon une estimation Ipsos-Sopra Steria.
Pour Jean-Luc Mélenchon, ces résultats constituent un camouflet pour le gouvernement. Le parti présidentiel est « battu, défait », a-t-il estimé lors de son allocution.
La majorité absolue loin d’être acquise pour Renaissance !
Bien qu’à prendre avec prudence, les projections en siège sont toutefois favorables à la majorité présidentielle. Selon les estimations, Ensemble, est en position d’obtenir à l’issue du second tour entre 255 et 295 sièges, contre entre 150 et 190 sièges pour la Nupes. Or, il faut 289 députés pour obtenir la majorité absolue dans l’hémicycle.
Le Rassemblement national attaque Mélenchon
« Il n’y a pas d’opposition en votant pour la Nupes », la nouvelle Union de la Gauche populaire écologique et sociale dirigée par Jean-Luc Mélenchon : c’est ce qu’a déclaré le secrétaire du Rassemblement national, Jordan Bardella. Il a appelé dimanche « les électeurs au sursaut » pour le second tour des élections législatives, ajoutant qu’il n’y a « pas de fatalité » à l’alternative entre majorité présidentielle et union de la gauche. Il a indiqué sur la chaine TF1 qu’il voterait « blanc » dans le scénario d’un second tour entre un candidat du parti présidentiel et de l’union de la gauche (Nupes), estimant que ses électeurs « feront pareil ». Les projections estiment que le RN pourrait obtenir entre 20 et 45 sièges à l’issue du deuxième tour. C’est moins que ce que le parti espérait (plusieurs ténors du RN avaient expliqué viser plus d’une centaine de députés) mais beaucoup plus qu’en 2017 où, avec un peu plus de 13% des suffrages, le parti avait obtenu huit députés.
La droite républicaine résiste, mais recule
Après la claque du premier tour de l’élection présidentielle, où la candidate Valérie Pécresse avait obtenu moins de 5% des voix, le bloc de droite se classe en quatrième position et récolte 13,6% des voix, selon l’estimation Ipsos-Sopra Steria. En 2017, le bloc de droite était parvenu à réunir 21,5% des voix.
Les projections réalisées par Ipsos-Sopra Steria pour le second tour tablent sur un groupe compris entre 50 et 80 députés pour Les Républicains, l’Union des démocrates et indépendants (UDI) et les candidats classés divers droite, contre 92 parlementaires LR et 8 apparentés lors de la précédente législature.
Douche froide pour Eric Zemmour, éliminé
Au premier tour de l’élection présidentielle, le nouveau parti d’extrême droite avait enregistré 7,07% des voix. En totalisant, dimanche soir, 4,1% des suffrages, le parti d’Eric Zemmour n’est pas assuré d’être représenté à l’Assemblée nationale. Quant au polémiste d’extrême droite, il est éliminé au premier tour dans la 4e circonscription du Var. Stanislas Rigault, président de Génération Z, et Guillaume Peltier ne sont pas parvenus non plus à se qualifier. « Les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, mais nous avons hissé un drapeau dans toutes les circonscriptions de France », a commenté le candidat battu.
Plusieurs ministres en tête au premier tour
S’ils échouent, ils devront quitter leur ministère. En comptant la Première ministre, Elisabeth Borne, 15 membres du gouvernement sont en lice pour ces législatives. En tête dans la 6e circonscription du Calvados (avec 34,32% des voix, selon les estimations), la cheffe du gouvernement se présentera au second tour en position de force face à son concurrent de la Nupes, Noé Gauchard (24,53%). Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, la secrétaire d’Etat à la Mer, Justine Benin, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, le ministre des Solidarités, Damien Abad, le ministre délégué, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, Franck Riester et le ministre délégué des Comptes publics, Gabriel Attal, partent également favoris pour le second tour. La ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Amélie de Montchalin, arrive quant à elle en deuxième position dans la sixième circonscription de l’Essonne, mais à plus de six points de son adversaire de la Nupes, Jérôme Guedj. Pour l’ancien ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, c’est en revanche un parachutage raté. Il a été éliminé au premier tour dans la 4e circonscription du Loiret.
Le système politique français
Pour ces élections législatives 2022, s’applique un scrutin binominal à deux tours. Tous les binômes qui ont rassemblé au 1er tour plus de 12,5% des voix des électeurs inscrits ont la possibilité de se maintenir au 2e tour. Cette règle, implique d’au-delà des deux candidats arrivés en tête à l’issue du premier tour des législatives, un troisième qui aurait réussi cet exploit (12,5% des inscrits dans un contexte de forte abstention relève du challenge) pourrait donc se qualifier lui aussi au second tour. C’est à ce moment qu’on parle de triangulaires (trois binômes de candidats qui s’opposent).
Si Emmanuel Macron n’obtient pas la majorité absolue (qu’il détenait largement avec les centristes du MoDem lors du premier mandat, avec 341 députés), il devra composer avec les autres partis pour faire passer ses réformes, notamment la très controversée celle qui fera progressivement remonter l’âge de la retraite, jusqu’à 65 ans, comme rapporté par «Tg24.Sky».
En attendant le second tour, des consignes de vote (ou pas)
La République en marche ne donnera pas de consigne nationale. Elle s’exprimera « au cas par cas » dans les circonscriptions où s’opposeront des candidats du Rassemblement national et de la Nupes. « C’est le Front républicain, contre les extrêmes », a expliqué le parti présidentiel, faisant valoir que « certains candidats de la Nupes sont extrêmes : ce sera en fonction de la personnalité de la Nupes qui est qualifiée, notamment si c’est quelqu’un qui a les valeurs de la République ». « Mais nous ne soutiendrons aucun candidat RN », a ajouté LREM. « Chacun appréciera dans sa circonscription quel est son devoir », a pour sa part déclaré le leader de la Nupes, Jean-Luc Mélenchon. « Nous n’avons aucun doute sur l’intelligence de notre peuple, ni aucune réserve à l’égard de la décision que, pour finir, il prendra quant à la composition de l’Assemblée nationale », a-t-il déclaré, demandant aux électeurs de « déferler » dans les urnes. « A ceux avec qui nous nous sommes affrontés au premier tour, de regarder ce deuxième tour, non seulement sous l’angle des projets, non seulement sous l’angle des étiquettes, mais sous celui de l’intérêt général de la patrie et de son peuple », a-t-il ajouté.
Marine Le Pen n’a pas donné non plus de consigne de vote dans les circonscriptions dans lesquelles le Rassemblement national ne figure pas au second tour. En cas de duel entre la Nupes et la majorité présidentielle, Marine Le Pen « invite les électeurs à ne pas choisir entre les destructeurs d’en haut et les destructeurs d’en bas ».
(Francetvinfo/Tg24.Sky)

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème