France: à deux mois de la présidentielle, l’annonce du retrait militaire du Mali fait grand bruit

1
415

(Rome, Paris, 17 février 2022). Après l’annonce d’Emmanuel Macron et de ses partenaires d’un retrait militaire du Mali, les réactions ont été nombreuses, notamment en France, à deux mois de l’élection présidentielle.

À moins de deux mois du premier tour de l’élection présidentielle française, l’annonce du retrait militaire du Mali de l’opération Barkhane a provoqué de vives réactions du parti de la majorité, tout comme dans les rangs de l’opposition.

« Notre mission au Sahel de lutte contre l’islamisme n’est pas terminée », a déclaré la candidate LR à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse, sur LCI. Elle a indiqué qu’elle souhaitait, comme l’a annoncé le chef de l’État lors d’une conférence de presse, que la « France reste au Sahel ». « Cette décision de réorganisation est une bonne décision, si c’est réorganiser », a-t-elle ajouté, estimant que « si on abandonne ce terrain, alors nos soldats seront sans doute morts pour rien et ça, je ne l’accepterai pas ».

Même son de cloche au Parti socialiste. Sur France 2, le premier secrétaire du parti a vanté « une opération très utile ». Les Français doivent rester « sous une autre forme » dans la bande sahélienne, selon Olivier Faure.

De son côté, le candidat du Parti communiste français estime que la France « doit se retirer » mais qu’elle « doit surtout changer de politique ». « La solution ne sera pas militaire, elle sera celle de la coopération et du développement », a déclaré Fabien Roussel sur Cnews, avant de rappeler son opposition et de critiquer les sanctions imposées par la Cédéao à la suite du coup d’État.

« C’est un échec »

Après neuf ans sur place, certains présentent ce retrait comme un échec. C’est notamment le cas de la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. « C’est un échec. Le fait d’être obligés de partir, après avoir été humiliés à ce point par le gouvernement malien, est un échec. On aurait probablement pu changer de stratégie depuis quatre ou cinq ans, ce qui n’a pas été le choix d’Emmanuel Macron. (…) Il faut organiser cette sortie, quoi qu’il en coûte ! », a estimé la candidate.

Jean-Christophe Lagarde (UDI) a, lui, parlé d’un « jour sombre » et a estimé que « ce départ signe aussi hélas l’échec total des stratégies successives de M. Macron ».

Le retrait a été qualifié de « piteux » par Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué. Il constitue un bilan « accablant » pour le « duo Hollande Macron », a-t-il ajouté parlant d’un « désastre » qui était « largement prévisible ». « Il faut donc partir juste parce que c’est devenu intenable. Juste écrasé sous le poids de la bêtise et de la désinvolture des chefs civils français qui se sont grisés en voulant jouer à la guerre », a souligné M. Mélenchon.

« Après près de 10 ans d’intervention, la France se retire pour une guerre qui a servi à quoi ? Près de 60 militaires sont morts au combat, des milliards d’euros ont été dépensés (…) et aucun des objectifs n’a été atteint », tance à son tour la députée insoumise Manon Aubry. « Je regrette que ce retrait se fasse dans la précipitation, sans discussion avec les autorités maliennes et sans que ce soit véritablement préparé », ajoute-t-elle, évoquant « un immense gachis ». Évoqué lors de la conférence de presse de ce jeudi, le terme d’échec a été « récusé » par Emmanuel Macron. Un avis partagé par Fabien Gouttefarde, député LREM et membre de la commission défense de l’Assemblée nationale, qui estime que le bilan de l’opération Barkhane est bon.

(Radio France Internationale)