Mali: le Conseil de l’UE impose des sanctions à cinq personnalités

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(Rome, Paris, 04 février 2022). L’UE reproche aux dirigeants maliens de retarder le processus de transition démocratique promis depuis le putsch militaire de mai 2021. Ces personnalités du pouvoir putschiste n’ont plus droit d’entrer sur le territoire de l’UE, leurs avoirs sont gelés et il est interdit aux personnes et entités de l’UE de mettre des fonds à leur disposition.

Après les sanctions économiques prises par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) contre les autorités maliennes de transition, l’Union européenne a décidé ce vendredi d’appliquer elle aussi des mesures répressives contre Bamako, mais en ciblant cinq personnalités du pouvoir malien. Les cinq membres de la junte visés sont le Premier ministre, Choguel Maïga, le président du Conseil national de Transition (CNT), Malick Diaw, le ministre de la Réconciliation nationale, Ismaël Wagué, et l’activiste du groupe Yerewolo Adama Ben Diarra, également membre du CNT. Selon un communiqué de l’UE, ils sont «responsables d’actions qui entravent et compromettent le bon déroulement de la transition politique au Mali». Ni le président de la transition, Assimi Goïta, ni le porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga, qui a récemment invité la ministre des Armées, Florence Parly, à se taire ou le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui a signifié à l’ambassadeur français au Mali son expulsion, ne font partie des sanctionnés.

Ces sanctions font suite à une décision prise par les partenaires européens du Mali, après une escalade diplomatique entre la France et les autorités maliennes qui a commencé depuis le coup du 18 août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keïta. Le 13 décembre, le Conseil européen avait mis en place «un cadre autonome de sanctions à l’encontre des personnes responsables de la menace de la paix, de la sécurité ou de la stabilité du Mali, ou de l’obstruction de la mise en œuvre de sa transition politique», précise le communiqué. Les cinq membres désignés par ces dernières sanctions font désormais l’objet d’une interdiction de voyage en Europe, ce qui les empêche d’entrer ou de transiter sur les territoires de l’UE, ainsi qu’un gel de leurs avoirs. L’UE interdit désormais aux citoyens et aux entreprises européennes de mettre des fonds à disposition des sanctionnés, que ce soit directement ou indirectement.

Retour «à la table des négociations»

Dimanche 9 janvier, c’est la Cédéao qui, la première, avait pris la décision de sévir, fermant ses frontières avec le Mali et appliquant un embargo commercial et financier. Des mesures lourdes visant à entraver le maintien de la junte qui envisage de se maintenir au pouvoir jusqu’en décembre 2025, comme elle l’avait suggéré après les assises nationales de décembre. Mais cette décision était contraire à l’accord conclu avec la Cédéao le 15 septembre 2020 et à l’engagement pris dans la «charte de la transition», fixant l’organisation de nouvelles élections au 27 février 2022.

Ces sanctions européennes étaient il y a quelques jours encore en processus de toilettage juridique à Bruxelles. Leur publication avait été repoussée à la suite de la visite du ministre malien des Affaires étrangères fin janvier à Bruxelles. Mais la poursuite des tensions diplomatiques et la signification de l’expulsion de l’ambassadeur de France au Mali ont parachevé leur annonce.

«Nous avons donné un maximum de temps à la junte pour trouver des compromis tenables, explique une source diplomatique européenne à Bamako. Mais après la rencontre avec M. Diop à Bruxelles, nous n’avons pas obtenu satisfaction. Ces sanctions ne sont pas définitives. Leur objectif est avant tout de ramener les Maliens à la table des négociations afin d’arriver à une solution raisonnable ».

Par Matteo Maillard. (Libération)