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Comme dans les années 1990, le Panshir se prépare à résister aux talibans

(Rome, 17 août 2021). La vallée, au nord-est de l’Afghanistan, se rassemble autour d’Ahmad Massoud, fils du commandant historique qui a d’abord tenu en échec les Soviétiques puis les étudiants coraniques.

Comme il y a vingt-cinq ans, au temps du légendaire commandant Massoud, la vallée du Panshir reste le dernier bastion de la résistance contre les talibans, comme le rapporte l’agence italienne «AGI». La province du Nord-Est est la seule qui n’est pas encore tombée aux mains des insurgés. « Le territoire est sûr, toutes les organisations étatiques continuent de fonctionner et les habitants sont prêts à toute sorte d’attaque des talibans », a assuré le chef du département de l’économie locale, Abdoul Rahman, « nous sommes prêts à résister aux talibans pour la deuxième fois ».

La résistance entre 1996 et 2001

La première s’est déroulée de 1996 à 2001, lorsque le Panshir est resté la seule région d’Afghanistan échappant au contrôle des étudiants coraniques grâce aux talents stratégiques d’Ahmad Shah Massoud, qui a su exploiter les caractéristiques orographiques de la province pour en faire une forteresse impénétrable et la préserver de l’occupation des talibans, comme des années auparavant il avait réussi à la préserver de l’invasion soviétique.

L’épopée s’est terminée le 9 septembre 2001, deux jours avant l’attentat des Twin Towers, lorsque Massoud a été assassiné par deux terroristes d’origine arabe, probablement des membres d’Al-Qaïda qui, se faisant passer pour des journalistes, ont fait exploser une bombe cachée dans une caméra. La tâche de poursuivre le combat revient désormais au jeune Ahmad Massoud, fils du « Lion du Panshir ». Ahmad Wali Massoud, frère cadet du leader tadjik, fait plutôt partie de l’équipe de négociation envoyée à Doha pour traiter avec les talibans.

L’appel du fils

« J’ai hérité de mon père, héros national, le Commandant Massoud, son combat pour la liberté des Afghans. Ce combat est le mien maintenant, pour toujours ». C’est ce qu’affirme Ahmad Massoud, fils du commandant légendaire dans un article pour « La Repubblica », soulignant comment « la tyrannie triomphe en Afghanistan » et « dans le bruit et la fureur, l’esclavage s’instaure ».

Ahmad Massoud s’adresse ensuite à « vous, Afghans de toutes régions et tribus, et je vous invite à vous rejoindre à nous ». Je me tourne vers vous, Afghans au-delà de nos frontières, qui avez l’Afghanistan dans votre cœur, pour vous dire que vous avez des compatriotes ici au Panshir, où je me trouve à nouveau, qui n’ont pas perdu espoir. Je lance un appel à vous tous, en France, en Europe, en Amérique, dans le monde arabe ou ailleurs, qui nous avez tant aidés dans notre lutte pour la liberté, contre les Soviétiques autrefois, contre les talibans il y a vingt ans : allez-vous à nouveau nous aider ? », demande le fils du commandant légendaire.

Et Massoud d’analyser : « nous, les Afghans, sommes dans la même situation que l’Europe en 1940. Nous sommes livrés à nous-même », et assure ensuite : « nous n’abandonnerons jamais ». Et pour conclure, Massoud lance un appel : « Rejoignez-nous, en esprit ou avec un soutien direct. Soyez amis de la liberté le plus possible à nos côtés. Ensemble, nous écrirons une nouvelle page de l’histoire de l’Afghanistan. Ce sera un nouveau chapitre dans la résistance éternelle des opprimés contre la tyrannie ».

L’afflux de l’armée régulière et des anciens dirigeants

De nombreuses troupes de l’armée régulière se sont rendues aux talibans et certains représentants des anciennes autorités, dont le premier vice-président, Amroullah Saleh, ont également afflué au Panshir. « Jamais, jamais et en aucune circonstance je ne m’inclinerai devant les terroristes talibans », était le dernier message de Saleh avant de partir pour la vallée, « Je ne trahirai jamais mon âme et l’héritage de mon héros Ahmad Shah Massoud, le commandant, le légende et le guide. Je ne serai jamais sous le même toit avec les talibans. Jamais ». Abdoul Rahman a confirmé la présence des forces de sécurité de l’ancien gouvernement afghan mais a souligné qu’à l’heure actuelle la sécurité de la province est garantie à « 95 % » par les milices locales.

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