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Chasse à la flotte russe. L’OTAN contrôle où vont les navires de Poutine

(Rome, Paris, 02 février 2022). L’OTAN continue d’observer de près les mouvements de la flotte russe en Méditerranée. Tant les six navires qui sont entrés par Gibraltar (et qui ont traversé le détroit de Sicile), que l’autre partie de la flotte, celle qui est présente dans les ports syriens depuis plusieurs années.

Après les propos tenus hier par Vladimir Poutine, on essaie de comprendre dans quelle mesure le bloc occidental et la Fédération de Russie sont prêts à faire monter le niveau de tension, s’interroge Lorenzo Vita dans le journal italien «Il Giornale/Inside Over». Le renforcement du front oriental est évident. Londres et Washington ont montré leur volonté de renforcer leurs partenaires européens, en particulier Kiev, en envoyant des soldats, des formateurs et des armes. Tandis que les troupes russes continuent d’être à la frontière avec l’Ukraine et la Biélorussie, les partenaires de l’OTAN continuent de surveiller le moindre mouvement de Moscou dans l’immense échiquier impliquant les forces sur le terrain. Et c’est en mer que se trouve l’un des grands fronts ouverts entre les deux blocs.

«Pas d’escalade»

C’est un moment délicat pour l’Alliance atlantique. L’Etat-major de la Défense, dans une note, précise que le transit de la flottille russe au départ des ports de Severomorsk et de Baltijsk « ne viole pas la souveraineté des Etats côtiers » et que « ni les forces de l’OTAN ni la formation navale russe n’ont montré des comportements ou des intentions d’escalade ». Une déclaration claire visant à éviter les malentendus sur l’approche de la flottille de Moscou vers les côtes italiennes et, en général, vers l’Alliance. Toutefois, il est clair que le bloc occidental surveille de très près – et avec une extrême attention – les mouvements de la marine russe. D’autant qu’à une courte distance de ces unités de la Flotte de la Baltique et du Nord, les navires de l’OTAN s’entrainent à l’une des manœuvres les plus importantes prévues en Méditerranée, la Neptune Strike 2022.

L’exercice, qui rejoint l’opération Clemenceau de la marine française et qui impliquera les porte-avions Cavour, Charles de Gaulle et Harry Truman, signifie que dans cette partie de mer entre le détroit de Sicile et la Méditerranée orientale, se trouve un important rassemblement des forces de l’OTAN, l’un des plus importants depuis la guerre froide. Et force est de constater qu’avec ce déploiement de forces aériennes et navales, l’approche d’un groupe de bateaux russes joint à la flotte stationnée en Syrie – et notamment des sous-marins Kilo – n’est pas un élément secondaire. A l’agence ANSA, un responsable de l’Alliance atlantique a confirmé que « les forces alliées surveillent régulièrement les navires russes naviguant à proximité des eaux de l’OTAN » et a rappelé que « c’est la première fois depuis la guerre froide qu’un groupe complet de porte-avions américains passe sous le commandement de l’OTAN ». Un signal qui indique également la volonté des Etats-Unis de se coordonner avec l’ensemble du bloc militaire euro-atlantique en vue d’une confrontation avec la Russie qui se resserre.

Avions et vigies : l’OTAN observe les mouvements russes

Comme l’a rapporté Gianluca di Feo dans le quotidien « La Repubblica », le mouvement de l’unité norvégienne Hansen, « qui est la vigie avancée de la force opérationnelle dirigée par le porte-avions américain Truman, est également intéressant en ces heures ». Selon les sites de surveillance, le navire a suivi des unités russes pour établir un contact visuel.

A l’heure actuelle, les problèmes de l’OTAN sont essentiellement au nombre de deux : le premier est cette flottille de six navires de débarquement qui sillonnent la Méditerranée. La seconde est la présence du « Kilo » au Levant, qui depuis quelque temps est surveillé par la flotte atlantique et notamment américaine. Ces jours-ci, les sites qui tracent les itinéraires des vols militaires (publics) ont détecté une série de mouvements d’avions de patrouille et anti-sous-marins dans les eaux entre Chypre et la Syrie. Un P8 « Poséidon » parti de Sigonella (une base aérienne italienne, située en Sicile à l’extrême-nord de la Province de Syracuse, utilisée également par l’US Navy, ndlr) a commencé à « sillonner » une partie de mer pas trop éloigné du port de Tartous, en Syrie. Et hier, écrit ItaMilRadar, un avion anti-sous-marin ATR P-72MPA de la marine turque a quitté l’aéroport de Dalaman pour surveiller les eaux au sud de Chypre. En croisant les données, il est possible de penser que certaines unités russes ont commencé à se déplacer dans les profondeurs de la Méditerranée orientale et qu’une « chasse » a commencé qui est devenue ces dernières années une coutume pour toute la région.

Où se dirigent les navires russes ?

La question qui se pose spontanément en ce moment est de savoir ce que les unités de Moscou ont l’intention de faire. Les lectures peuvent être multiples. Certains experts pensent que ces navires de la classe « Ropucha » – des navires d’assaut amphibies – se dirigent vers la mer Noire pour exercer une pression supplémentaire sur Kiev. De nombreux analystes ont jugé plausible qu’un des scénarios d’agression russe contre l’Ukraine puisse avoir lieu sur le front sud, le front maritime. Et les navires de débarquement, avec quelques milliers de marines, pourraient être un instrument fondamental. Mais ces bateaux pourraient aussi être « tout simplement » un instrument de pression diplomatique sur l’OTAN : un élément de distraction, utile pour accroître la tension en Méditerranée et empêcher les forces atlantiques de se concentrer sur l’exercice en cours.

Enfin, poursuit Lorenzo Vita, il est également important d’observer les mouvements de ces sous-marins au large de la Syrie et de Chypre, car d’autres navires russes de la mer Rouge devraient arriver dans cette zone et qui, il y a encore quelques jours, étaient engagés dans des exercices militaires avec l’Iran et la Chine entre le golfe Persique et l’océan Indien. Une concentration d’unités navales également en Méditerranée orientale, et précisément lors des manœuvres de la France, de l’Italie et des États-Unis, pourrait aussi, dans ce cas, être un outil de « provocation », mais aussi un moyen de renforcer la présence navale russe alors que le défi pour les « mers chaudes » est lancé.

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