Soudan: le Conseil de sécurité adopte une résolution unanime pour soutenir un gouvernement civil

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Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution unanime sur le Soudan, ce jeudi 28 octobre. Après plusieurs jours de discussions, la Russie et la Chine ont accepté de signer un texte amendé, définissant une position commune. Dans la rue, au moins une personne supplémentaire s’érigeant contre le coup d’État a perdu la vie.

Alors qu’une grande mobilisation populaire se prépare pour samedi à Khartoum et dans plusieurs autres villes du Soudan, afin d’exiger le retour des civils au pouvoir, la diplomatie internationale est cette fois entrée en action, face au chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan, qui semble de plus en plus isolé et dont la marge de manœuvre s’est encore rétrécie ce jeudi du fait de cette résolution au Conseil de sécurité de l’ONU.

Après la suspension de l’aide financière internationale, après la condamnation en des termes sévères par l’Union africaine, le Conseil de sécurité des Nations unies a exigé, dans une déclaration laborieusement discutée mais finalement unanime, le rétablissement d’un « gouvernement de transition dirigé par des civils », exprimant sa « vive préoccupation face à la prise de pouvoir militaire ». Il a également dénoncé les arrestations et la dissolution des institutions transitoires du pays. Et de demander « un dialogue sans pré-conditions » pour résoudre la crise ouverte par le coup d’État de lundi.

Pour certains observateurs, la Russie, qui a fait traîner les négociations sur la déclaration, voulait peut-être attendre que l’Union africaine se prononce d’abord, rapporte notre correspondante à New York, Carrie Nooten. Moscou aurait été fidèle à son principe de laisser les projecteurs sur la région d’une crise en premier lieu. Et surtout l’expression du communiqué a été fortement diluée, puisque la Russie a obtenu gain de cause et fait supprimer les termes de « condamnation » et de « coup d’État » du texte. Mais dans ce contexte d’un Conseil de sécurité si polarisé, obtenir un consensus, faire que le Conseil s’exprime d’une seule voix, même a minima, est le véritable but des diplomates. Cela n’a d’ailleurs pas empêché l’ambassadeur russe adjoint de Twitter un appel à la désescalade. Il a par ailleurs taclé les autorités de transition les jugeant « incapables de régler les problèmes », et dénoncé des tentatives « d’ingérence » – une critique à peine voilée contre les États-Unis.

Au moins 11 morts depuis le début de la semaine

Tous les yeux sont désormais rivés sur la rue, et la mobilisation populaire de samedi d’autant que les affrontements entre manifestants et forces de sécurité se sont intensifiés ce jeudi à Khartoum. Il y avait des centaines de personnes aux funérailles d’un membre d’un comité de résistance dans un quartier du nord de la capitale. Il avait été tué par balle lundi sur le pont qui enjambe le Nil bleu. L’événement a vite été interrompu par les forces armées qui sont subitement intervenues à coup de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, rapporte notre correspondant à Khartoum, Eliott Brachet.

Les violences se sont poursuivies tout l’après-midi, à balles réelles cette fois, faisant au moins trois morts. Le bilan depuis le début de la semaine est difficile à établir étant donné les coupures de communications, mais ce vendredi matin, il y aurait au moins 11 morts et des centaines de blessés.

Les arrestations, elles, se poursuivent dans tout le pays : des membres du comité de démantèlement de l’ancien régime à Wad Madani, des militants ou des membres de comité de résistance à Kosti sur le Nil ou à el-Fasher au Darfour. Dans les coulisses, les négociations politiques se poursuivent. Le général Burhan devrait annoncer prochainement un nouveau Premier ministre. Il a fait savoir qu’il est favorable au retour d’Abdallah Hamdok mais ce dernier refuse d’approuver le coup d’État.

Dans la rue, les contestataires restent confiants avant la manifestation de samedi. Chaque nuit, ils réinstallent les barricades tombées la veille. Le 30 octobre, Burhan sera à Kober, répètent-ils en chœur en faisant référence la prison où est déjà détenu Omar el-Béchir. (Radio France Internationale)