Pêche post-Brexit: Emmanuel Macron et Boris Johnson jouent la carte de l’apaisement

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(Rome, 31 octobre 2021). Boris Johnson et Emmanuel Macron se sont rencontrés, dimanche, en marge du G20, au moment où les relations entre Paris et Londres sont tendues autour des licences de pêche post-Brexit.

La fin du bras de fer entre Paris et Londres ? Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre britannique, Boris Johnson, ont décidé, dimanche 31 octobre, de travailler à « des mesures pratiques » dans « les tous prochains jours » pour favoriser « une désescalade » dans le conflit sur la pêche entre la France et le Royaume-Uni, a annoncé l’Élysée.

Il s’agit de faire en sorte que « des mesures pratiques et opérationnelles soient prises le plus vite possible pour éviter une montée de la tension », a expliqué la présidence française, à l’issue d’une rencontre en tête-à-tête en marge du G20. Un point sera fait mardi sur la mise en œuvre ou non de mesures de rétorsion par Paris, a précisé la même source.

Samedi, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est plaint auprès de la cheffe de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, des menaces « complètement injustifiées » de Paris sur la question et a assuré envisager « activement » une procédure pour la première fois.

Lors d’une rencontre avec Ursula von der Leyen au sommet du G20 à Rome, Boris Johnson a fait part, selon Downing Street, de ses « préoccupations à propos de la rhétorique du gouvernement français » sur ce sujet inflammable entre la France et le Royaume-Uni.

De son côté, Ursula von der Leyen a tweeté que la Commission était « intensément engagée pour trouver des solutions ».

La France reproche au Royaume-Uni d’accorder trop peu de licences post-Brexit à ses pêcheurs. Elle a promis, faute d’amélioration, d’interdire dès mardi aux navires de pêche britanniques de débarquer leur cargaison dans les ports français et de renforcer les contrôles douaniers de camions.

Une rencontre dimanche entre Boris Johnson et Emmanuel Macron

Loin de s’apaiser avant le G20, la tension est encore montée, vendredi, avec la menace de Londres de mettre en œuvre des « contrôles rigoureux » sur les bateaux européens frayant dans ses eaux, si Paris met effectivement ses menaces à exécution.

Pour la photo de famille du G20, Boris Johnson est arrivé en saluant Emmanuel Macron d’une manière exagérément combative, mais les deux hommes n’ont pas semblé se parler. Ils doivent le faire dimanche en tête-à-tête.

Le président français a estimé, dans une interview au Financial Times, que la « crédibilité » du Royaume-Uni est en jeu.

Vers une procédure contre Paris ?

L’accord post-Brexit, conclu in extremis fin 2020 entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à certaines conditions.

Londres affirme avoir accordé 98 % des demandes de licences de navires de l’UE pour pêcher dans ses eaux, un chiffre contesté par la France, qui parle de 90 %.

Boris Johnson a indiqué, samedi, qu’il était prêt à activer pour la première fois un outil de règlement des conflits prévu dans les accords post-Brexit avec l’UE.

« Non, bien sûr que non, je ne l’exclus pas », a déclaré Boris Johnson à la chaîne Sky News en marge du G20. « S’il y a une violation du traité ou si nous pensons qu’il y a une violation du traité, alors nous ferons ce qui est nécessaire pour protéger les intérêts britanniques ».

« Mais je crois que ce que tout le monde veut, c’est la coopération entre les alliés européens et Emmanuel Macron », a-t-il ajouté.

Dans une série de tweets, le secrétaire d’État britannique chargé du Brexit, David Frost, a renchéri en précisant que Londres envisage « activement » de lancer la procédure de résolution des différends. Il a appelé l’Union européenne et la France à renoncer à la « rhétorique et aux actions qui rendent la situation plus difficile », faisant part de l’«inquiétude» et la « surprise » de Londres face aux termes employés par le Premier ministre français, Jean Castex, dans une lettre à Ursula von der Leyen, qui a fait vivement réagir à Londres.

Dans ce courrier révélé par Politico, le chef du gouvernement français estime qu’il est « indispensable de montrer clairement aux opinions publiques européennes que le respect des engagements souscrits n’est pas négociable et qu’il y a davantage de dommages à quitter l’Union européenne qu’à y demeurer ».

Dans ce contexte, un bateau britannique soupçonné de pêche illégale dans les eaux françaises était toujours à quai au Havre, samedi, dans l’attente du versement de 150 000 euros de caution. Son capitaine doit être jugé en août prochain.

Avant l’ouverture de la COP26 sur le climat, dimanche, à Glasgow, Boris Johnson a estimé que le conflit sur la pêche « est franchement du pipi de chat, accessoire, en comparaison avec la menace contre l’humanité à laquelle nous sommes confrontés ».

(France24)