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Escalade en Europe: la tension monte avec Moscou

(Rome, Paris, 24 janvier 2022). Le président des États-Unis, après une réunion avec les chefs militaires, songe à envoyer des milliers d’hommes en Europe de l’Est. La tension autour de la crise en Ukraine ne faiblit pas

Le niveau de tension entre la Russie et l’Occident ne semble pas destiné à s’apaiser à très court terme. Et la frontière entre l’Europe de l’Est et la Russie risque encore de connaître des moments de troubles et des dangers d’escalade militaire, comme le rapporte Lorenzo Vita dans le quotidien italien «Il Giornale».

Le New York Times, qui cite des sources au sein de l’administration démocrate, a révélé que le président des États-Unis, Joe Biden, envisagerait d’envoyer 5.000 hommes, des navires et des avions dans les pays de l’OTAN en Europe de l’Est. La décision n’est pas encore prise, mais sur la table du président, comme l’explique le journal américain, les dirigeants du Pentagone ont présenté plusieurs options. L’un d’eux prévoit même la possibilité de décupler le nombre de soldats, entraînant ainsi le déploiement de dizaines de milliers de soldats américains et de l’Alliance atlantique le long des frontières qui séparent le bloc occidental du territoire de la Fédération de Russie.

Selon les informations qui ont filtré de la visioconférence qui a eu lieu alors que le président se trouvait dans la résidence de Camp David, un sommet auquel ont également participé le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, et le chef d’état-major, Mark Milley. L’hypothèse est d’envoyer des troupes en partie depuis l’Amérique et en partie depuis des bases américaines en Europe. Des hommes qui rejoindraient les quelque quatre mille soldats américains déjà déployés en Pologne et des milliers d’autres répartis entre les différents pays baltes et les Balkans orientaux. En outre, des conseillers militaires et des instructeurs sont déjà présents en Ukraine, déterminés à améliorer les capacités des forces ukrainiennes. Les avions de reconnaissance sont déjà en vol au-dessus de la mer Noire, près de la Crimée et le long de la frontière russe. Alors que les pays de l’OTAN ont déjà renforcé le déploiement d’unités navales en Méditerranée et en mer Noire, l’Espagne a envoyé deux navires et envisage d’envoyer des chasseurs en Bulgarie, le Danemark a déjà renforcé sa présence navale en Baltique et envisage le déploiement de chasseurs en Lituanie, la France envisage d’envoyer des forces dans les Balkans orientaux, tandis que les Pays-Bas ont déjà lancé des opérations pour envoyer prochainement deux F-35 en Bulgarie. Pendant ce temps, le groupe d’attaque du porte-avions Harry Truman se trouve en Méditerranée orientale : pour la première fois depuis la guerre froide, il est sous commandement de l’OTAN, explique l’Alliance dans un communiqué.

L’indiscrétion lancée par les États-Unis, ajoute Lorenzo Vita dans son décryptage, confirme que la tension sur le front ukrainien ne s’est pas du tout apaisée. La Maison Blanche et le Kremlin tentent de trouver les voies du dialogue pour éviter une option militaire russe dans le pays européen. Mais la nouvelle de ce possible déploiement de troupes, conjuguée à celle de l’évacuation d’une partie du personnel de l’ambassade américaine à Kiev, est un signal qui laisse ouverts des scénarios inquiétants. Le risque est que le président russe, Vladimir Poutine, considère cet éventuel envoi de troupes américaines comme une confirmation supplémentaire des allégations d’encerclement qui ont déclenché l’escalade et l’envoi de militaires le long de la frontière. D’autre part, l’arrivée des forces russes en Biélorussie et le déploiement continu de milliers de soldats le long des frontières qui séparent la Russie de l’Ukraine ne présagent pas des bonnes intentions de Moscou. Et le ministère britannique des Affaires étrangères a déjà émis l’hypothèse que la Fédération de Russie pourrait avoir en tête un «raid» aboutissant à l’installation d’un gouvernement allié de Moscou à Kiev. Des accusations promptement démenties par les responsables du Kremlin, mais qui servent à faire comprendre le degré de tension enregistré en ces heures.

Pour Biden, l’hypothèse de ce geste « musclé » signifierait aussi la volonté d’envoyer un message à l’adversaire russe, mais aussi à la politique intérieure et l’opinion publique. Les détracteurs accusent le chef de la Maison Blanche de ne pas avoir encore fait preuve d’autorité nécessaire envers le dirigeant russe et sont nombreux ceux qui estiment que Biden n’est pas à la hauteur pour gérer une crise qui a ramené l’histoire à l’époque de la guerre froide. La percée dans les négociations entre Antony Blinken et Sergueï Lavrov n’a pas eu lieu. Mais dans tous les cas, l’impression est que la balle est dans le camp de Poutine, qui a réussi à placer l’escalade sous son contrôle, au point de pouvoir décider si et quand intervenir en Europe et de quelle manière. Biden, après la conférence de presse au cours de laquelle il a naïvement « approuvé » une incursion russe, bien qu’avec une gaffe immédiatement corrigée par son état-major, il doit maintenant envoyer des signaux à Moscou ainsi qu’à Washington. Il doit également ralentir l’effondrement du consensus au niveau de l’establishment ainsi que la popularité auprès de l’électorat démocrate.

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