(Rome, Paris, 06 février 2022). L’armée et les services américains continuent de tirer la sonnette d’alarme : la Russie a augmenté le nombre de ses forces armées à la frontière et serait en train d’achever les préparatifs pour frapper l’Ukraine. Cela a été révélé par le Washington Post, qui cite des sources du renseignement américaines et du Pentagone. Comme le rapporte Lorenzo Vita du journal italien «Il Giornale/Inside Over», lors d’une récente réunion avec des membres du Congrès américain et des partenaires européens, des responsables américains ont signalé l’existence de 83 groupements tactiques russes, chacun composé d’environ 750 soldats, déployés le long de la frontière et prêts à envahir le territoire ukrainien. Ce nombre a également augmenté au cours des deux dernières semaines, lorsque 60 bataillons ont été signalés. Et selon les renseignements étrangers, à l’heure actuelle, l’ensemble des bataillons tactiques déployés par le gouvernement russe représenterait environ 70% des forces nécessaires à une attaque. L’estimation générale, incluant les soldats déjà déployés, le personnel logistique, les hommes de l’armée de l’air et les médecins, serait d’environ 100.000 personnes, bien que certains observateurs estiment qu’elle pourrait atteindre le nombre de 130.000.
Washington continue donc de soutenir l’hypothèse d’une attaque. Le conseiller à la sécurité nationale, Jack Sullivan, a déclaré que la Russie pourrait attaquer « dans les prochains jours et les prochaines semaines ou elle pourrait choisir de poursuivre la diplomatie » et se préparer à toute éventualité. L’administration Biden avait signalé que la mi-février serait le moment le plus probable pour une incursion russe en Ukraine. Et depuis quelque temps, on parle de l’hypothèse de « faux drapeaux » que Moscou exploiterait pour intervenir avec ses propres forces armées.
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Un scénario dont le Kremlin a maintes fois nié le bien-fondé. A cet égard, Anatoly Antonov, le représentant russe à Washington, est récemment intervenu, accusant les Etats-Unis d’avoir mis en place «une guerre de l’information» et qu’«ils provoquent le monde entier depuis plusieurs mois en prétendant que l’Ukraine est sur le point d’être victime d’une agression russe ». Du même avis, l’ambassadeur adjoint de Russie auprès des Nations unies, Dmitry Polyanskiy, qui a écrit dans un tweet que les évaluations des services américains sur l’hypothèse d’une invasion russe et de la capitulation de Kiev en quelques jours, faisant des milliers de morts sur le terrain serait le fruit de « la folie » et de « l’alarmisme ». « Et si nous disions que les États-Unis pouvaient prendre le contrôle de Londres en une semaine et causer la mort de 300.000 civils ? », a tweeté le diplomate russe.
Entre-temps, l’OTAN poursuit le dialogue entre ses membres et renforce ses contingents dans les territoires frontaliers. Les troupes américaines sont déjà arrivées en Pologne, tandis que le président français Emmanuel Macron s’apprête à débarquer à Moscou pour rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine.
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Le chef de l’Elysée se rendra ensuite à Kiev, pour tenter d’assumer le rôle d’interlocuteur privilégié de l’Europe de la crise. Le Président français a évoqué la « nécessité de poursuivre le travail afin de trouver par le dialogue une voie de désescalade » et a également reçu les applaudissements du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui a tenu à « rendre hommage » aux démarches françaises sur le front russo-ukrainien. Un choix qui concerne non seulement l’escalade mais aussi le leadership de l’Union européenne. Macron peut profiter de ce semestre à la tête de l’UE pour renforcer son rêve de diriger la politique étrangère de Bruxelles. Et à l’approche des élections présidentielles, pour le chef de l’Elysée, il s’agit d’une étape fondamentale dans sa confirmation à la tête de la France.