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La Finlande à un pas de l’OTAN: pourquoi un petit pays fait peur à Poutine ?

(Rome, Paris, 10 mai 2022). Jeudi, la Première ministre Sanna Marin pourrait envoyer la demande d’adhésion. Avec Helsinki, la frontière entre l’Alliance et la Russie serait doublée. Et ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle pour Poutine

L’adhésion de la Finlande à l’OTAN se rapproche à grands pas: la commission des affaires étrangères du Parlement d’Helsinki a donné son accord à l’entrée du pays dans l’Alliance nord-atlantique, et déjà ce jeudi le gouvernement dirigé par Sanna Marin devrait officialiser la demande. À ce moment-là, il appartiendra aux alliés de décider d’accueillir ou non un nouveau membre. Sur le papier, la Finlande remplit les critères nécessaires à l’adhésion. Ceci, combiné à la situation géopolitique déterminée par la guerre en Ukraine, devrait accélérer le feu vert de l’OTAN. Une éventualité qui, à Washington, est interprétée comme un nouveau camouflet à Vladimir Poutine, comme le rapporte Dario Prestigiacomo, dans les colonnes du quotidien italien «Europa Today».

Comme nous l’avons susmentionné, déjà cette semaine Helsinki pourrait franchir une étape historique en notifiant à Bruxelles, siège de l’Alliance, sa demande d’adhésion. Après l’approbation de la commission des affaires étrangères, le président Sauli Niinisto devrait donner son avis jeudi, une déclaration de la première ministre Sanna Marin devrait suivre. Comme l’a déclaré à CNN le ministre finlandais des Affaires européennes, Tytti Tuppurainen, il s’agit d’une « réponse très naturelle » à l’invasion russe de l’Ukraine et le gouvernement du pays espère que « le processus de ratification sera aussi rapide que possible ».

L’importance de la Finlande

« Nous préférerions, évidemment, avoir une relation avec notre voisin basée sur l’amitié et la coopération – a-t-il ajouté en faisant référence à la Fédération de Russie avec laquelle la Finlande est frontalière à l’Est et au Sud-Est, « mais c’est la Russie qui s’est écartée de la situation sécuritaire en déclenchant la guerre en Europe. C’est la Russie qui a envahi l’Ukraine. Maintenant, les citoyens voient cette nouvelle réalité et le moment est venu de rejoindre l’OTAN ». Selon un sondage réalisé par la chaine publique Yle, 76% des Finlandais sont favorables à l’adhésion à l’OTAN, une forte augmentation par rapport aux 20-30% des années précédentes. C’est le signe que l’agression de Kiev a profondément changé la façon dont les Finlandais évaluent les risques de la proximité avec la Russie de Poutine.

Pour le chef du Kremlin, ce n’est certainement pas une bonne nouvelle. Ce pays d’un peu plus de 5 millions d’habitants pourrait « redessiner la carte de la sécurité européenne d’une manière qui était auparavant inconcevable, et pourrait avoir d’énormes conséquences pour la Russie », note CNN. Tout d’abord, il y a l’aspect géographique : aujourd’hui, l’OTAN et la Russie partagent environ 1.200 kilomètres de frontière terrestre. Avec l’adhésion de la Finlande, cette frontière doublerait pour atteindre 2.500 kilomètres. Le pays scandinave offre également plusieurs avantages stratégiques à l’Alliance, à commencer par sa puissance militaire : les forces armées finlandaises sont bien équipées et bien entraînées, et de plus, les armements et les soldats sont déjà conformes à ceux de l’OTAN. Ce qui signifierait que l’armée d’Helsinki est déjà prête pour toutes les missions sous les auspices de l’Alliance.

La Suède

Le pas en avant de la Finlande pourrait remporter la dernière résistance interne en Suède, l’autre État scandinave qui est, jusqu’à présent, resté neutre, mais qui est maintenant prêt à rejoindre l’OTAN. Le ministre suédois de la Défense, le social-démocrate Peter Hultqvist, autrefois opposé à l’entrée de son pays dans l’Alliance, a déclaré que les choses avaient changé : « Si la Suède et la Finlande rejoignent l’OTAN, cela renforcera la défense de l’ensemble de la région d’Europe du Nord », a-t-il déclaré, ajoutant qu’«il y a un avant et un après le 24 février », en référence à l’invasion russe de l’Ukraine.

Les propos de Hultqvist, nous apprend encore Dario Prestigiacomo dans son décryptage, interviennent dans l’attente de la décision formelle que le parti social-démocrate au pouvoir prendra ce dimanche sur l’adhésion à l’OTAN. Si Stockholm et Helsinki rejoignent l’Alliance atlantique, a fait remarquer Hultqvist, cela permettra une planification conjointe de la défense au sein de l’OTAN, renforçant ainsi les capacités militaires nordiques. Les deux pays pourront ainsi se compléter, chacun bénéficiant des atouts de l’autre. Cela sera particulièrement vrai dans la région de la Baltique, où la planification et la surveillance militaires conjointes réduiront le risque d’activités «indésirables» dans la région, y compris l’île stratégique suédoise de Gotland, a souligné le ministre.

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