L'actualité du Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord

L’Italie aux côtés de la France pendant le semestre de l’UE. Les Dialogues Luiss-Sciences Po

(Rome, Paris, 15 décembre 2021). Di Maio, Giorgetti et Franceschini mais aussi Le Drian et Le Maire. Et encore : Rossi (Tim), Cristosomo (Enel), Munari (Bnl) et l’économiste De Romanis. Qui a parlé et ce qu’ils ont dit lors de l’événement sur le traité du Quirinal organisé par les deux universités en collaboration avec «The European House – Ambrosetti»

Promouvoir le débat sur les politiques publiques européennes et leur partage social, comme indiqué dans le document « programme de travail franco-italien » annexé au traité du Quirinal signé par le Premier ministre italien Mario Draghi et par le président français Emmanuel Macron le 26 novembre en présence du Président de la République italienne Sergio Mattarella. Cet esprit a guidé l’événement d’aujourd’hui « Italie et France : une alliance renforcée avec le Traité du Quirinal » dans le cadre des Dialogues italo-français pour l’Europe organisés par les universités Luiss à Rome et Sciences Po à Paris, en collaboration avec «The European House – Ambrosetti», sous le patronage de l’ambassade d’Italie à Paris et de l’ambassade de France à Rome, un riche article publié dans le quotidien italien «Formiche», par Silvia Bosco.

LES RELATIONS POLITIQUES SELON ROME …

« La signature du traité du Quirinal est un événement d’importance historique », a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio dans un message envoyé à l’occasion de l’événement et lu par l’ambassadrice d’Italie à Paris Teresa Castaldo. « Nous avons donné un cadre institutionnel à une relation, celle entre l’Italie et la France, unique par sa profondeur en termes d’intégration économique, de liens entre les sociétés civiles, d’adhésion commune à la famille européenne et atlantique ». L’Italie et la France ensemble « peuvent, ou plutôt, doivent, être décisives », a-t-il ajouté : « nous l’avons vu lors des négociations sur le Fonds de relance, lorsqu’avec les autres partenaires nous avons obtenu un résultat d’une importance sans précédent, en rejetant la tentation de l’égoïsme national ».

Giancarlo Giorgetti, ministre du Développement économique, a expliqué que la France aura « tout le soutien du gouvernement italien » durant son semestre de présidence de l’Union européenne qui est sur le point de commencer. « Notre maison commune est sans aucun doute l’Europe », a-t-il dit. « Le traité de coopération renforcée représente un saut qualitatif dans nos relations ».

Avec la France « nous devons construire un itinéraire qui place la culture au centre de nos économies », a déclaré Dario Franceschini, ministre de la Culture. « Les investissements dans la culture peuvent contribuer au développement durable ». Les deux pays, a-t-il poursuivi, « font déjà un chemin commun et des initiatives telles que le dialogue italo-français qui renforcent cette situation ».

… ET SELON PARIS

Christian Masset, ambassadeur de France à Rome, a lu le message envoyé par le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire, selon lequel « le Traité est l’aboutissement de mois de travail entre nos pays, qui tissent leur toile depuis des siècles ». A travers le Traité, dit le ministre, « nous allons renforcer notre coopération industrielle. Je pense à Stellantis, Exilor Luxottica ou Euronext pour les marchés des capitaux. Nous renforcerons la coopération économique pour les champions qui émergent aujourd’hui. Dans ce traité, nous avons exprimé notre volonté de renforcer notre Europe. Je me réjouis que le G20 et l’OCDE aient soutenu une taxe minimale sur les géants du numérique. Ce sera une priorité de la présidence française de l’UE ». Enfin, « la coopération dans l’espace sera également fondamentale. Le Traité permet d’accélérer l’émergence de l’Union Européenne en favorisant l’accès à l’espace ».

Le même diplomate a également lu le message de Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères. Le traité du Quirinal, explique-t-il, répare une anomalie car l’Italie et la France « n’avaient pas jusqu’à présent construit de charte commune. C’est fait ». Ce traité, a-t-il poursuivi, « va nous permettre de développer l’indispensable réflexe franco-italien et ainsi renforcer par ce rapprochement la capacité d’innovation de l’Union européenne dans des secteurs stratégiques pour son autonomie », a expliqué le chef de la diplomatie française. Puis, comme son homologue Di Maio, il a souligné ce qu’il avait fait avec la « Next Generation Eu » : « quand la France et l’Italie travaillent ensemble, l’Europe entière est plus forte. Ce traité renforce l’Union européenne », a poursuivi M. Le Drian, rappelant également les propos du Premier ministre Mario Draghi : « Il faut faire vivre ce texte ».

LES RELATIONS INDUSTRIELLES

Tim « est un exemple d’interconnexion entre l’Italie et la France avec le partenaire français (Vivendi de Vincent Bolloré, ndlr), est important, mais nous ne sommes pas là pour parler de Tim », a déclaré le président de l’entreprise, Salvatore Rossi. S’exprimant lors d’une table ronde avec le président d’Enel, Michele Crisostomo, et l’économiste Veronica De Romanis, M. Rossi s’est dit confiant dans la pérennité du traité du Quirinal signé par les deux pays, au-delà des circonstances politiques qui ont facilité sa signature. Le président de Tim a refusé de répondre aux questions quant à l’actualité du groupe, avec l’offre du fonds américain KKR. Mais il a expliqué qu’«une entreprise italienne qui est née petite reste généralement petite. Elle refuse de se développer ou est incapable de le faire en raison d’un environnement extérieur hostile». Toutefois, a-t-il raisonné, « l’évolution technologique nécessite souvent de grandes dimensions pour être pleinement exploitées», de sorte qu’«il est crucial de rendre l’environnant plus favorable, ou du moins pas plus hostile sur le plan juridique et réglementaire du marché du travail : des politiques publiques sont nécessaires dans ce sens».

L’OPPORTUNITÉ DU PNRR

  1. Rossi a ensuite évoqué le PNRR (Le Plan National de Relance et de Résilience, ndlr), qu’il considère comme « l’occasion historique de donner un tournant décisif aux problèmes vieux de trente et quarante ans, devenus des obstacles, qui ne peuvent plus être tolérés, à la modernisation du pays et à la croissance de son économie ». Selon M. Crisostomo, « il ne faut pas confondre stabilité politique et impasse institutionnelle » : « il faut mettre en place une structure technique qui rende le PNRR fonctionnel, qui est d’une complexité incroyable », a-t-il expliqué. Face à l’enjeu du Plan, « il y a une responsabilité des entreprises qui est égale à celle du public », a-t-il ajouté.

Pour De Romanis, le PNRR a une nouveauté : « Il n’y a pas de contrainte externe mais plutôt interne. Nous avons écrit ce que nous voulions faire, en fixant des délais, et maintenant nous devons le faire. Avec responsabilité, en plus de la solidarité. Il faut changer complètement ce pays pour le renforcer ». Puis il a invité à lire les dernières pages du PNRR rédigées par le président Draghi : « Sans une prise de responsabilité, nous ne réussirons pas à changer les 20 dernières années ».

L’ENGAGEMENT DE LA BNL

Andrea Munari, président de la BNL, a annoncé que le groupe bancaire italien contrôlé par le français BNP Paribas avait décidé de financer une chaire de relations internationales italo-françaises à l’Université Luiss Guido Carli, en plus de celle déjà financée à Bocconi pour démontrer son attention à l’éducation. La banque, a ajouté M. Munari, entend également favoriser l’accès à l’enseignement supérieur pour ceux actuellement en difficulté, « une tragédie qui remonte à loin ». Et Silvia Boscode de conclure : Paola Severino, vice-présidente de Luiss, a remercié Andrea Munari et a expliqué que la chaire italo-française sera itinérante, un an en Italie et un en France.

Recevez notre newsletter et les alertes de Mena News


À lire sur le même thème