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Ukraine: selon les pro-russes, le journaliste français tué était un «mercenaire». Sa mère est «écœurée»

(Rome, Paris 31 mai 2022). Les pro-russes affirment que Frédéric Leclerc-Imhoff était volontaire. «Vous essayez de ternir sa mémoire mais un jour, les véritables responsables de cette absurdité criminelle devront rendre des comptes»

Le journaliste français Frédéric Leclerc-Imhoff tué hier lors d’un reportage sur l’évacuation de civils de la région de Severodonetsk, dans l’est de l’Ukraine, était en réalité « un mercenaire qui a livré des armes ». C’est la version des faits soutenue par un responsable de la milice populaire de la République autoproclamée de Lougansk, dans le Donbass, qui, dans des déclarations faites à l’agence de presse officielle russe «Tass», a contesté les reconstitutions officielles diffusées jusqu’à présent sur la mort du photoreporter de la chaîne française BFMTV, comme le rapporte l’agence italienne «AGI».

« Il ne s’est pas présenté uniquement comme journaliste. Les médias ukrainiens affirment aussi qu’il s’agissait d’un volontaire. Nous n’excluons donc pas qu’il ait pu être engagé dans des livraisons d’armes et de munitions aux forces armées ukrainiennes », a ajouté l’officier séparatiste pro-russe, dont l’identité n’a pas été révélée.
« Je ne le qualifierais pas de reporter car ses activités étaient probablement d’un autre genre. Il est tout à fait clair qu’il était complice des forces d’extrême droite ukrainiennes », a déclaré la même source, et d’ajouter : « Nous avons déjà vu comment des volontaires fournissent des munitions aux troupes ukrainiennes, qui servent à tuer des civils ». Si une autre version des faits a été diffusée par les autorités de Kiev, a conclu l’officier séparatiste de Lougansk, « c’est pour tenter de mettre en lumière cette affaire afin d’émouvoir la communauté internationale et nous mettre en difficulté, nous accusant de tuer des journalistes ».

Après ces déclarations, l’agence Tass a publié deux autres communiqués, estimant « peu probable que le citoyen français décédé lundi sur le territoire de la République populaire de Lougansk contrôlée par Kiev soit lié au journalisme ». Dans la deuxième dépêche, la même source a ajouté qu’«il était accrédité par les forces armées ukrainiennes et ne portait aucun insigne l’identifiant clairement en tant que journaliste», citant Leonard Svidovsky, chef de l’Union des journalistes de la République populaire de Lugansk. « Sa carte de presse a été délivrée par les forces armées ukrainiennes », a conclu Tass.

Peu de temps après que le président Emmanuel Macron a annoncé la mort du journaliste sur Twitter, la chaîne BFMTV a précisé que « Frédéric a été touché par un éclat d’obus au cou alors qu’il couvrait une opération humanitaire ».

La ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, qui était en visite à Kiev au moment du meurtre du reporter français, a dénoncé le « double crime contre un convoi humanitaire et un journaliste ».

Sur Twitter, la cheffe de la diplomatie française a rapporté avoir « été tué par un bombardement russe lors d’une opération humanitaire alors qu’il exerçait son devoir d’information ». Pour le journaliste de 32 ans, qui a travaillé pendant six ans pour la célèbre chaîne de télévision française, il s’agissait de la deuxième mission en Ukraine pour couvrir la guerre. Le parquet national antiterroriste français (PNAT) a ouvert une enquête sur la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff pour crimes de guerre et porte également sur « les blessures subies par son confrère Maxime Brandstaetter », présent avec lui lors du reportage, a précisé le PNAT.

La mère : « J’ai la nausée, ils répondront un jour »

Au lendemain de la mort du journaliste Frédéric Leclerc-Imhoff, sa mère tient à réagir publiquement pour répondre au leader séparatiste de la République populaire de Lougantsk (RPL) dont l’agence de presse russe Tass a relayé les propos. Voici la mise au point de la mère de Frédéric Leclerc-Imhoff, sur la chaine française :

« À l’attention de l’agence Tass et des responsables de la RPL. Bonjour. Je suis la maman du jeune journaliste que vous avez tué hier. Votre communiqué me donne la nausée. Bien sûr vous cherchez lâchement à vous dédouaner mais sachez que jamais vous ne réussirez à salir sa mémoire. Tout le monde ici connaît son engagement professionnel et personnel pour la démocratie, le respect humain et surtout une information libre, impartiale et honnête, toutes notions qui semblent bien éloignées de ce qui vous anime.

Aujourd’hui, mes pensées vont à toutes les mères ukrainiennes qui pleurent leurs enfants, tous les enfants ukrainiens qui pleurent leurs parents et toutes les mères russes qui ont vu trop tôt leurs jeunes partir soldats, qui ne les reverront pas et qui se demandent pourquoi.

Moi, au moins, lit-on encore sur le site de la chaine française, malgré la douleur, je sais pourquoi mon fils est mort. Un jour, les véritables responsables de cette absurdité criminelle devront rendre des comptes ».

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