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L’Allemagne fait le bilan (politique) de la décision de Scholz sur Nord Stream 2

(Rome, 22 février 2022). Après la décision de Poutine, le chancelier allemand a donné mandat au ministère de l’Économie dirigé par le vice-chancelier vert Robert Habeck de prendre les mesures administratives nécessaires pour s’assurer que le gazoduc ne peut pas être certifié

L’entrée des forces armées russes sur le territoire des provinces séparatistes ukrainiennes de Lougansk et de Donetsk « représente une grave violation du droit international ». Par ces mots, rapporte Daniel Mosseri dans le quotidien «Il Foglio», le chancelier allemand Olaf Scholz a condamné la démonstration de force voulue par le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine. Conformément à ce qui avait été convenu (ou selon certains observateurs, avec ce qui avait été imposé par) avec le président des États-Unis Joe Biden, Scholz a réagi à la patte de l’ours russe en ordonnant au ministère de l’Économie dirigé par le vice-chancelier vert Robert Habeck de prendre les mesures administratives nécessaires pour que le pipeline ne puisse pas être certifié pour le moment. « Et sans cette certification, Nord Stream 2 ne peut être mis en service », a précisé le chancelier. Sa décision ne plaira pas à ceux qui, notamment dans les Länder de l’Est de l’Allemagne, espéraient une relance de l’économie tirée par les activités induites créées par le pipeline. Mais l’heure est à la politique, l’économie parlera dans les prochaines heures.

Et la politique s’est exprimée par la voix du nouveau co-président des sociaux-démocrates allemands Lars Klingbeil : « Il était juste de tenter la voie diplomatique mais la main que nous avons tendue a été giflée ». Des propos qui trahissent la frustration d’un Scholz qui, ces derniers jours, fait la navette dans la région, s’envolant également pour Moscou, dans une tentative, torpillée plus tard par Poutine, de trouver une issue pacifique à la tension à la frontière russo-ukrainienne. Le gel de Nord Stream 2 avait d’ailleurs été demandé peu auparavant par le ministre écologiste de l’agriculture Cem Özdemir, tandis que le chef de file des libéraux au Bundestag, Christian Dürr, parlait d’un « Poutine imprévisible : c’est pourquoi il est d’autant plus important que l’Occident soit uni – et il l’est ».

En revanche, satisfait, le leader du Parti populaire européen, le Bavarois Manfred Weber, qui non sans un brin de venin, a exhorté Scholz « à s’émanciper de Gerhard Schröder », l’ancien chancelier du SPD très proche de l’idée du gazoduc, de Gazprom et même du tsar Poutine. La prise de distance de Schröder « et de ces parties du SPD que Schröder aime » est une étape « également attendue par les partenaires européens », a poursuivi Weber, en s’adressant à Bild. « Nord Stream 2 n’a pas d’avenir en raison de la politique belliciste de Poutine. Le gouvernement fédéral doit arrêter immédiatement le projet. Le temps de la pacification est révolu. Il s’agit de guerre et de paix ». De même, arrive le commentaire sur Twitter de Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères de Kiev : « Je salue la décision de l’Allemagne de suspendre la certification de Nord Stream 2. C’est une étape moralement, politiquement et pratiquement correcte dans les circonstances actuelles. Un véritable leadership signifie prendre des décisions difficiles dans des moments difficiles. La décision de l’Allemagne le prouve. « En revanche, l’ambassadeur d’Ukraine à Berlin, Andrij Melnyk, a souligné à Bild que l’arrêt du gazoduc est en retard et que Kiev attend de plus mesures anti-russes.

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